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Ligue 1 - Avant PSG-OL : Lionel Messi - Jérôme Boateng, vraie humiliation, fausse domination

Cyril Morin

Mis à jour 19/09/2021 à 10:03 GMT+2

LIGUE 1 - Ce dimanche, Lionel Messi et Jérôme Boateng se retrouvent plus de six ans après l'une des actions les plus marquantes de la décennie. Le 6 mai 2015, le génie argentin se jouait du solide Allemand pour mettre le Barça sur la voie de la finale de C1. Un dribble de légende qui aura marqué la carrière des deux hommes. Sans forcément effacer un bilan global bien plus équilibré.

Le dribble mythique de Messi sur Boateng le 6 mai 2015

Crédit: Getty Images

"Golazoooooooooo. Je m’en vais car il n’y a plus rien à voir ! Mesdames et messieurs, éteignez tout. Éteignez la radio, éteignez la télé. Ce soir, il n’y a plus de football. Car, jamais, JAMAIS, on ne verra quelque chose de mieux. Ce que vient de faire Messi, ce n’est pas du football, ce n’est pas du sport. C’est de la magie". Les émotions, c’est toujours mieux en version originale. Commentateur phare d'ESPN, Jorge Ramos, aka "le narrateur des Amériques", en a vu d'autres dans sa carrière. Mais s'il ne devait retenir qu'un seul moment de sa longue odyssée professionnelle, ce serait sans doute celui-ci : le dribble de Lionel Messi face à Jérôme Boateng.
Le 6 mai 2015, présent au Camp Nou pour le duel aller entre le Barça et le Bayern Munich en demi-finale de Ligue des champions, l'Uruguayen ne peut que succomber à l'irrésistible. Un moment suspendu, plein de grâce, un chef d’œuvre inscrit d’emblée au patrimoine mondial du football et dans la mémoire de tous les passionnés. Un geste aussi décisif que sublime, arrivant comme la cerise d’un gâteau déjà appétissant.
Avant ce duel fratricide et les retrouvailles de Pep Guardiola avec le Camp Nou, le coach catalan avait prévenu : "C’est impossible de le stopper, on ne peut pas contrôler Messi". Pendant 77 minutes d’une manche aller sublime et indécise, ses joueurs l’ont fait mentir. En place, compacts, disciplinés et sauvés par Neuer pour résister aux assauts de la MSN, les Bavarois font presque le match parfait. Presque. A la 77e minute, Messi – qui d'autre ? – hérite du cuir à l’entrée de la surface et arme une frappe piégeuse qui vient lécher le poteau pour offrir l’ouverture du score aux Catalans. Mais le meilleur est encore à venir.

Hésitation fatale

80e minute : Rakitic réalise une merveille de passe de l’extérieur pour trouver Messi aux 20 mètres. Face à lui, le golgoth Boateng se retrouve en situation délicate. "Au moment où je me rapproche de lui, je ne pense alors qu’à l’effacer pour m’ouvrir le chemin du but, comme dans n’importe quel match dans lequel je reçois le ballon dans ces conditions, avec un adversaire en face", expliquera l’Argentin des années après.
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Le dribble mythique de Lionel Messi face à Jérôme Boateng le 6 mai 2015

Crédit: Getty Images

L’Allemand, lui, sait qu’il est en danger. Parce que c’est Messi et parce que c’est lui. "Neymar et Messi ont des appuis si bas qu’ils peuvent changer de direction à tout moment, ce qui rend la chose compliquée pour des défenseurs comme moi, qui sommes plutôt grands, détaillera-t-il en 2016 pour The Players Tribune. Donc je dois analyser la situation tactique très vite. Suis-je couvert avec un défenseur dans mon dos ? Si oui, je peux me risquer à un duel ou un tacle. Sinon, je ne peux pas me le permettre. Je dois faire tout ce que je peux pour ralentir l’action en usant de mon positionnement et espérer que je sauve suffisamment de temps pour que mes coéquipiers puissent revenir".
La magie de cette action tient probablement dans cette analyse préalable. Car au fond, Boateng n’arrive pas à choisir. Ou plutôt, Messi ne lui laisse pas le temps de le faire. S’enclenche alors un tango éternel entre les deux, un enchaînement droite-gauche d’une vitesse supersonique qui perturbe complètement le plan allemand. "J’ai réfléchi en une seconde, expliquera l’Argentin après coup. J’ai choisi d’aller à droite car j’ai pensé que Boateng allait s’attendre à ce que je sorte à l’intérieur, pour frapper de mon bon pied".
La suite : une chute burlesque de Boateng qui laisse Messi se présenter seul face à Neuer. Et l’un des premiers memes de l’histoire du football. Plus que le piqué exceptionnel de toucher réalisé par la Pulga pour tromper Neuer, on ne retient de cette action que Boateng et sa chute au ralenti qui dénote avec la fulgurance de l’artiste. "On dirait que le défenseur se fait tirer dessus, commentera Ronaldinho des années après pour RMC, sourire aux lèvres. C’était très beau".
Rafinha, coéquipier de Boateng et titulaire en tant que latéral droit ce soir-là, sera un peu plus prolixe auprès de la chaîne. "La manière dont tombe Boateng… c’était étrange, expliquera le Brésilien avant de décrire la réaction de l’Allemand après coup. Il était triste, il était mal, c’était compliqué. Dans ces moments-là, il vaut mieux ne pas parler parce que le mec n’est pas bien, il est triste. Personne ne va aller lui dire quelque chose. On sait ce qu’il s’est passé mais on n'en parle pas. Même si tu as du caractère, tu plonges après ça. C’est un moment qui reste dans l’histoire, tu ne peux pas faire machine arrière".
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Messi-Boateng, un dribble passé à la postérité

