Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Angers-OM, MHSC-Bordeaux... "Un climat global inquiétant" : pourquoi les violences entre supporters se multiplient

Vincent Bregevin

Mis à jour 24/09/2021 à 09:12 GMT+2

LIGUE 1 - Les incidents entre supporters se multiplient depuis le début de la saison. Une situation qui a malheureusement empiré mercredi avec des confrontations entre des ultras d'Angers et de l'OM et le caillassage d'un bus de fans de Bordeaux en marge du match à Montpellier. Le contexte actuel explique en partie un phénomène qui nécessite le réapprentissage d'un processus de sécurité.

Des supporters de l'Olympique de Marseille tentent de rentrer sur la pelouse du Stade Raymond-Kopa d'Angers après la rencontre entre le SCO et l'OM en Ligue 1, le 22 septembre 2021

Crédit: Getty Images

C'est le paradoxe de ce début de saison. Sur le terrain, la Ligue 1 va plutôt bien. Mais en dehors, on n'est pas loin du chaos. Les incidents entre supporters n'en finissent plus de se multiplier. Le match entre Montpellier et Marseille avait été interrompu pour des jets de projectiles. Un phénomène qui a également été à l'origine de l'arrêt de la rencontre entre Nice et l'OM. Le derby Lens-Lille a été le théâtre d'un envahissement de terrain. Mercredi, cette escalade de violences s'est poursuivie à Angers, où les ultras du SCO et de l'OM se sont confrontés sur la pelouse. Et en marge du match entre Bordeaux et Montpellier, avec le caillassage d'un bus de supporters girondins.
Le phénomène a de quoi inquiéter. Ou plutôt, les phénomènes. "C'est important de les distinguer, explique le sociologue Nicolas Hourcade, membre de Sports et Citoyenneté. Des jets de projectiles, ce n'est pas la même chose qu'un envahissement de terrain ou une bagarre sur une sortie d'autoroute. Ce ne sont pas toujours les mêmes causes. Mais le climat global est inquiétant. Parce qu'on peine à savoir si ce phénomène est plutôt conjoncturel ou structurel."

"Une excitation qui entraîne des débordements"

Le contexte rend cette distinction particulièrement délicate. Les conséquences de la crise sanitaire, qui a laissé le public en dehors des tribunes pendant près d'un an et demi, peuvent en partie expliquer la situation. "C'est le phénomène conjoncturel, détaille Nicolas Hourcade. Il est lié au retour des supporters dans les stades avec une excitation qui entraîne des débordements. Il y avait une frustration chez les supporters qui ne se sont pas confrontés depuis un an et demi."
picture

Des incidents entre joueurs et supporters lors de Nice-OM

Crédit: Getty Images

Il ne faut cependant pas voir le retour du public dans les stades depuis la fin du confinement comme l'unique explication possible à la multiplication de ces débordements. "Il y a peut-être un phénomène structurel avec la radicalisation d'une frange de supporters, avance Nicolas Hourcade. Mais il est encore trop tôt pour le savoir. Tout ce que l'on peut constater, c'est que la fin du huis clos n'a pas des conséquences exclusivement en France. Il y a aussi eu des incidents en Angleterre et en Allemagne. Mais cette situation doit nous préoccuper."

Un processus à réapprendre

La question de la sécurité est au centre du débat. Et le danger peut venir de partout. Les incidents survenus à Angers, pas vraiment réputée pour être une zone sensible entre supporters, illustrent la complexité du problème. "La configuration n'était pas idéale avec un stade en travaux, note Nicolas Hourcade. Le secteur des supporters visiteurs était situé juste à côté de celui des fans locaux les plus actifs. Cette proximité favorise les tensions. Et certains clubs drainent des supporters nombreux et virulents. C'est le cas de Marseille."
picture

Le match Angers-OM a été marqué par des incidents entre supporters.

Crédit: Getty Images

C'est une autre conséquence du confinement. Il n'est pas seulement l'une des causes de l'excitation des supporters avec les retours dans les tribunes après un an et demi d'abstinence. Les stades n'ont pas servi durant cette période et cela se ressent dans une remise en place pas toujours optimale des dispositifs de sécurité. "Il y a eu un fort turn-over chez les stadiers, explique Nicolas Hourcade. Ce phénomène a été renforcé par la pandémie. Il y a des choses à réapprendre."

La nécessité d'une responsabilisation globale

Un processus de réapprentissage à prendre au sens large. Et qui peut passer par des sanctions. Pour les supporters à l'origine des débordements, mais pas seulement. "Il y a une nécessité d'être capable de cibler les sanctions sur les supporters violents, d'identifier ceux qui créent les incidents, poursuit Nicolas Hourcade. On a le matériel vidéo pour le faire. Par ailleurs, l'organisation doit être bien rodée. Et quand elle est déficiente, c’est normal que le club concerné soit sanctionné. Nice a reconnu ses torts et a mis en place des solutions. Il faut être proactif. Et être capable de voir localement comment on peut limiter les risques."
Cibler les matches à risques, c'est la clé pour éviter les sanctions les plus radicales comme les interdictions de déplacements de supporters ou le huis clos. "Il ne faut pas être dogmatique, prévient Nicolas Hourcade. Tout dépend des situations, la plupart des déplacements se passent bien. Ce serait injuste d’interdire de déplacement les supporters qui ne posent pas de problème. Cette mesure doit être réservée aux matches à risques. Mon espoir, c'est que la succession des incidents amène une prise de conscience et une responsabilisation. Que les supporters se rendent compte que cela les discrédite, que les clubs essaient d'organiser au mieux les matches et que les pouvoirs publics assurent la sécurité autour des stades." Un retour à la normale est possible. Si chacun y met du sien…
picture

Les supporters de Nice face à l'OM

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité