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Ligue des champions 2013 : Reus, Götze, Blaszczykowski, les bourreaux du Real

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 25/04/2013 à 14:44 GMT+2

L'analyse tactique de Dortmund - Real montre que les Borussen ont utilisé les mêmes armes que lors de la phase de poules. Avec des circonstances aggravantes pour Madrid.

Sami Khedira - Mesut Özil - Borussia Dortmund - Real Madrid - Marco Reus

Crédit: Reuters

L'Allemagne au firmament : telle est la conclusion évidente à tirer après les demi-finales aller de cette Ligue des Champions 2012/2013. Après le Bayern face au Barça (4-0), c'est le Borussia Dortmund qui a corrigé le Real Madrid (4-1). Les Madrilènes ont complètement sombré après une première mi-temps où ils semblaient avoir fait parler leur expérience des grands rendez-vous pour résister à la débauche d'énergie de leurs adversaires.
Pour ce match, Jurgen Klopp pouvait compter sur un effectif au complet : sans surprise, c'est son équipe-type de la saison qui a débuté la partie, dans son système de jeu habituel (Weidenfeller - Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer - Bender, Gundogan - Blaszczykowski, Götze, Reus - Lewandowski). Côté madrilène, José Mourinho devait composer avec les absences de Essien -blessé- et Arbeloa -suspendu-. Ramos s'est retrouvé sur la droite de la défense madrilène, laissant Varane et Pepe dans l'axe. Au milieu, Modric intégrait le onze de départ à la place de Di Maria, finalement sur le banc après avoir été annoncé titulaire. La présence du Croate entraînait le repositionnement de Özil sur le flanc droit de l'attaque merengue (Diego Lopez - Ramos, Varane, Pepe, Coentrao - Xabi Alonso, Khedira - Özil, Modric, Ronaldo - Higuain).
L'approche madrilène
Les dix premières minutes de jeu ont vu le Borussia Dortmund prendre possession du ballon face à un Real Madrid qui avait décidé de l'attendre dans sa moitié de terrain. Au lieu de faire sortir deux joueurs en pointe du bloc défensif -comme ils avaient pu le faire face au Barça, les Madrilènes ne laissaient que le seul Higuain en pointe pour faire face à Hummels et Subotic. Derrière, la ligne de quatre composée de Ronaldo, Modric, Khedira et Özil s'opposait aux quatre joueurs de transition du Borussia : les deux milieux axiaux (Gundogan et Bender) et les deux latéraux (Piszczek et Schmelzer). Soutien régulier de Hummels et Subotic dans le travail de relance, Gundogan bénéficiait d'un certain degré de liberté dès lors qu'il décrochait pour combiner avec ses défenseurs centraux.
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FOOTBALL - 2012/2013 - Dortmund-Real Madrid - Mourinho

Crédit: Panoramic

En opposant un milieu de terrain densifié -renforcé par la présence de Xabi Alonso entre les lignes pour surveiller les mouvements de Götze- à la relance allemande, José Mourinho espérait pouvoir récupérer les ballons assez haut dans sa moitié de terrain pour pouvoir ensuite enchaîner rapidement en contre-attaque. Les premières récupérations de balle allaient d'ailleurs dans ce sens puisqu'après des duels remportés côté droit, Khedira et Özil combinaient pour lancer Modric qui prenait l'espace sur l'aile droite. Côté opposé, le Croate était à son tour au lancement de jeu et utilisait les relais de Ronaldo positionné quelques mètres plus haut pour tenter de prendre à défaut la couverture allemande.
Mais ces mouvements ont pour la plupart été parfaitement éteints par les milieux du Borussia Dortmund. Participant au lancement des actions, Bender et Gundogan n'étaient jamais très loin des ballons récupérés par la première ligne madrilène. Le plus proche de l'action jaillissait sur le porteur de balle, l'autre suivait le joueur parti vers l'avant afin de protéger sa défense centrale en attendant le repli des deux latéraux, toujours avancés lorsque Dortmund construit. Cette capacité à mettre la pression sur l'adversaire dès sa récupération a entraîné beaucoup de fautes techniques côté madrilène en début de partie : c'est d'ailleurs une mauvaise passe de Xabi Alonso, directement dans les pieds de Gundogan, qui a offert à Dortmund la possession de balle aboutissant à l'ouverture du score de Lewandowski (8e).
Borussia, Bayern : même combat
Après avoir ouvert le score, les joueurs de Jurgen Klopp ont laissé le ballon aux Madrilènes. En pointe du bloc défensif, Götze et Lewandowski formaient le premier rideau et se positionnaient dans l'axe, face à Varane et Pepe. Ils coupaient ainsi les transmissions entre la défense et le milieu madrilène, forçant la relance merengue à passer par les côtés si elle ne voulait pas être contrainte de balancer les ballons devant tout au long de la rencontre (vers Higuain ou Ronaldo). Dans les couloirs, les relanceurs madrilènes (Varane ou Ramos à droite, Coentrao à gauche) voyaient venir à eux Reus et Blaszczykowski, qui sortaient de leur moitié de terrain pour leur fermer au maximum l'angle de passe (vers l'intérieur du terrain). La solution latérale était aussi à proscrire puisque Bender et Gundogan sortaient sur tous les adversaires qui redescendaient demander le ballon dans l'axe.
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Lewandowski.

