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"Le niveau grimpe"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 12/09/2011 à 16:16 GMT+2

Le nouveau consultant d'Eurogoals, sur Eurosport, fait le point sur quelques-unes des grandes questions qui nous taraudaient avant l'ouverture de la Ligue des champions. Comment battre le Barça ? La Premier League ou la Liga écrasent-elles l'Europe ? Quel est le vrai poste de Messi ? Entretien.

rafael benitez

Crédit: Reuters

RAFAEL BENITEZ, commençons par la question que tout le monde se pose avant l'ouverture de la Ligue des champions: comment battre Barcelone ? Si vous aviez une équipe aujourd'hui, comment vous y prendriez-vous ?
R. B. : Tout dépend quelle équipe justement. Tout ce que je peux dire, c'est : "Voilà comment je ferais". Mais je n'ai pas d'équipe en ce moment, je ne peux pas offrir de solution sur un plateau, je peux juste vous assurer que je déterminerais la tactique en fonction de mes joueurs. Si vous avez l'effectif du Real, l'effectif de Liverpool ou l'effectif de l'Inter, vous n'abordez pas le match de la même façon. On ne peut pas décréter qu'on va presser haut si on n'a pas les joueurs pour. Chacun doit trouver sa voie. Ce qui est sûr en revanche, c'est que tout le monde doit faire le match parfait.
Mais si vous reprenez les matches qui ont vraiment mis en difficulté Barcelone, ces deux ou trois dernières années, qu'est-ce qui le contrarie le plus les Catalans ?
R. B. : Manchester United a pressé Barcelone en finale au cours des dix premières minutes et le Barça n'était pas à l'aise avec le ballon, mais le Barça a gagné. Le Real Madrid a choisi de presser lui aussi (lors du 5-0) mais on a tous vu que cela avait surtout libéré des espaces. Le manager doit regarder son effectif, bien évaluer ce que chacun peut faire. Il n'y a pas d'autre façon de procéder. Si ça fonctionne, ce sera avec les aptitudes des joueurs.
Quelle est la vraie performance du Barça d'après vous ? Son niveau actuel ? Ou le fait que l'équipe trouve encore les moyens de progresser ?
R. B. : La réponse, c'est que la vraie performance du Barça, c'est sa façon de travailler. Quand j'avais en charge les équipes de jeunes à Madrid, toutes les équipes de jeunes du Barça évoluaient de la même façon, en 3-4-3, avec ce jeu de passes que nous connaissons tous. Absolument toutes avec le même système et la même philosophie. Imaginez quel niveau d'automatisme cela donne, quatorze, quinze ans à pratiquer ce même jeu... L'équipe a d'excellents joueurs et un système de jeu qui leur convient parfaitement. L'entraîneur vient du centre et connaît toute cette mentalité. Ils sont dans une situation où tout fonctionne, tout le monde tire dans le même sens, un peu comme au Borussia Dortmund en ce moment d'ailleurs.
Vous avez publié la semaine dernière une étude assez poussée sur la comparaison Premier league - Liga. Que pouvez-vous nous dire sur le niveau actuel de la Serie A, la Bundesliga et la Ligue 1 ?
R. B. : Je connais surtout la Serie A. Mon point de vue est que la Liga est très proche de la Premier League aujourd'hui mais que la Serie A est vraiment loin derrière. Le facteur-clé, c'est l'exigence physique : les contacts, les tacles, les duels. L'intensité la plus haute se trouve en Angleterre. Vous pouvez avoir d'excellents joueurs de ballon mais ils seront obligés d'aborder le foot différemment s'ils vont en Angleterre. C'est ce qui place ce championnat au-dessus des autres.
La Bundesliga vous semble-t-elle sous-estimée ?
R. B. : Pas par moi en tout cas. Pour moi elle est clairement au-dessus de la Serie A. (Il mime avec les gestes). 1. Premier League et Liga. En-dessous, la Bundesliga et encore en-dessous la Serie A. Il suffit de regarder l'intensité des matches en Allemagne. J'analyserai tout ça plus en détail, mais on relève en Allemagne une vrai atmosphère de football, le désir constant de marquer des buts et une compétition sévère entre les clubs.
Vous semble-t-il toujours possible qu'un club portugais comme Porto ou un club français comme le Paris-SG, dont c'est l'objectif à terme, gagne la Ligue des champions. Leur championnat les prépare-t-il suffisamment à cela ?
R. B. : Oui s'ils ont le temps de construire. Il faut se laisser le temps de faire des erreurs. En général, quand vous avez le temps de mettre des choses en place, vous obtenez quelque chose de consistant. Porto a l'expérience de la Ligue des champions, mais il lui faudrait conserver ses joueurs plus longtemps. On ne peut grandir qu'en construisant autour de ses meilleurs joueurs. Lyon et Marseille aussi ont l'expérience nécessaire mais, même chose, il leur faut garder leurs meilleurs joueurs. On ne sait jamais avec la Ligue des champions. Bien sur que le niveau du championnat est un facteur à prendre en compte, mais en France, vous avez maintenant des équipes comme Lyon, Marseille, Paris et Lille qui font grimper le niveau.
Gagner la Ligue des champions sans être favori, c'est ce que vous aviez fait en 2005 avec Liverpool. Pouvez-vous nous donner deux ou trois éléments sur ce qui a rendu cela possible ?
R. B. : Tout le monde était complètement impliqué, cela a été la clef. Les fans étaient incroyables, il y avait une grande compréhension entre les joueurs et le staff. Chaque match a été préparé et étudié avec beaucoup de soin. Tout le monde nous parle de la finale mais on a réussi plusieurs matches très aboutis, contre Chelsea, la Juventus, Olympiakos, Leverkusen... Tactiquement, surtout, nous avions été très bons, en changeant souvent de système. On a utilisé le 3-3-3-1, le 4-2-3-1, système qu'on a changé à la mi-temps de la finale pour un 3-4-1-2. La compréhension était exceptionnelle. On a vraiment senti qu'on pouvait remporter le trophée après avoir sorti la Juventus en quart de finale. C'était alors un grand d'Europe, qui venait de battre le Real.
Vos équipes ont toujours été très collectives. Comment percevez-vous le débat Messi-Ronaldo ?
R. B. : L'un et l'autre sont fantastiques, mais il faut que le système de jeu soit construit en fonction de leurs qualités pour qu'ils soient les meilleurs possibles. Si Messi a de la liberté, c'est parce que tout le monde sait qu'il peut faire la différence. Mais qu'est-ce que ça veut, dire avoir de la liberté ? Il ne faut pas confondre la liberté d'un joueur, et le fait de lui laisser penser qu'il peut faire ce qu'il veut sur le terrain. C'est une confusion que beaucoup de gens font. Il faut n'attribuer cette liberté qu'aux joueurs qui le méritent, vu leur potentiel et leur qualité. Et bien sûr, un manager doit aussi veiller à ce que l'équipe ait des solutions même en leur absence.
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