Ligue 1 - PSG - La pire équipe d'Europe sur les duels aériens : Paris a-t-il abandonné les airs ?

Certaines des statistiques envoyées avant chaque journée de Ligue 1 par Opta, référence en la matière, vous marquent plus que d'autres. Celle-ci en fait partie. Découvrir que le PSG est le moins bon élève du championnat sur une donnée statistique est intriguant. Qu'il est tout en bas d'un classement parmi les cinq grands championnats européens ? Plus que surprenant.

Et pourtant. Il faut presque l'écrire dans l'autre sens pour le réaliser : les 97 autres équipes des cinq grands championnats européens ont remporté plus de duels aériens que le PSG cette saison. Cela nous rappelle que Paris a été, en particulier en début de saison, en particulier en Ligue des champions, mis en difficulté de manière presque caricaturale sur les centres et coups de pied arrêtés adverses.

Cela nous incite, surtout, à creuser la chose. Thibaut Brossard, fondateur du compte Twitter Paris Stats Germain et du site internet du même nom, nous aiguille sur une première piste. "Il y a beaucoup moins de jeu long aujourd'hui au PSG, via le gardien ou sur des transversales. Il y a moins de dégagements directs du gardien, c'est decrescendo. Depuis, en gros, Unai Emery, le jeu long est très bas. Le PSG est l'équipe d'Europe qui a le nombre de passes longues le plus faible".

Voilà donc le premier axe. Quand il relance ou qu'il attaque, le PSG limite au maximum le jeu long et a fortiori aérien. Pas vraiment une surprise au regard des profils dont dispose actuellement le champion de France. Le jeu de tête est l'un des derniers défauts de Kylian Mbappé, quand Neymar et Lionel Messi n'ont jamais été des références en la matière. Sans parler des Vitinha ou autres Marco Verratti dans l'entrejeu.

Le milieu de terrain italien est d'ailleurs, dans son jeu de passe, l'un des symboles de cette évolution. "L'exemple typique, c'est Verratti. A l'époque d'Ibrahimovic, il jouait entre 8 et 10 ballons long par match. Il est passé à 5", nous explique Thibaut Brossard. Un ballon long n'est évidemment pas toujours synonyme de ballon aérien. Mais la tendance est claire.

La première rupture a eu lieu lors de la deuxième saison d'Unai Emery, pour s'intensifier sur les deux dernières saisons. Logique, après les départs de tours de contrôle comme Ibrahimovic, donc, mais aussi Edinson Cavani, puis la petite mort de Mauro Icardi, lui aussi intéressant dans ce domaine. Aujourd'hui, les principales forces parisiennes se situent dans les combinaisons sur petits espaces et la profondeur offerte par Mbappé. Pas du tout dans les airs.

Voilà sur le plan offensif. Mais qu'en est-il des duels négociés par l'arrière-garde ? Deux angles d'analyse sont possibles. Le premier, nous l'avons évoqué, est de rappeler les difficultés rencontrées notamment sur la première partie de saison. Cela se retrouve dans les chiffres : le meilleur Parisien en nombre moyen de duels aériens gagnés par match en moyenne (1,7) comme en pourcentage (68%) est Nordi Mukiele, qui va boucler sa saison avec 19 matches de Ligue 1, dont seulement 13 comme titulaire.

Parmi les joueurs ayant cumulé le plus de matches, Danilo Pereira affiche des chiffres corrects mais inférieurs (1,3 à 62%), tout comme Sergio Ramos (1,8, 61%). Marquinhos, lui, est plus loin du compte (1,1, 56%). Malheureusement pour Paris, le boss en la matière évolue désormais du côté de Londres. "La référence, c'est Thiago Silva, qui a gagné 73% de ses duels aériens au PSG, devant David Luiz", nous apprend Thibaut Brossard.

L'autre angle est moins quantifiable, et résulte davantage d'une observation : le PSG fait moins peur cette saison. Son milieu de terrain est moins dominant. Là où le trio Thiago Motta, Blaise Matuidi, Marco Verratti incitait la majorité des équipes à allonger pour jouer les seconds ballons, cet exercice a vu plusieurs écuries, même en seconde partie de tableau, repartir de derrière et au sol. Avec, fatalement, une baisse du nombre de duels aériens disputés.

On en revient donc, comme dans le secteur offensif, à un point crucial : pour gagner beaucoup de duels, il faut en disputer beaucoup. Ce n'est pas le cas du PSG qui, avec 12 duels aériens par match en moyenne, en dispute deux fois moins qu'à l'époque d'Ibrahimovic - 24,1 en 2014-2015, par exemple - et est loin d'autres cadors européens qui monopolisent le ballon tels que le Bayern (25), le Barça (22) ou encore Manchester City (21).

Reste alors à regarder la dernière ligne, celle pourcentage de réussite. "C'est atypique depuis deux ans, mais les taux sont plutôt hauts. La baisse du volume n'est pas corrélée à une baisse du pourcentage de duels gagnés", relativise Thibaut Brossard. La formation de Christophe Galtier est même... en première position en Ligue 1 quand on ne s'attarde qu'à cette donnée, avec 55% de duels aériens remportés. L'exact opposé d'un AC Ajaccio référence en nombre de duels aériens disputés (36), mais qui dispose du deuxième pire pourcentage de réussite ex-aequo (47%). Paris en fait peu, mais le fait bien. Cela rappelle d'autres secteurs du jeu.