Piège à l'italienne

La mission était trop compliquée. Réduit à dix pendant près d'une heure face à la Roma, Bordeaux a craqué en fin de match malgré l'ouverture du score de Gourcuff et concède sa seconde défaite dans le groupe A de la Ligue des Champions (1-3). Longtemps combatifs, les Girondins ont été pénalisés par de sévères décisions arbitrales avant de céder face à la qualité technique romaine. Les raisons divergent mais, comme la déroute face à Chelsea, ce revers laissera de sérieux regrets dans les rangs des vice-champions de France.

Beaucoup trop passifs lors de leur déplacement londonien, les Girondins offrent d'entrée un tout autre visage sur la pelouse de Chaban-Delmas. Laurent Blanc a renforcé son milieu pour contrer celui très dense de la Roma et les surprenants titulaires, Obertan et Jussiê, répondent présents. Profitant de cette encourageante entame bordelaise, le Brésilien est d'ailleurs le premier à alerter Doni d'une frappe à ras de terre bien captée par le portier des visiteurs (9e). De son côté, Valverde, inhabituel gardien girondin, s'impose dans les airs sur les rares offensives romaines et rassure son arrière-garde. Cette volonté et cet engagement des locaux sont récompensés avec l'ouverture du score signée Gourcuff d'une magnifique frappe enroulée (1-0, 18e).

Tout va bien pour Bordeaux qui domine les débats face à une Roma très peu inspirée et donc frustrée. Pourtant, la nervosité ambiante gagne étrangement les Girondins et, pour un coup de coude dans la surface italienne, Henrique est exclu par l'arbitre espagnol M. Undiano Mallenco (36e). Au même moment, Jussiê se blesse et doit céder sa place à Wendel. Obertan fait, lui, les frais du remaniement tactique opéré par Blanc (40e). Mais, malgré ces péripéties, les intentions ne changent pas de côté et il ne manque des quelques centimètres à Wendel pour doubler la mise juste avant la pause.

Solidaires et accrocheurs, les Bordelais tiennent ainsi jusqu'à l'heure de jeu. Le remplacement de Menez par Julio Baptista, le durcissement de la rencontre et l'entrée en jeu de l'intenable Okaka Chuka (63e) ont finalement raison de la détermination girondine. Sur un corner obtenu par le jeune Italien, Vucinic égalise de la tête (1-1, 64e). Julio Baptista ne se gêne ensuite pas pour transformer un coup franc sévère à vingt mètres (1-2, 71e). Les Giallorossi démontrent enfin leurs qualités techniques face à des défenseurs épuisés et obligés de prendre des risques et Julio Baptista, bien servi par Taddeï, s'offre un doublé (1-3, 83e). Si les Bordelais avaient créé la sensation en s'imposant à neuf contre onze à Grenoble en championnat, ils n'ont pas pu rééditer un semblable exploit. Leurs chances de qualification s'amoindrissent et la nervosité ne risque pas de les quitter de sitôt.

"Deux faits de jeu nous portent préjudice: la blessure de Jussiê et l'expulsion d'Henrique. A partir de là, le match devient beaucoup plus difficile, et il reste plus de 50 minutes à jouer aux Romains à onze contre dix. Est-ce qu'à onze contre onze on aurait pu mieux faire ? Je pense que oui. J'ai dit aux joueurs, il y a des périodes comme cela ou les faits de jeu nous sont défavorables, mais paradoxalement je trouve ce match encourageant. Une référence ? Je pourrais oser le dire, mais on ne peut pas parler de match référence sur une défaite."