Crédit: AFP

Les Madrilènes étaient du coup forcés de rechercher des solutions le long de la ligne de touche pour progresser dans le camp borussen. La relation Coentrao-Ronaldo a été la seule à véritablement fonctionner en première mi-temps pour ramener le jeu dans le camp allemand. Les combinaisons entre les deux hommes ont permis de faire reculer le bloc de Dortmund. Côté droit , Ramos et Özil n'ont pas eu le même rendement, pour des raisons évidentes : Özil n'était pas à l'aise dos au but -surtout sur la pression de Schmelzer- et Ramos n'évoluait pas du tout dans le même registre que Coentrao, habitué des montées balle au pied dans son couloir.
Une fois le ballon récupéré, le Real se heurtait de nouveau à l'agressivité de Dortmund dans le coeur du jeu. Bender et Gundogan coulissaient côté ballon pour venir en aide aux joueurs de couloir ; Reus suivait le mouvement en revenant dans l'axe pour se retrouver dans la zone de Khedira (en cas d'approche côté Coentrao) ; Götze et Lewandowski revenaient, eux, défendre de manière à occuper le rond central et à maintenir une pression dans la zone de confort de Xabi Alonso.
Comme Barcelone face au Bayern, le Real était pressé d'atteindre les 30 derniers mètres, sous peine de se faire enfermer et de risquer de perdre le ballon (et de se faire contrer dans la foulée). Problème, Ronaldo et Coentrao manquaient de solution pour pouvoir enchaîner rapidement sur leur aile. Il a fallu attendre la fin de la première mi-temps pour entrevoir un espoir, lorsque Özil a quitté son aile droite, où il était sans influence, pour combiner avec les deux Portugais et même réussir à lancer Ronaldo dans l'espace.
Le Real pouvait aussi s'appuyer sur Higuain, moins disponible, pour faire reculer le bloc du Borussia. A plusieurs reprises en première mi-temps, Varane a réussi à trouver l'attaquant argentin au sol, en traversant les deux premières lignes du Borussia sur une seule passe. Gundogan et Bender redescendaient alors pour se replacer derrière le ballon, ce qui ouvrait le terrain à Modric et Khedira venus soutenir Higuain dans l'axe. De la même façon, Xabi Alonso profitait de quelques secondes de répit, en attendant que Götze et Lewandowski reviennent se placer dans leur camp. Le problème restait toutefois le même : le Real devait enchaîner rapidement sous peine de voir le bloc allemand reprendre sa forme initiale et remettre la pression.
Deuxième mi-temps : l'accélération
Au retour des vestiaires, Mourinho a décidé de changer de système de jeu. Fini le 4-1-4-1 avec Modric et Khedira derrière Higuain, les Madrilènes sont passés dans leur 4-2-3-1 plus traditionnel, avec Özil derrière l'Argentin. Khedira est redescendu aux côtés de Xabi Alonso pour former le double pivot devant la défense et Modric a, par défaut, récupéré le couloir droit. Sur le papier, l'idée pouvait paraître séduisante puisqu'elle libérait Özil de son aile et lui permettait de se trouver plus facilement Ronaldo et Coentrao pour réitérer les mouvements de la fin de première mi-temps. Mais dans les faits, ce changement tactique a fait rejaillir les mauvais souvenirs des deux matchs de poules disputés face au Borussia (lire : Borussia Dortmund 2-1 Real Madrid, l'analyse tactique).
Défensivement d'abord, Dortmund s'est adapté sans grande difficulté. Lorsque l'équipe était repliée dans sa moitié de terrain, Bender récupérait le marquage de Özil ; Gundogan continuait lui de soutenir ses joueurs de couloir face aux attaques du duo Coentrao-Ronaldo. La présence de Khedira à hauteur de Xabi Alonso offrait un peu plus de solutions aux Madrilènes pour conserver le ballon dans le coeur du jeu. Mais les conséquences n'ont pas été trop importantes pour le bloc défensif allemand puisqu'il restait bien compact face aux approches plein axe. Seul Kaka, entré en jeu à la place de Xabi Alonso (80e) a apporté un plus dans cette zone du terrain. Trop tard pour permettre au Real de revenir.
Capables de s'adapter défensivement, le Borussia Dortmund a surtout profité du changement de système de son adversaire pour faire la différence devant. La clé du succès : le rapprochement des quatre attaquants (Reus, Blaszczykowski, Götze et Lewandowski) qui a une nouvelle fois mis à mal le système défensif du Real Madrid. Piszczek et Schmelzer se chargeant d'offrir des solutions sur les extérieurs, le quatuor offensif du Borussia a évolué en bloc et s'est baladé sur la largeur du terrain, suivant la circulation de balle dictée par les quatre relanceurs (Gundogan, Bender, Hummels et Subotic).
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Xabi Alonso en un partido con el Real Madrid

