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Montpellier-Lyon : Comment Laurent Blanc a été façonné par le Montpellier Hérault Sport Club ?

Clément Lemaître

Mis à jour 22/10/2022 à 12:04 GMT+2

LIGUE 1 - Trente-et-un ans après son départ de Montpellier, Laurent Blanc retrouve la Mosson ce samedi après-midi dans le costume de nouvel entraîneur de l'OL. Le meilleur buteur de l'histoire du club héraultais a laissé une trace indélébile au sein d'une institution qui a pris le temps de le façonner. Pour Eurosport, ses ex-entraîneurs et coéquipiers montpelliérains racontent "Le Président".

Laurent Blanc avec Louis Nicollin, l'ex-président de Montpellier, après une victoire face au PSV Eindhoven lors de la Coupe des Coupes 1990-91.

Crédit: Getty Images

En football, tout est possible et Laurent Blanc peut en témoigner. Avant de devenir l'un des meilleurs libéros du monde et de l'histoire du football français, le nouvel entraîneur de l'Olympique Lyonnais a longtemps tenu les clés du jeu offensif de Montpellier, au point même d'en devenir le meilleur buteur de son histoire avec 84 réalisations toutes compétitions confondues (ndlr : entre 1983 et 1991). C'est une autre époque, mais nul doute que le technicien de 56 ans recevra un accueil plus que chaleureux de la part du public de la Mosson samedi après-midi.
Le Cévenol sera toujours un peu comme à la maison à Montpellier, comme il l'a rappelé jeudi en conférence de presse : "Le stade a changé mais c'est là où tout a commencé pour moi. Il y a des gens que j'aime beaucoup et c'est une ville que j'aime. La Mosson est un endroit particulier pour moi."
Car avant de devenir champion du monde ou le défenseur redouté de l'OM, de l'Inter Milan ou de Manchester United, Laurent Blanc a été façonné par le MHSC. Un club qui a pris le temps de laisser grandir celui qu'on appelle aujourd'hui "Le Président". "A l'époque, c'était un garçon timide et l'atmosphère du club l'a beaucoup aidé", souligne Robert Nouzaret, qui a lancé le futur champion d'Europe en Division 2 en septembre 1983. Laurent Blanc avait alors 17 ans.
Pierre Mosca aussi en est persuadé. Montpellier était "le club qu'il lui fallait" pour exprimer tout son potentiel. "Comme beaucoup de Cévenols, il est attaché aux valeurs d'humilité, de famille, de travail, tout en étant têtu (rires). Laurent a pu pétrir dans le moule montpelliérain et s'exprimer au plus haut niveau, nous confie l'ex-entraîneur héraultais de 1987 à 1989. S'il avait été à l'OM ou Monaco dans ses jeunes années, il n'aurait peut-être pas eu cette tranquillité d'esprit. A Montpellier, il était choyé par le président, aimé par le public, ses partenaires et ses coaches."
Originaire de Rousson (Cévènnes), Laurent Blanc retrouve ses parents "chaque semaine" pendant ses premières années en pro. Et à chaque période de vacances estivales, il reste dans le cocon local à Carnon (Hérault), nous révèle Pascal Baills, qui rejoint ses anciens entraîneurs sur l'importance du MHSC dans la trajectoire de son ami. "Malgré les blessures (fracture de la mâchoire, ischios-jambiers, etc...) qui ont pu le freiner en début de carrière, le club a pris le temps avec Laurent en lui maintenant sa confiance.", souligne-t-il.
Il négociait les primes avec le président Nicollin et souvent, il obtenait ce qu'il réclamait
Dès ses plus jeunes années, Laurent Blanc a su se montrer indispensable aux yeux de ses entraîneurs. "Laurent, je n'en garde que des bons souvenirs. Sur le terrain, il avait tellement d'arguments exceptionnels que c'était difficile de ne pas l'apprécier. C'était un bon et un beau joueur, appuie Robert Nouzaret, devenu plus tard directeur sportif de Montpellier. En plus, Laurent était un homme sans problème, vraiment très classe. Il avait toutes les qualités pour réussir dans la vie."
Pouvait-on déceler la fibre du futur entraîneur à l'aube de ses 20 ans ? "Pas encore", répond, en toute franchise Pierre Mosca, qui rappelle que le rôle de leader était tenu à ce moment-là par les anciens Albert Rust, Nenad Stojkovic, Julio Cesar, Roger Milla ou Gérard Bernardet. Que des internationaux (ndlr : français, yougoslave, brésilien et camerounais), hormis Bernardet.
"A ses débuts, il semblait détaché, peinard. Lolo n'était jamais stressé car il maîtrisait tellement techniquement, raconte Pierre Mosca. Mais ça pouvait paraître comme une fausse impression car il n'a jamais triché sur le terrain, où il était malin." "Pierrot parle d'une période particulière où Laurent a été souvent blessé. C'était compliqué pour lui de s'affirmer à ce moment-là", complète Pascal Baills, qui qualifie son ex-coéquipier de "guide dans le placement et le replacement". Car avec les saisons défilant à son jeune compteur et le titre de champion d'Europe Espoirs glané en 1988, Laurent Blanc prend une place incontournable dans l'effectif montpelliérain.
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Blanc, le risque d'être démodé : "La question est de savoir s'il s'est mis à jour"

