Liverpool fonce à Athènes

Liverpool a franchi le mur pour accéder au chemin de l'Olympe. Pleins de ténacité et d'abnégation, les Reds ont une nouvelle fois fait tomber Chelsea avant la dernière marche, comme lors de l'édition 2005 de la Ligue des Champions. Mais, mardi soir, Anfield a dû patienter beaucoup plus de quatre minutes, temps qu'il avait fallu aux siens pour inscrire le but de la victoire il y a deux ans, pour voir la forteresse londonienne craquer. Certes, le bloc défensif des Blues, tel que Jose Mourinho l'a bâti depuis son arrivée, n'aura cédé qu'à une seule reprise dans le jeu, conservant ainsi en permanence une chance de qualification. Mais l'édifice s'est écroulé au fil du temps.

Comme un signe annonciateur que les habits de héros vont changer d'épaules, c'est Agger, décrié, la semaine dernière, à l'issue de la demi-finale aller et son duel difficile avec Drogba, qui se charge de mettre les deux équipes sur un pied d'égalité comptable. Impeccablement servi par Gerrard, le défenseur des Reds efface le souvenir du dribble assassin de l'Ivoirien sur le but de Chelsea à l'aller en plaçant un tir millimétré (1-0, 22e). En écho à la réussite d'Agger, qui inscrit là son premier but en Ligue des Champions, Drogba connait une soirée moins savoureuse. Après s'être procuré une première balle d'égalisation sur un tir excentré (32e), le meilleur buteur de Chelsea en aura deux autres en fin de rencontre. Deux ballons, alors très certainement synonymes de qualification, qui lui échappent pour quelques centimètres (75e, 116e). Le club de Londres restera muet, pour seulement la troisième fois cette saison.

Mais Chelsea ne pourra pas, au soir de cette élimination, se protéger derrière un manque de réussite pour expliquer ce nouvel échec continental. Au contraire. Car mis à part sur un corner où Essien, surpris, n'a pas pu cadrer (40e), le champion d'Angleterre en titre est souvent apparu impuissant aux abords de la zone de vérité. Ce qui n'est pas le cas de son adversaire. Ternes offensivement en première période, où ils ont fait valoir leur réalisme pour marquer, les Reds sont ensuite parvenus à créer le danger plus souvent sur les buts de Cech, auteur d'un sauvetage sur une tête de Crouch (56e) puis suppléé par sa transversale sur celle de Kuyt (59e). Malchanceux, le petit Néerlandais de Liverpool va continuer de l'être durant la prolongation.

Signalé hors-jeu avant un duel avec Cech (98e), le transfuge de Rotterdam se voit refuser un but après un missile de Xabi Alonso mal repoussé par le gardien des Blues (100e), pour une autre position de hors-jeu, encore moins évidente. Moins lucide, Kuyt ne parvient pas à placer une ultime occasion en faveur de Liverpool hors de portée des gants de Cech (119e). Incapables de se départager dans le jeu, les deux clubs anglais laissent donc leur avenir européen se décider avec l'ultime recours, la séance de tirs aux but. Et là, Kuyt ne rate pas la cible. Quatrième tireur des Reds, le Batave profite des arrêts de Reina devant Robben et Geremi pour concrétiser la balle de la qualification. Liverpool atteint sa deuxième finale européenne en trois ans et peut, comme en 2005 face au Milan AC, rendre exceptionnelle une saison domestique mitigée. À Athènes, le 23 mai, et quel que soit le vainqueur de Milan-Manchester, la finale aura un goût de déjà-vu.

"L'objectif, c'était d'abord de marquer et de ne pas prendre de but. On l'a fait, mais ensuite ce fut très difficile. Nous avons beaucoup travaillé en défense. Ils ont très bien joué. C'est difficile de stopper des joueurs comme Kalou ou Robben. Pepe Reina a toujours été très bon aux tirs au but. C'est un exercice qu'il apprécie. Nous savions aujourd'hui comment battre Chelsea. Il fallait jouer avec passion et détermination. Avec un tel public, c'est plus facile."