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Le PSG champion de France : Le titre du grand écart, le sacre du grand bazar

Cyril Morin

Mis à jour 24/04/2022 à 14:09 GMT+2

LIGUE 1 - Sacré ce samedi pour la dixième fois de son histoire, record de l'ASSE égalé, le PSG a pourtant vécu une saison ennuyeuse et peu enthousiasmante. Malgré un mercato 2021 historique et alléchant, la troupe de Mauricio Pochettino n'a jamais su satisfaire les attentes placées en elle. Ce sacre en Ligue 1 s'efface forcément derrière le désastre en C1. De quoi en faire le pire de l'ère QSI.

Neymar

Crédit: Getty Images

Les étoiles laissent des poussières. Les étoiles rendent nostalgiques. Ce PSG ne déroge pas à la règle. La constellation parisienne, qu'on espérait scintillante, n'a que rarement éclairé la L1 de sa lumière. Ce samedi, c'est un titre historique que les Parisiens sont allés décrocher, un dixième, pour égaler l'ASSE dans la galaxie L1. Cette étoile ressemble pourtant à un astre mort. Car, à Paris, de cette saison, il ne restera que des poussières et des sentiments amers. Et cette impression que, même ici, c'était mieux avant.
Ce dixième titre incarne sans doute pourtant le mieux le projet parisien, initié par QSI voilà onze ans. A l'été, "rêver plus grand" n'aurait pas suffi pour résumer un mercato historique sous bien des aspects. Un Ballon d'Or en Ligue 1, l'un des meilleurs défenseurs de l'histoire dans ses cartons, le successeur de Gianluigi Buffon en Italie, l'un des latéraux en vogue au niveau mondial et un international néerlandais censé partager la recette secrète de Jürgen Klopp : Lionel Messi, Sergio Ramos, Gianluigi Donnarumma, Achraf Hakimi et Georginio Wijnaldum sont venus compléter un effectif impressionnant sur le papier. L'ont-ils pour autant nettement amélioré ?
Le drame de ce PSG se trouve dans cette question : on ne peut y répondre que sous le prisme de la Ligue des champions, rendez-vous autour duquel toute la saison est jugée. Au risque de déplaire à Marquinhos, ce qu'ont fait les Parisiens avant le 16 février et après le 9 mars ne compte plus vraiment. L'énième désastre européen l'emporte sur tout le reste, tant le projet qatari se polarise autour de ce printemps qui se dérobe, année après année.
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L'échec de la MNM

Le titre acquis ce samedi est celui du grand écart. On nous promettait une équipe digne de FIFA, des buts Playstation et un Parc des Princes gâté toute l'année par les arabesques de ses artistes. On a passé la première moitié de la saison à attendre. La deuxième à se désespérer. Le fonds de jeu parisien fut l'un des plus ennuyeux des dernières années et, au sein d'une Ligue 1 enfin excitante de ce point de vue-là, le PSG n'aura jamais donné le bon exemple.
Le symbole le plus ultime restera sans aucun doute cette MNM qui devait devenir le meilleur trio de l'histoire, effaçant des tablettes la MSN barcelonaise. Mais le Neymar du Barça et a fortiori le Messi du Barça n'ont rien à voir avec ceux qui ont traîné leur peine sur la pelouse du Parc des Princes cette saison. Au temps de leur splendeur, Luis, Leo et Ney dépassaient les 100 buts marqués à eux trois dès le mois de mars. Fin avril 2022, Kylian, Leo et Ney n'ont pas encore atteint la barre des 60, dont plus de la moitié appartiennent au seul Mbappé.
Du trio, on ne retiendra qu'un homme. Ce titre si désespérant dans le contenu est nuancé par le seul à avoir amené de l'électricité dans une animation amorphe et des joueurs en chute vertigineuse de confiance. On ne sait pas encore si Mbappé a disputé sa dernière saison sous la tunique parisienne mais sa lumière personnelle, omnipotente, aura permis au PSG de trouver le chemin vers le sacre. Il pourra s'en aller avec le sentiment du travail accompli. Mais aussi avec un léger sentiment de gâchis : qu'aurait donné ce trio si alléchant s'il avait su se hisser au niveau du génie français ?
Kylian Mbappé, Lionel Messi et Neymar, déçus face à Manchester City

Pochettino, victime et coupable

Personne n'en saura jamais rien. Même pas l'homme censé - le mot est ici d'importance - diriger les opérations. Dans l'affaire, Mauricio Pochettino n'aura pas fait grand-chose pour arranger les choses. Sans doute victime, comme d'autres avant lui, de choix qu'il n'avait pas complètement validés, pris au piège de cet effectif de prestige qu'il faut savoir ménager sans trop le brusquer, l'Argentin n'aura jamais semblé en mesure d'influer sur le destin de son équipe. Jamais la patte Pochettino, si séduisante à Tottenham, n'aura pris au PSG. Là aussi, le grand écart est immense.
Pour ne rien arranger à l'affaire, sa communication aura désorienté. Des réponses fades en conférence de presse, une méthode Coué au moment d'avouer des difficultés, un optimisme béat, sans doute dicté par les évènements et cette sensation désagréable qu'on n'aura jamais trop su le comprendre ou le cerner. "Il nous faudrait des heures pour parler de tactique", a sûrement été l'une des phrases les plus entendues au cœur de l'hiver au moment d'entendre sa façon de voir les choses sur le PSG. On aurait aimé avoir quelques minutes, malgré tout. Surtout venant de lui.
A devoir ménager la chèvre et le choux, Pochettino s'est perdu. Son choix d'alternance des gardiens, qu'il dit ne plus vouloir reproduire la saison prochaine s'il reste en poste, s'est retourné contre lui -et sa direction sportive-, au moment le plus symbolique. Navas mécontent et Donnarumma en perte de confiance : personne ne sort gagnant d'une telle affaire. Sa gestion des jeunes, et le traitement de faveur réservé à des internationaux qui n'ont plus rien à donner au club, a fini de creuser le fossé avec les supporters.
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Un Parc qui boycotte et une direction qui déserte

Car, à force de souffrir, ils ont décidé de réagir. Ce samedi, pour un titre historique pour le club et le football français, le Collectif Ultra Paris a décidé de célébrer devant le stade et non pas à l'intérieur. La rupture entre les Ultras parisiens et la direction est réelle et touche à ce que le PSG se doit de retrouver : l'identité. Imaginer que Paris puisse être sacré sans que le président ne soit là pour voir cela dit aussi quelque chose du poids accordé à ce trophée.
Alors, cet été encore, vous connaissez le refrain. Paris va faire sa révolution. Au grand écart s'ajoute donc un grand bazar. Un nouveau coach, sans doute. Un nouveau directeur sportif, possible (et souhaitable à la vue du bilan dressé ici). Un nouveau président ? Comme souvent, c'est dans l'opacité de Doha que tout se jouera. Il paraît que le ciel qatari est exceptionnel de beauté. Mais à force d'observer les étoiles, on finit par être aveuglé.
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