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Dortmund et Bayern : un système, deux conceptions

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 30/04/2013 à 16:49 GMT+2

La semaine dernière, le Borussia Dortmund et le Bayern Munich se sont appuyés sur la même organisation pour terrasser le Real et le Barça, en demi-finale aller de la Ligue des champions. Mais les deux ténors de Bundesliga n'ont pas eu recours au même mode opératoire. Questions de philosophie... et de stratégie.

Borussia Dortmund, 2013

Crédit: AFP

Sur le papier, les deux systèmes regorgent de similitudes : le Borussia Dortmund et le Bayern Munich évoluent en 4-2-3-1. C’est dans cette organisation que les deux premiers de Bundesliga ont terrassé ceux de la Liga, la semaine dernière. C’est dans cette organisation qu’ils se présenteront mardi soir et mercredi, à Bernabeu et au Camp Nou, pour y défendre leur matelas face au Real (4-1) et au Barça (4-0). Mais derrière cette organisation commune se cachent des philosophies et des modes opératoires différents. Presque aux antipodes. Si l’on se fie aux demi-finales aller de Ligue des champions, le Borussia ne joue pas comme le Bayern.
UN SYSTÈME COMME BASE COMMUNE
Le 4-2-3-1 de Dortmund s’organise ainsi : deux milieux défensifs (Gundogan et Bender), trois milieux offensifs (de droite à gauche : Blaszykowksi, Götze et Reus), derrière une pointe, Robert Lewandowski, auteur d’un quadruplé à l’aller.
Côté Bayern, le plan de départ est le même : Javi Martinez et Bastian Schweinsteiger assurent le travail obscur. Devant ce duo aussi joueur que travailleur, Arjen Robben, Thomas Müller et Franck Ribéry. Le trio est le socle offensif d’un Bayern qui s’appuie enfin sur un finisseur. Un authentique renard des surfaces. A l’Allianz Arena, il s’appelait Mario Gomez, en l’absence de Mario Mandzukic, suspendu.
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Système de jeu Borussia Dortmund face au Real Madrid

Crédit: Eurosport

DEUX BLOCS COMPACTS
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Système de jeu Bayern Munich face au Barça

Crédit: Eurosport

Dans les faits, l’organisation de Dortmund répond aux exigences inhérentes à une demi-finale de Ligue des champions. La clé ? Défendre en bloc. La semaine dernière, il est resté compact. Une trentaine de mètres, tout au plus, séparaient la charnière Hummels-Subotic du tandem Götze-Lewandowski. Mais c’est surtout dans la largeur que le bloc du Borussia a serré les lignes. Notamment sur le flanc gauche, que Marco Reus a volontiers déserté pour se rapprocher de ses acolytes offensifs.
A Munich, le bloc du Bayern suit sensiblement la même tendance : lui aussi évolue groupé, sur une distance qui excède à peine la circonférence du rond central. Mais à la différence du Borussia, face au Barça, le bloc bavarois s’est placé légèrement plus bas. C’était d’autant plus vrai concernant les deux dynamiteurs de couloir que sont Arjen Robben et Franck Ribéry. Face au Barça, le Néerlandais et le Français étaient condamnés à s’acquitter des tâches obscures. A redescendre régulièrement dans leur moitié de terrain pour épauler Philipp Lahm et David Alaba. Autres singularités du Bayern : au milieu de terrain, Javi Martinez et Bastian Schweinsteiger étaient très proches l’un de l’autre. Pour bloquer une zone dans laquelle Xavi et Iniesta exercent traditionnellement leur influence sur le jeu du Barça. Dans un rôle d’électron libre, en soutien de Mario Gomez, Thomas Müller était quant à lui chargé de gêner la première relance barcelonaise, initiée par les deux défenseurs centraux et par Sergio Busquets.
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Positions réelles Borussia Dortmund face au Real Madrid

Crédit: Eurosport

LA MAÎTRISE DU BALLON VS LA MAÎTRISE DU JEU
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Positions réelles Bayern Munich face au Barça