"C'était le leader naturel d'une équipe qui comptait quand même Michel Der Zakarian, Jacek Ziober ou Carlos Valderrama, se souvient Claude Barrabé, arrivé au MHSC à l'été 1990. Ce n'était pas quelqu'un qui criait sur tous les toits, mais par sa connaissance du jeu, il arrivait à mettre tout le monde d'accord. Puis il organisait des réunions entre joueurs quand ça n'allait pas. Je me souviens à l'époque, il y avait eu une réunion de travail à l'UNFP sur les durées de contrat et il avait réussi à faire monter tous les joueurs de Montpellier à Paris. Malgré son jeune âge, il était écouté."
Et respecté, même au sein des plus hautes instances montpelliéraines. Car Laurent Blanc allait négocier les primes de match en personne avec le président Louis Nicollin. "Souvent, il obtenait ce qu'il réclamait, rappelle Claude Barrabé. Laurent était sûr de lui et savait ce qu'il voulait pour l'équipe. Quand il négociait, ce n'était pas pour les onze sur le terrain mais pour les vingt professionnels. Même s'il peut paraître froid au premier abord, c'est quelqu'un d'ouvert à la discussion. J'aimais son côté humain dans le groupe."

De milieu à libéro

C'est aussi à Montpellier que Laurent Blanc a connu un changement majeur dans sa carrière de joueur. A l'occasion de la saison 1989-90, Aimé Jacquet puis Michel Mézy lui demandent de reculer au poste de libéro. "Au départ, il était réticent, se souvient Pascal Baills. Je pense qu'intérieurement, il en était persuadé aussi, mais il disait que c'était trop tôt car il voulait toucher plus de ballons au milieu."
Sur ce tournant de la carrière de Laurent Blanc, Pierre Mosca nous révèle une nouvelle version. "Je me rappellerai toujours de ce jour où il est venu me voir dans mon bureau pour me dire : 'Coach, j'aimerais jouer libéro'... A ce moment-là, on était troisième de D1 et j'avais la meilleure charnière centrale avec Nenad Stojkovic et Julio Cesar. Je lui avais donc répondu : 'Je retire qui dans ce cas-là ? Non, tu es jeune, tu restes au milieu et tu cavales'. En plus, il avait deux pit bulls à ses côtés : Jean-Claude Lemoult et Gérard Bernardet. Lolo n'avait qu'à conclure les actions et il le faisait très bien d'ailleurs. Je pense qu'il m'avait fait cette proposition-là par souci de confort. Mais quand Aimé Jacquet m'a succédé, il a pris la place avec le départ de Julio César à la Juventus."
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Laurent Blanc a remporté la Coupe de France 1990 avec Montpellier.

Crédit: Getty Images

Laurent Blanc exploitait-il la quintessence de son immense potentiel derrière ? Il n'y a pas de débat à écouter ses anciens coéquipiers montpelliérains. "C'est logique qu'il ait reculé d'un cran car ça lui permettait de mieux voir le jeu, note l'ex-gardien Claude Barrabé. Quand je l'avais devant moi, c'était plus facile. A chaque fois, il sentait les coups et coupait les trajectoires des ballons adverses. Mais ça restait aussi un joueur adroit devant le but car il analysait vite le jeu. Après les séances d'entraînement, on faisait des séries de tirs au but et il me disait : 'je vais faire 10/10". Et souvent, il remportait le duel."
Même en qualité de défenseur, Laurent Blanc a continué de gonfler ses statistiques offensives avant son départ à Naples en 1991. Trente-et-un an plus tard, "Le Président" revient à la Mosson pour glaner les trois points. Avec Franck Passi comme adjoint. Un ancien de la Paillade, évidemment.
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