Crédit: Imago

En cas d'approche côté droit par exemple, les Borussen fixaient les joueurs de couloir du Real grâce à Piszczek et Blaszczykowski. Lewandowski attirait la défense centrale tandis que Götze et Reus se retrouvaient entre les lignes, obligeant Xabi Alonso et Khedira à coulisser de ce côté du terrain. La force du nombre et les automatismes entre les attaquants permettaient au Borussia de faire tourner le ballon dans des petits périmètres avant de le ressortir ou de centrer dans la surface.
Les trois buts inscrits par le Borussia en deuxième mi-temps sont partis de mouvements initiés sur ce même flanc droit, grâce à des combinaisons tournant autour de Reus, Götze et Blaszczykowski. Le troisième but est d'ailleurs un quasi copié-collé du second inscrit lors de la première confrontation entre les deux équipes cette saison : une approche sur l'aile droite qui attire l'ensemble du bloc madrilène dans un petit périmètre, un centre renvoyé par la défense, et un ballon récupéré par Schmelzer qui profite de l'absence d'adversaire pour frapper sans se poser de question. A l'automne dernier, le latéral gauche avait marqué ; cette fois, sa reprise est arrivée dans les pieds de Lewandowski qui a fini le travail.
Coaching et conclusion :
Juste après le quatrième but de Lewandowski, Mourinho a fait entrer en jeu Di Maria et Benzema à la place de Modric et Higuain. Après quelques minutes d'essais dans le même système, les Madrilènes sont passés dans un simili-442 avec Özil à droite, Di Maria à gauche et Ronaldo se baladant entre l'aile gauche et la pointe de l'attaque pour soutenir Benzema. L'axe restant inaccessible, même pour les dribbles de Di Maria, le jeu du Real est resté cantonné aux couloirs. Côté droit, Özil et Ramos ont tenté de jouer directement vers Benzema, Ronaldo ou Di Maria qui plongeaient dans l'axe pour mettre à contribution la défense allemande. Côté gauche, le jeu était plus construit et les Madrilènes ont profité d'espaces dans l'axe (fatigue des attaquants ?) pour progresser dans les 30 derniers mètres. Sans succès à la finition toutefois.
De son côté, Jurgen Klopp a assuré le coup dans le final en faisant entrer en jeu Kehl pour justement renforcer son milieu de terrain (à la place de Blaszczykowski, 82e). Grosskreutz et Schieber ont aussi participé à la fête dans les dix dernières minutes. A une erreur individuelle près (celle de Hummels sur le but madrilène), Dortmund aurait pu se targuer d'avoir réalisé le match parfait, comme le Bayern la veille. Au lieu de ça, les Borussen auront quelques heures pour savourer leur succès de prestige avant de se plonger dans la préparation du match retour dans une semaine. Car si le plus dur a été fait, il ne faudra certainement pas laisser de place au hasard à Madrid.
Florent TONIUTTI(sur twitter : @flotoniutti) (sur son blog : Les chroniques tactiques)
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