Crédit: Eurosport

Le constat est sans doute moins flagrant en Bundesliga, où le Borussia et le Bayern ont l’habitude de maîtriser le ballon dans les grandes largeurs. Mais quand on affronte le Barça, difficile de rivaliser avec une équipe qui a fait de la possession sa marque de fabrique. A l’aller, Jupp Heynckes s’y est d’ailleurs refusé. Et le Bayern a volontiers laissé le ballon aux Blaugrana. La preuve : lors de la demi-finale aller, le tout frais champion d’Allemagne a effectué deux fois moins de passes que le probable futur champion d’Espagne. Face au Real, une équipe moins obnubilée par la possession, le Borussia a vu davantage la couleur du ballon. Dans ce registre, la bande à Klopp a fait sensiblement jeu égal avec celle de Mourinho. Avec deux marqueurs d’envergure :
1/ Au match aller, Dortmund a réussi 68,9% de ses passes dans le camp madrilène. Un chiffre qui en dit long sur son ambition d’imposer sa loi dans la moitié de terrain merengue.
2/ Le Borussia a privilégié le jeu court : 86,6% de ses passes se sont faites dans un périmètre restreint. Une tendance symbolisée par Mario Götze : la semaine dernière, aucune de ses trois transversales n’est arrivée à destination. Alors que, plus globalement, le futur Munichois a affiché 75% de réussite dans ses transmissions. Un tiers d’entre-elles était destinée à Lewandowski ou à Reus.
En acceptant la domination - stérile - du Barça, le Bayern a quant à lui cultivé un goût certain pour le contre. Un art favorisé par une réussite insolente dans la récupération : à l’Allianz Arena, les Munichois ont intercepté trois fois plus de ballons que leurs adversaires. Soit dix-neuf ballons. Celui chipé par Franck Ribéry à la 81e minute, sous le nez de Lionel Messi, a amené le troisième but, signé Robben.
A l’inverse du Borussia, qui a perforé le plus souvent son adversaire par l’axe, le Bayern a préféré passer par les côtés. Cette stratégie avait d’autant plus de sens face au Barça, où les très offensifs Dani Alves et Jordi Alba laissent souvent des boulevards dans leur dos. Et si trois des quatre buts bavarois (ceux de Müller et de Gomez) n’ont pas été marqués sur des contres, ils sont venus de centres. Signe que l’édifice catalan est friable dans la largeur.
Infographie comparaison Borussia Dortmund vs Bayern Munich après demi-finale de Ligue des champions face au Real Madrid et au FC Barcelone.
CONCLUSION : LE BAYERN PLUS "CAMÉLÉON" QUE LE BORUSSIA
Sur ce que le Borussia et le Bayern ont montré la semaine dernière, les deux ténors du championnat allemand présentent deux profils bien distincts : quand Dortmund se régale à base de jeu court et de pressing tout terrain, Munich excelle dans l’art du contre, en passant par les côtés. Mais ces leçons, tirées des demi-finales aller, peuvent paraître hâtives pour peu qu’on les mette en perspective avec les copies rendues en Bundesliga. Ce bémol concerne surtout le Bayern, beaucoup plus joueur à l’échelle nationale que ce qu’il a laissé transparaître la semaine dernière. Outre-Rhin, personne ne lui conteste sa supériorité dans la maîtrise du ballon. Personne ne lui arrive à la cheville en termes de possession et de passes réussies. Pas même son dauphin, le Borussia de Jürgen Klopp.
Savoir s’adapter : voilà la force du Bayern cette saison. Face au Barça, il n’avait pas d’autre choix que d’afficher une facette moins clinquante. Moins clinquante, mais tout aussi efficace. Celle d’une équipe caméléon, qui accepte de courir après le ballon sans amoindrir son rendement offensif. Celle d’une équipe aux portes d’une troisième finale de Ligue des champions en quatre ans.
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