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L'infidélité de Mourinho

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 27/04/2011 à 11:13 GMT+2

José Mourinho avait-il le droit de tourner le dos à l'image que le Real veut donner de lui-même, et à ses propres promesses, en abandonnant à ce point le ballon contre le Barça ? Deux grands coaches experts de la Liga nous éclairent dans ce dossier : Raynald Denoueix et Jean Fernandez.

FOOTBALL - 2010/2011 - Real Madrid - Mourinho - Pepe

Crédit: AFP

Les conséquences de la "manita" restent visibles à Madrid. José Mourinho a tiré les enseignements de l'humiliation subie à Barcelone (5-0) en championnat à l'automne dernier. L'entraineur madrilène a dû en conclure que son équipe ne pourrait pas battre le Barça en s'appuyant sur le jeu tourné vers l'offensive qu'elle pratique de manière générale depuis le début de la saison. Pour le Clasico, il a décidé d'opter pour une stratégie assez similaire à celle qui lui avait permis de faire tomber le club catalan avec l'Inter en Ligue des Champions l'an passé. Elle ne consiste pas à jouer, mais à gagner. Elle correspond autant à la philosophie de Mourinho qu'elle va à l'encontre de l'identité culturelle de la Maison Blanche. Forcément, les avis sont partagés selon un clivage résultat/beau jeu.
La question est de savoir si Mourinho peut faire autrement pour que son équipe gagne face à ce Barça qui domine outrageusement tous ses adversaires à la possession du ballon et au nombre de passes réussies depuis près de trois ans. "On peut faire déjouer le Barça en jouant offensivement", avance Raynald Denoueix. "Avec l'équipe construite par Mourinho, avec les joueurs dont il dispose, le Real peut jouer aussi bien que Barcelone, surtout ce Barca là, qui est en plus un peu moins bien en ce moment. Cette équipe se forge de plus en plus une personnalité et elle a de la qualité. Mais il lui faut Özil sur le terrain", insiste l'ancien entraineur nantais, qui fusille l'idée selon laquelle la présence de Pepe au milieu est la clé du succès pour le Real dans les Clasicos. "Mourinho a "flingué" son milieu en mettant Pepe devant la défense, nous disait-il après le 1-1 en Liga. Cela gêne considérablement le volume de jeu de Xabi Alonso. L'entente entre l'Espagnol, Khedira et Özil est excellente", estime Denoueix. Khedira, depuis, a contracté une déchirure et manquera les demi-finales de la Ligue des champions.
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FOOTBALL - 2002- Denoueix

Crédit: AFP

Pepe au centre du débat
Ce schéma, Mourinho y a cru à l'automne dernier. Il a aligné ce trio au Camp Nou et l'a vu agoniser sous le pressing étouffant du milieu barcelonais. Le technicien portugais avait des raisons de croire que rivaliser avec le Barça dans le jeu était une utopie à l'approche de cette série décisive de Clasicos. "Mourinho est intelligent, il joue avec le potentiel de son équipe", analyse Jean Fernandez. "Sa philosophie de jeu est davantage tournée vers l'attaque normalement. Mais il a vu qu'il souffrait dans la récupération face à Barcelone, alors il a densifié son milieu. En finale de la Coupe du Roi, Madrid a réalisé un pressing que seul le Barça est capable d'effectuer habituellement", affirme l'entraineur auxerrois qui, lui, voit en Pepe la raison majeure de ce phénomène. "La présence de Pepe au milieu fait la différence. Son agressivité est parfois à la limite, mais il a un impact énorme sur chaque duel. Il est aussi capable de monter et de se créer des occasions".
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Jean Fernandez

Crédit: AFP

La stratégie de Mourinho divise d'autant plus que les Merengues son très exigeants. Les aficionados veulent les résultats et la manière, pas l'un ou l'autre. Le technicien portugais lui-même va à l'encontre d'un principe qu'il avait énoncé à son arrivée dans la capitale espagnole : "Au Real je veux faire un Madrid qui correspond aux objectifs et à la tradition du club. Gagner avec un football offensif et un football de qualité. Je veux avoir la maîtrise du ballon". Le Real peut-il accepter un écart si c'est pour battre le grand rival catalan ? "Les paroles de Di Stefano, président d'honneur du club madrilène, ont été très dures à l'égard du Real de Mourinho, répond Denoueix. Cela montre bien qu'un double revers ne lui serait pas pardonné, surtout que le comportement de l'entraîneur portugais, ses déclarations et ses choix tactiques ne passent pas très bien". "Mais même à Madrid, il peut se le permettre grâce à son aura", estime Fernandez. Elle en prendra peut-être un coup si sa stratégie n'emmène pas le Real en finale de la Ligue des Champions.
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