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L'élimination de l'OM en Ligue des champions, c'est aussi l'échec de Pablo Longoria

Cyril Morin

Mis à jour 04/11/2022 à 17:14 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - Éliminé de toutes compétitions européennes mardi au terme d'un final absolument dingue, l'OM retrouve les joies de la Ligue 1 dimanche face à l'OL (21h). Un choc qui pourrait peser très lourd dans l'avenir du club phocéen et de son président, Pablo Longoria. Parce qu'au fond, le cauchemar de mardi est aussi de sa responsabilité.

Tudor est-il en danger ? "Si même ses cadres le lâchent..."

"Il y a eu un manque de communication, un manque d'expérience sur cette fin de match" : Mattéo Guendouzi a tout résumé mardi en zone mixte. Une phrase qui évoque évidemment ce temps additionnel fatal, où Igor Tudor a préféré ne pas prévenir ses joueurs de leur condition de qualifiés pour la Ligue Europa. Résultat : un pion en contre des Spurs et un cauchemar pour Marseille.
La déception sportive est à la hauteur du manque à gagner économique : en ratant le cap des 8es de finale de C1, l'OM est passé à côté d'une belle enveloppe de 17 millions d'euros qui faisait saliver Frank McCourt, toujours aussi ferme dans sa volonté de récupérer ses millions envolés. Si Igor Tudor est en première ligne comme coupable désigné, c'est bien le président de l'OM qui va devoir rendre des comptes au propriétaire américain en fin de saison. Alors, pour lui aussi, le choc face à l'OL dimanche peut marquer un tournant.
Aurait-on tenu le même discours si Sead Kolasinac avait poussé le ballon au fond ? Sans doute pas. Reste que les manques de l'effectif marseillais sont perceptibles de tous depuis plusieurs semaines et que la fin de match face aux Spurs a un peu plus souligné cet état de fait. Marseille manque d'un avant-centre. La gestion de ce secteur de jeu est entièrement à l'initiative du président espagnol.
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Le manque de profondeur en attaque, c'est de son fait

Longoria avait décidé de refaire de fond en comble une attaque qui l'avait pourtant aidé à accrocher la C1 la saison passée. Dans son esprit, il fallait davantage de joueurs de niveau international et sa joie à l'heure de présenter Alexis Sanchez répondait à une direction qu'il entendait donner à son équipe. Mais tout a foutu le camp fin août, à l'heure où il a privilégié la calculette à l'ambition sportive, sans doute poussé dans ses retranchements après un nouveau mercato trop léger en ventes sèches (15 millions au total, NDLR).
Le 26, Arkadiusz Milik a été refourgué à la Juve dans l'espoir de récupérer quelques millions. Son profil de buteur pur, pourtant, aurait pu résoudre une partie des soucis offensifs de l'OM, notamment son manque de présence dans la surface. Plus important qu'il n'y paraît dans la conquête de la deuxième place la saison passée, Cédric Bakambu a été envoyé vers l'Olympiakos pour alléger la masse salariale. Pour compenser, seul Luis Suarez est arrivé. Trop léger et pas adapté au plus haut niveau. Loué par sa capacité à dégoter des bons coups, l'Espagnol s'est loupé, au moins dans le profil, sur celui-ci…
Mais le cas le plus symbolique reste peut-être celui de Bamba Dieng. De tous les attaquants présents dans l'effectif marseillais, il semble être celui qui coche le plus de cases réclamées par le jeu de Tudor, surtout s'il est soutenu par Alexis Sanchez ou Dimitri Payet. Mais pour des questions de contrats, d'agents et d'argent, le Sénégalais a été mis à la marge du groupe pendant de longues semaines, pour forcer son départ. Échec sur toute la ligne avec cette visite médicale ratée avec l'OGC Nice. La vision Football Manager du président marseillais se heurte parfois à la réalité.
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Bamba Dieng et Mattéo Guendouzi célèbrent le but du Sénégalais (OM Marseille - Strasbourg)

Crédit: Getty Images

Tudor seul au front, Gerson et Payet à la cave

Sur le choix de son entraîneur aussi. En oubliant sans doute un peu vite l'écosystème olympien, Longoria avait fait le choix d'un coach au fort caractère, solide dans ses convictions mais parfois trop rigide dans son appréhension d'un vestiaire. Au plus fort de la tempête, avant le début de saison, Longoria était venu défendre son choix, estimant que le style de jeu prôné par le Croate demandait un temps d'adaptation. La suite lui a donné raison. Mais si Longoria a choisi Tudor pour succéder à Sampaoli, c'est aussi parce qu'il savait qu'il aurait les mains libres à l'heure de constituer son effectif, sa partie du job préféré.
Résultat : le coach n'est pas spécialement aligné avec la construction de l'effectif marseillais et deux victimes sont à dénombrer : Dimitri Payet mais surtout Gerson. Le cas du Brésilien est symbolique de cette désynchronisation sportive due au système Longoria. Et continue d'interroger tant le talent des deux hommes reste sous-exploité cette saison. D'ailleurs, hormis les 7,5 millions dépensés pour Clauss, tout l'argent investi cet été par l'OM sur des joueurs nouveaux (hors options d'achat) tarde à être fructifié : Veretout décevenant (11M), Luis Suarez insuffisant (10M), Isaak Touré invisible (5,5M). Ajoutez-y Gerson (20M) et ce sont près de 50M qui n'ont pas le rendement sportif espéré. Compliqué pour un club dans la situation financière de l'OM.
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Gerson, à qui la faute ? "On arrive aux limites du système Longoria"

Il joue aussi son avenir

En coulisses, ses choix politiques ont fait grincer des dents au moment de faire le ménage dans l'équipe dirigeante, comme l'avait révélé L'Equipe en octobre dernier. Mais Longoria joue aussi son avenir au niveau européen. Ayant profité d'une crise institutionnelle profonde pour prendre la présidence de l'OM, Longoria, 36 ans, sait que son aventure à Marseille aura des grandes conséquences pour la suite de sa carrière.
Hasard du calendrier, c'est auprès de Marca que l'Espagnol imaginait son futur jeudi (probablement dans une interview réalisée avant la déconvenue européenne de l'OM, NDLR). "Quand j'ai commencé comme scout, mon objectif était d'être le meilleur d'Espagne, d'être responsable des scouts, puis le meilleur directeur sportif [...]. Mais qu'y a-t-il de plus extraordinaire que d'être président ? Je ne sais pas ? Qu'est-ce qui pourrait me motiver davantage que d'être président de ce club ?", s'interrogeait-il.
L'Espagnol a beau jouer la carte de l'attachement au club phocéen dans ce même entretien, il sait que son profil est l'un des plus recherchés ces dernières années sur le marché. Luis Campos n'a jamais été l'homme d'un club et l'exemple de Florent Ghisolfi, à l'échelle française, montre que l'attrait des clubs pour des dénicheurs de talents continue de grandir. Dans ce registre, Longoria reste un maître. Mais un échec en L1 couplé à celui de la C1 entacherait forcément une carte de visite jusqu'ici immaculée.
Pablo Longoria, président de l'Olympique de Marseille - 1er mai 2022
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