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Stade de Reims : Le parcours rêvé de Will Still, encore invaincu en L1 et amoureux de Football Manager

Cyril Morin

Mis à jour 01/02/2023 à 18:01 GMT+1

LIGUE 1 - Invaincu avec le Stade de Reims depuis son intronisation en octobre dernier, Will Still a encore prouvé face au PSG qu'il était différent (1-1). A 30 ans, le plus jeune entraîneur du Top 5 européen est un ovni, arrivé de nulle part par la force de ses idées. Un parcours débuté par Football Manager mais dont la fin reste à écrire. Pour l'heure, l'histoire ressemble à un conte de fées.

Will Still, coach de Reims, au Parc des Princes

Crédit: Getty Images

On n'est pas sûr d'avoir déjà vu Yunis Abdelhamid sprinter aussi vite. A 35 ans, le taulier du Stade de Reims en a vu passer des coaches, en a vécu d'autres des bonheurs immenses. Mais, ce dimanche, au Parc des Princes, c'est animé d'une fierté presque inédite et d'une envie de communier démonstrative qu'il s'est rué en direction du banc pour célébrer l'égalisation de Falorin Balogun dans le temps additionnel face au PSG (1-1). Sa course de dératé n'avait qu'une ambition : partager ce moment avec Will Still, 30 ans, lui aussi très démonstratif à l'heure de conserver cette série de douze matches sans défaite depuis son arrivée sur le banc rémois (6 victoires, 6 nuls).
30 ans. Il a beau détester qu'on lui parle de son âge, c'est évidemment la première notion à mettre en avant, simplement parce qu'il est unique en son genre : c'est le plus jeune entraîneur du Top 5 européen. C'est aussi un avantage dans cette équipe rémoise, plus jeune onze de L1 en moyenne. Connecté à son groupe, auprès duquel son langage offensif et direct fait mouche, l'ancien adjoint d'Oscar Garcia n'a rien changé de sa méthode atypique.
C’est le frérot, il n’y a pas ce petit mur de coach avec lui
"Je ne pense pas qu’il y ait un joueur contre Will ou qui n’aime pas comment il est, expliquait ainsi Alexis Flips au début d'année. Tout le monde l’aime bien, sa façon de diriger l’équipe. Cela montre que c’est un bon coach. C’est le frérot, il n’y a pas ce petit mur de coach avec lui. Avant, c’était l’adjoint, et tu le tutoies et tu rigoles plus avec l’adjoint qu’avec le coach. Il n’a pas changé. Mais, si je ne me trompe pas, il n’aime pas se faire appeler coach ! Donc, c’est compliqué de le vouvoyer".
Cet esprit de corps fut particulièrement visible face au collectif sclérosé de Christophe Galtier dimanche. Après ce nul arraché à la dernière seconde, le coach rémois a débriefé le match sur la pelouse, face à ses joueurs, en face de ses supporters, comme il aime le faire habituellement. Des entraîneurs qui veulent embêter Paris à domicile par le jeu, on en a connu. Ceux qui ont vraiment essayé sont beaucoup plus rares. Des paroles et des actes. "C'est bien de prendre un point à Paris mais si tu ne gagnes pas contre Lorient mercredi, ça ne sert pas à grand-chose", souriait-il au micro de Prime Video au moment d'évoquer cette causerie, encore axée sur la performance et sur la nécessité de résultats.
Jusqu'à présent, il a tout bon. Le Stade de Reims d'Oscar Garcia était joueur mais pas suffisamment tueur. Quand les dirigeants rémois ont décidé de se séparer de l'Espagnol – avec un manque de classe certain -, Reims était 15e et Still ne devait prendre l'intérim que jusqu'à la Coupe du monde. A l'époque, Stéphane Dumont (EA Guingamp) était la piste prioritaire. Les dirigeants champenois ont vite changé d'avis, quitte à payer 25 000 euros par match passé sur le banc car il n'a pas encore la licence pro UEFA, sésame requis habituellement pour officier sur un banc de ce niveau.
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Will Still, coach de Reims

Crédit: Getty Images

Entraînements stimulants

Alors, Still a raison. "La vie est folle, parfois", philosophait-il dans une longue lettre revenant sur son parcours atypique publiée par Coaches' Voice, en partenariat avec… Football Manager. Pas anodin tant l'Anglo-Belge à l'accent marqué dans les deux langues doit tant au jeu de simulation, pionnier dans sa vision à 360° du rôle de coach.
"Je n'aurais jamais pensé que Football Manager aurait une influence sur ma carrière dans la vraie vie mais, en y pensant maintenant, c'est évident que si, avoue-t-il. Comme gamin, je suis me suis imprégné de ce jeu, il a sans doute fait naître la flamme en moi qui continue de brûler sur le banc. Vraiment, j'étais obsédé par ce jeu plus jeune. On y jouait de manière frénétique avec mon frère sur l'ordinateur familial. […] Il n'y avait rien de meilleur. Et, finalement, j'étais là à faire ça dans la vraie vie. Je me souviens que quand j'étais à Saint-Trond (son premier poste officiel dans un club pro, comme analyste vidéo – NDLR), je jouais le titre en même temps avec eux sur Football Manager".
Ancien numéro 10 qui s'est arrêté aux portes du monde pro pour aller se former en Angleterre sur le métier de coach, féru de tactique, fan de Sir Alex Ferguson, il a un temps animé une émission avec son frère sur la RTBF. De son propre aveu, cela lui a permis de mieux faire passer ses messages et de rendre accessible ses idées. Elles sont nombreuses et variées, comme l'expliquent tous ceux qui ont croisé son chemin, de Yannick Ferrera qui l'a lancé à Saint-Trond à Luka Elsner ou Oscar Garcia. Le contenu des séances notamment participe à stimuler un groupe qu'il arrive aussi à recadrer, à l'image de cette séquence aperçue chez nos collègues de Prime Video, avec des mots crus mais finalement assez réalistes quant à l'habitude de ses joueurs de se plaindre de l'arbitrage.
Mes réseaux sociaux, c'était une dinguerie
Bref, en l'état, Will Still vit un rêve éveillé. Son nom résonne déjà au-delà des frontières françaises, en Belgique, bien sûr, mais en Angleterre aussi, devenu le royaume des coaches en vogue. "Je vis ça de façon très normal, s'est-il marré mardi en conférence de presse. Mon téléphone a une surcharge ces derniers jours car j'ai reçu des appels et des messages des quatre coins du monde, c'était un peu fou. [...] Mes réseaux sociaux, c'était une dinguerie. Que ce soit des gens du Sénégal, du Mali, de l'Angleterre, de Premier League. Mais si on perd les deux prochains matches, je serai le plus nul donc je suis bien conscient de la réalité du monde du football. J'ai juste envie de me concentrer sur le jeu."
Il fait bien. Still veut surtout continuer à prouver et à vivre son conte de fées à sa façon. Fan de West Ham, il avoue avoir eu une vraie fascination pour Slaven Bilic. "Comme coach, tu dois garder ta personnalité : quand on était plus jeunes, on allait voir West Ham, notre club de cœur, retraçait-il en 2021. C’était l’équipe de Slaven Bilic, avec Dimitri Payet à l’attaque : Bilic est un mec fascinant, il est grand et charismatique… mais c’est aussi un fou furieux. Mais un coach doit aussi avoir un grain de folie". Fou, innovant et carrément rafraîchissant : Still, c'est la curiosité de l'année. Pourvu que ça dure.
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