Bayern Munich - FC Barcelone (3-2) : Ne vous fiez pas aux apparences, ce Barça reste injouable

Trois périodes auront suffi au Barça pour humilier le Bayern et se qualifier pour la finale. Après la claque de l'aller (3-0), les Catalans ont appuyé 45 minutes sur l'accélérateur profitant du déséquilibre insensé d'un Bayern pourtant (plutôt) défensif sur sa feuille de match. En se privant de Götze au coup d'envoi, Pep Guardiola avait choisi de ne pas trop s'exposer. Son plan a capoté 30 minutes et deux enchaînements Messi-Suarez-Neymar plus tard.

Durant la première période, ce fut un récital. Une partition parfaite de football total avec une bonne quinzaine de situations chaudes et des défenses complètement prises de vitesse. La sortie de Suarez à la pause a plongé les Catalans dans une bassine de chloroforme. D'abord anesthésié par l'ampleur de la tâche, le Bayern a profité de l'apathie des visiteurs pour sauver les apparences.

Le Barça a la meilleure attaque du monde, ce n'est pas un scoop. En revanche, ce jeudi à l'Allianz Arena, le meilleur Allemand sur la pelouse, c'était Marc-André Ter Stegen. Voilà qui est beaucoup plus surprenant. Le portier du Barça a écoeuré ses compatriotes sur cinq interventions décisives. Devant, Messi, Suarez et Neymar, dans cet ordre, étaient à l'origine et à la conclusion brillante des deux buts catalans. Le trio, avant de s'endormir en seconde période, a marché sur l'eau.

Côté Bayern, Thiago Alcantara, très inspiré, fut le seul à surnager en première période. Robert Lewandowski, dangereux sur chacune de ses prises de balle, est monté en puissance entraînant avec lui tout le collectif allemand. Avec plus de réalisme en première période, le Polonais aurait pu, cependant, faire basculer la rencontre dans une toute autre dimension. Mais il n'est pas le premier à blâmer, la défense centrale lente et bien naïve, Boateng-Benatia, avait écrit à son insu l'issue de cette demi-finale en première période.

Ah si Neuer avait remporté son duel face à Neymar… la semaine dernière en Catalogne. Car à partir du moment où le Barça s'est avancé avec un matelas de trois buts à l'Allianz Arena, il n'y avait plus grand-chose à faire. Avec deux buts de retard, l'affaire était encore jouable.

Le trio Neymar (9) – Messi (10) - Suarez (6) a inscrit 25 des 28 buts du Barça en 12 matches de Ligue des champions cette saison soit plus de deux buts par match. C'est prodigieux.

Non, absolument pas. Le score ne doit pas masquer la réalité de cette double confrontation. A la pause de ce Bayern-Barcelone, les Allemands devaient inscrire cinq buts en 45 minutes pour espérer renverser le cours des débats. Voilà pourquoi Luis Enrique s'est payé le luxe de faire souffler Luis Suarez, victime d'une légère alerte aux ischio-jambiers. Voilà pourquoi il ne faut tirer aucune conclusion de la seconde période, remportée 2-0 par le Bayern.

La suffisance avec laquelle Neymar a géré son dernier face-à-face à la dernière minute dit tout de l'enjeu de cette deuxième période. Le Barça joue un match capital sur la pelouse de l'Atlético Madrid en Liga dimanche, sans doute les joueurs de Luis Enrique ont-ils été tentés de ne pas trop en faire dès lors que la qualification était en poche. Par contre, cette double confrontation met clairement le Barça en garde sur son point faible : son équilibre défensif. Concéder 19 tirs, même avec un pied et quatre orteils en finale, c'est beaucoup trop. La facilité avec laquelle Lewandowski et Müller ont trouvé des angles de frappe reste un point d'alerte important.

Mais soyons clair, tant que Lionel Messi, Neymar et Luis Suarez évolueront au niveau qui étaient le leur durant les 135 premières minutes de ces demi-finales, peu importe l'identité du deuxième finaliste. Que ce soit le Real Madrid ou la Juventus, on souhaite beaucoup de courage, d'imagination et de chance à celui qui croisera la route du monstre à Berlin le 6 juin prochain.