Je me suis foutu de moi
Mais l’époque n’est pas à l’oubli. Au contraire. Boateng fait le tour du monde, au moins sur la toile. Le voilà qui descend d’un toboggan, qui affronte un catcheur ou qui joue au Twister. "Ça fait de la peine quand tu vois un copain vivre un moment aussi gênant, continuera Rafinha. C’est compliqué. Et puis c’est devenu viral, c’est devenu l’action de la Ligue des champions". Même Messi, pourtant aux premières loges, semblait surpris de telles retombées. "C’est uniquement quand j’ai vu les commentaires sur les réseaux sociaux et les vidéos que j’ai compris à quel point on avait bien joué", dira-t-il à Four Four Two.
Et Boateng dans tout ça ? Il parvient à mettre la distance nécessaire pour se protéger. "Honnêtement, ça ne me perturbe pas plus que ça, dira-t-il dès juin 2015. Je me suis foutu de moi. Quand vous tombez ou glissez dans ce genre de situations, c’est une réaction normale. Ces choses-là arrivent, c’est arrivé à moi comme cela a pu arriver à d’autres joueurs. Pour moi, il est simplement le meilleur joueur du monde. C’est le football. Parfois, ça se passe mal, quelque chose d’imprévu arrive. Mais ça ne me tue pas".
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Preuve que Boateng est, presque, passé à autre chose, ses tweets récurrents sur le sujet ont souvent été rafraîchissants. "Honnêtement, j’aurais adoré voir chacun d’entre vous défendre contre Messi", s’était-il marré en mars 2020 dans une session réponse avec des internautes. "Allez, cadeau, voici quelque chose pour vous faire rire en ces temps difficiles, avait-il écrit pour le cinquième anniversaire de l'événement avec une photo de l’action. Je vais aller prendre du pop-corn en attendant… et regarder la finale de Coupe du monde 2014".

Supériorité collective et historique

Forcément, l’arrivée de l’Allemand en L1, et les perspectives de retrouvailles ce dimanche lors de PSG-OL, ont ravivé le souvenir. "Je ne suis pas venu ici parce que Messi joue dans le championnat, avait-il expliqué lors de sa présentation début septembre. J'ai eu de bonnes et de mauvaises expériences contre lui. C'est normal. Qui peut dire qu'il n'a eu que des bonnes expériences contre lui ?".
La mauvaise, on l’a vue. Mais les bonnes sont pourtant bien plus nombreuses. Car Boateng-Messi, c’est aussi le reflet de deux confrontations récurrentes des années passées où l’astre n’a pas si souvent pris la lumière. En match officiel, ces deux-là se sont croisés 7 fois. Pour 6 victoires au robuste défenseur. Mais les chiffres ne disent pas tout du cauchemar vécu par l’Argentin face à l’Allemand.
Car Boateng aura été des déroutes les plus blessantes de la carrière de Messi. D’abord ce quart de finale 2010 de Coupe du monde où l’Allemagne écrasera l’Argentine du Ballon d’Or en titre (4-0). Ce 7-0, ensuite, encaissé en demi-finale de C1 sur l’ensemble des deux matches par le Barça face au Bayern, marquant la fin de l’hégémonie barcelonaise sur l’Europe. Puis, rebelote en 2014, avec cette défaite en finale de Coupe du monde qui reste encore un traumatisme pour le numéro 30 parisien aujourd’hui (1-0). Et, enfin, cette boucherie vécue lors du Final 8 en 2020 avec la correction des Bavarois face à un tout petit Barça (8-2), actant le déclassement net du Barça sur la scène européenne. Vous avez dit humiliation ?
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Lionel Messi et Jérôme Boateng lors de la finale Allemagne - Argentine du Mondial 2014.

Crédit: AFP

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