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Après les incidents à Ajaccio - OL - Tête de lard, chambreur ou vrai gentil, qui est vraiment Vercoutre ?

Martin Mosnier

Mis à jour 03/02/2023 à 18:30 GMT+1

LIGUE 1 – Dimanche dernier, Rémy Vercoutre a provoqué une fin de match chaotique à cause d'un comportement inapproprié. Ce n'est pas la première fois que l'entraîneur des gardiens lyonnais tend les débats. Chambreur, fier défenseur de son club, compétiteur acharné, l'ancienne doublure de Grégory Coupet est-il pour autant un mauvais garçon ?

La double personnalité de Rémy Vercoutre, entraîneur des gardiens de l'OL

Crédit: Quentin Guichard

Sa langue bien pendue lui a encore joué des tours dimanche dernier à Ajaccio. Même le placide et très calme Olivier Pantaloni en a perdu son sang-froid et il a fallu l'intervention d'une petite dizaine de personnes pour que le coach d'Ajaccio n'en vienne pas aux mains avec Rémy Vercoutre. L'entraîneur des gardiens de l'OL est connu pour ses provocations sur le banc et sa faculté à faire sortir de ses gonds l'adversaire. Dimanche, son comportement, et la réaction épidermique de Pantaloni, ont tendu les débats pour une fin de match nauséabonde. Alors, faut-il condamner l'ancienne doublure de Grégory Coupet et homme de base des succès lyonnais dans les années 2000 ?
Ceux qui le connaissent sont pourtant unanimes, Rémy Vercoutre est d'une bonne nature. "Quand j'arrive à Caen, il signe quelques jours avant, rembobine Emmanuel Imorou, ancien défenseur de Caen. En tant que joueur 'moyen plus' de L2, ça restait pour moi un personnage important. J'appréhendais de le rencontrer parce que je n'avais que son image extérieure : celle du mec qui a tendance à gueuler et à s'emporter. Mais ce fut une trop bonne surprise." Même son de cloche chez son entraîneur de l'époque, Patrice Garande : "Rémy est adorable, calme, posé et très intelligent. C'est une crème."
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Rémy Vercoutre (Caen)

Crédit: Getty Images

Adoubé par Gattuso

Rien que ça. Mais Garande continue : "Je l'ai eu comme adversaire quand il était à Lyon, se rappelle l'ancien coach de Caen. Quand il est sur le banc, dans un staff ou en doublure : il défend ses couleurs et il parle tout le temps." Quand l'ambiance se tend, Vercoutre lui-même reconnaît qu'il devient un autre homme. "Mon défi (ndlr : quand il était doublure à l'OL), c'était de faire péter les plombs au défenseur latéral près de mon banc de touche, avouait-il dans les colonnes de L'Equipe en 2020. Une fois, c'était contre le grand Milan. À la fin du match, (Gennaro) Gattuso est venu me voir, m'a serré dans ses bras et m'a dit, super sympa : ''J'aime bien ce que tu as fait mais t'arriveras pas à me faire péter les plombs !'' Et le mec m'a donné son maillot." Adoubé par le maître en la matière, Vercoutre est devenu une référence dans le genre. Pour les adversaires donc mais pas seulement.
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Vercoutre hors de lui lors de Caen - Nice

Crédit: Getty Images

Imorou toujours : "Il divisait à Caen parce qu'il pouvait avoir des mots durs à l'entraînement. Pourtant, pour moi, ce sont des choses essentielles quand on joue au haut niveau. Quand on est plus jeune, ça peut être dur de s'y faire. A l'entraînement, si on lui mettait un piqué, il faisait une réflexion et essayait de faire mal le coup d'après. Disons qu'il prend les choses à cœur, il chambrait mais jamais gratuitement. Il pouvait s'embrouiller avec l'attaquant à l'entraînement et faisait le bruit d'un pigeon quand la frappe partait dans les nuages."
Je lui en avais un peu voulu parce que c'était allé un peu loin
Et parfois, comme dimanche dernier, Vercoutre se laisse emporter par son double maléfique. En Normandie, tout le monde se souvient de ce Caen – OL en mai 2015. Ce jour-là, après un arrêt sur un ballon piqué de son pote Clément Grenier, le gardien normand va hurler sur le meneur lyonnais. "Il avait eu des mots qui ont dépassé ses pensées, nous confie aujourd'hui Clément Grenier. Je lui en avais un peu voulu parce que c'était allé un peu loin. Il s'en était aussi voulu et m'avait expliqué le pourquoi du comment. Ce n'était pas contre moi mais à cause d'une pression du résultat qu'il fallait évacuer. Il était pris par sa passion, son émotion et son travail."
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Rémy Vercoutre chambreur lors de Caen - Lyon en mai 2015

Crédit: Getty Images

"Le soir même, Rémy me dit : 'J'ai merdé, j'ai abusé", se souvient Imorou. Entier, passionné, intense, compétiteur jusqu'au bout des ongles, voilà la vraie nature d'un Vercoutre essentiel pour un groupe. "C'est sûr que c'est mieux de l'avoir avec soi que contre soi, continue Grenier qui l'a côtoyé pendant cinq ans à Lyon. Lorsqu'on est en face, ça peut vous faire perdre les pédales. Il a été un guide pour nous. J'estime que c'était une chance de l'avoir à mes côtés car il était dans la motivation et avait toujours envie de gagner."
S'il avait été là en 2019, Caen ne serait pas descendu
Imorou va plus loin : "S'il avait été là en 2019, Caen ne serait pas descendu. Il apporte un truc en plus." Tel est Vercoutre, terriblement casse-pied pour les adversaires mais essentiel pour les siens. A la fois casse-pied et fondamental. Dans la droite lignée d'un Joël Bats tout aussi volcanique sur le banc de l'OL lorsqu'il fallait défendre les siens. A l'heure où l'OL manque de personnalité et de caractère, Vercoutre est le garant d'un certain esprit gone. Il doit juste maîtriser ses nerfs. Mais en est-il seulement capable ?
(Avec Clément Lemaître)
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