OM - Les six procès plus ou moins justifiés faits à Elie Baup

Faiseur de miracles la saison dernière avec l'OM, Elie Baup est placé sous le feu des critiques après les trois défaites consécutives de l'OM. Nous avons dressé une liste - non exhaustive - des reproches faits au coach à la casquette avant le match face à Naples.

Certains paraissent justifiés. Mais tous les griefs adressés à Baup ne peuvent lui être imputés.

Cet été, l'OM a fait sa mue. En recrutant jeune et français, le club marseillais a misé sur l'avenir. Cette nouvelle stratégie, impulsée en grande partie par Vincent Labrune, oblige à un nouveau management du groupe. Fort de sa seconde place miraculeuse acquise l'an dernier avec un effectif restreint, Elie Baup se retrouve dans l'obligation d'intégrer petit à petit les nouveaux venus sous peine de ne pas les voir progresser. Aujourd'hui, parmi les recrues estivales, seul Giannelli Imbula s'est vraiment fait une place dans le onze marseillais. Dix matches, dix titularisations pour l'ancien Guingampais.

Les autres jeunes n'ont bénéficié que d'une part allégée du gâteau olympien. Benjamin Mendy (six titularisations en neuf matches) a profité des pépins de Jérémy Morel (blessures et suspension) pour grappiller du temps de jeu. Florian Thauvin (trois titularisations en sept matches) commence à être plus utilisé dans le système de Baup. Là aussi, c'est au gré des suspensions des uns et des autres que le champion du monde U20 fait ses apparitions. Enfin, Mario Lemina n'a disputé que 26 petites minutes sous le maillot de l'OM. Trop peu pour lui. Pour préparer l'avenir tout en concernant l'ensemble de son groupe, Elie Baup doit davantage ouvrir son effectif, beaucoup plus riche quantitativement que la saison dernière.

Elie Baup privilégierait l'aspect défensif au détriment des phases offensives. Cet argument, qui a resurgi notamment après l'échec à onze contre dix face au PSG (1-2), aurait pu tenir... la saison dernière. Souvent vainqueur par un but d'écart, l'OM gagnait dans les derniers instants des matches grâce à sa force de caractère. L'entraîneur olympien a changé sa stratégie en début de saison. Un nouveau "projet de jeu" a vu le jour. Baup s'appuie sur une plus grande possession de balle alliée à un système passant davantage par les côtés. Sur le papier, l'OM ne présente pas les caractéristiques d'une équipe qui "bétonne". Organisée en 4-2-3-1, la formation marseillaise aligne quatre joueurs à vocation offensive. On peut même y rajouter Imbula qui montre une réelle capacité à perforer les lignes adverses. La réalité, c'est que les joueurs n'ont pas complètement assimilé ces nouvelles idées de jeu.

Les supporters s'agacent parfois de l'attentisme du coach marseillais. Face à des situations qui réclament des changements, Baup reste de marbre. Donnons la parole aux chiffres pour mieux visualiser les périodes préférentielles des remplacements effectués par le technicien olympien. Depuis le début de la saison, 33 joueurs sont entrés en jeu lors des 12 matches joués par l'OM (10 en L1, 2 en C1). Et seulement 9 changements ont été opérés avant la 70e minute de jeu.

Si on analyse de plus près le type de remplacements effectués, on s'aperçoit que près de la moitié de ces entrées a pour cause une blessure. Conclusion : Baup effectue peu de changements avant le dernier quart d'heure si les circonstances du match ne l'imposent pas. Contre Paris, la supériorité numérique de l'OM, acquise dès la demi-heure de jeu, aurait dû pousser le coach marseillais à lancer plus tôt Gignac (entré à la 67e), Khalifa (70e) et surtout Thauvin (81e).

Depuis qu'il écume les bancs de touche, Elie Baup a forgé sa réputation autour de la gestion d'effectifs restreints. Pas question pour lui d'entamer une valse de joueurs dans son onze de départ. Cette méthode, l'homme à la casquette l'a aussi mise en pratique à Marseille. Des vingt entraîneurs de Ligue 1, Baup est celui qui utilise le moins de joueurs. En dix matches de championnat, il n'a donné du temps de jeu qu'à 19 éléments, soit le même total que Lille, Monaco et Toulouse.

En réponse à cette critique, le cornac olympien répond qu'il ne "fait pas des mathématiques" et qu'il "gère la performance, pas les temps de jeu". En clair, Baup ferait jouer les meilleurs, quitte à tirer sur la corde. Mandanda, Nkoulou, Fanni et Romao ont disputé toutes les rencontres de l'OM jusque-là. Avec eux, Valbuena a aussi largement participé au début de saison marseillais sans oublier ses matches avec les Bleus. Faire entrer du sang neuf dans ses compositions permettrait à Baup de ménager ses cadres mais aussi de concerner tout son effectif. Une concurrence accrue s'impose cette saison avec un groupe plus étoffé.

L'enchaînement des contre-performances de l'OM pousse certains supporters à déjà demander la tête d'Elie Baup. Selon eux, l'entraîneur marseillais ne serait plus à même de répondre aux problèmes actuels. Cette posture de court-terme ne prend pas en compte la réalité du club marseillais. Baup a tiré la quintessence d'un groupe assez limité la saison dernière pour terminer à la deuxième place du championnat. Si les données du club ont changé cet été, l'arrivée de nouveaux jeunes joueurs n'a pas empêché Baup d'empocher cinq victoires en dix matches.

Les défaites concédées contre Monaco (1-2) et Paris (1-2) ont montré les limites du club mais surtout l'avance des deux nouveaux monstres de la L1. En revanche, le dérapage incontrôlé à Nice (1-0) la semaine dernière pèse davantage en la défaveur d'Elie Baup. On ne peut pas nier la pression qui pèse maintenant sur les épaules du coach olympien. Mais changer d'entraîneur aussi rapidement reviendrait à bouleverser les plans de l'OM. Cette logique n'entre pas dans la stratégie de Vincent Labrune. Le président de l'OM fera le bilan à la trêve. Il sera alors temps de se reposer la question...

Les périodes difficiles à l'OM charrient souvent des crispations dans les vestiaires. La mauvaise passe actuelle peut-elle amener certains joueurs à faire vaciller la position d'Elie Baup ? Aujourd'hui, les cadres de l'équipe n'ont pas lâché leur entraîneur alors que Marseille a enchaîné trois défaites d'affilée. Bien sûr, la tension devient plus palpable au sein du groupe. Et les inimitiés entre certains joueurs peuvent revenir à la surface. Mais c'est la vie du vestiaire. Pour le moment, Baup tient encore les rênes de son équipe. "Il n'y a que les victoires pour tout effacer", répète souvent le coach marseillais. Dans cette situation délicate, seule une série de succès permettrait vraiment de relancer la machine et fédérer à nouveau l'effectif vers un objectif commun. Comme la saison dernière...