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A Moscou, Doumbia vit une "histoire fantastique" qu'il espère sans fin

Alexis Billebault

Mis à jour 02/11/2015 à 18:54 GMT+1

Ils étaient faits l’un pour l’autre. Arrivé au CSKA Moscou en 2010, l’attaquant Seydou Doumbia est revenu en Russie l’été dernier, prêté par l’AS Roma. Entre le buteur ivoirien et le club moscovite, qui s’apprête à défier Manchester United mardi soir à Old Trafford (20h45) en Ligue des champions, l’histoire est bien partie pour se prolonger.

Seydou Doumbia (CSKA Moscou) célèbre son but face au PSV Eindhoven

Crédit: AFP

La Ville éternelle ne le reverra vraisemblablement pas. Le lien qui existe entre l’AS Roma et Seydou Doumbia (28 ans) est uniquement contractuel, et il n’est pas insensé de croire que le club italien et le CSKA Moscou finiront prochainement par s’entendre sur le cas du buteur africain. En janvier dernier, Doumbia avait dit "oui" aux Giallorossi, emballés par l’efficacité de l’Abidjanais. Contre une somme - payable en plusieurs fois - de près de 15 millions d’euros, le CSKA Moscou avait accepté de libérer son joueur, qu’il avait acheté approximativement au même tarif cinq ans plus tôt aux Suisses des Young Boys Berne.
Mais à Rome, rien ne s’est déroulé comme Doumbia et son nouvel employeur l’avaient imaginé : la recrue a peu joué, peu marqué (deux buts), et ses relations avec une frange des supporters ont vite pris une tournure irrémédiable. "On me sifflait sans arrêt", rappelle pudiquement Doumbia. Lequel, aujourd’hui, ne veut plus évoquer ces six mois compliqués. "J’ai tourné la page. J’espère juste que les dirigeants de deux clubs trouveront un terrain d’entente (Doumbia est sous contrat jusqu’en 2018 avec l’AS Roma ndlr)." L’agence russe Izvestia a d’ailleurs laissé entendre que le prêt du joueur, censé prendre fin le 31 décembre prochain, pourrait être prolongé.
Revenir au CSKA, presque une évidence"
Aujourd’hui, l’Ivoirien a retrouvé la joie de jouer. Auteur de cinq buts dans un championnat de Russie que son équipe domine et de six en Ligue des champions (trois en poules, ndlr), dont celui inscrit au match aller contre Manchester United (1-1, le 21 octobre), "la gâchette" respire la sérénité. Quand son mal-être romain est devenu plus fort que les termes d’un contrat, la solution ne pouvait finalement venir que de Moscou et du CSKA, où Doumbia venait de passer quatre années et demie parmi les plus heureuses de sa vie d’homme et de footballeur. "Revenir ici était presque une évidence. J’ai dit oui tout de suite."
Cet assentiment immédiat, dicté par l’impérieuse nécessité de rejouer dans une équipe qu’il connaît par cœur, renvoie Doumbia quelques années plus tôt, quand le CSKA était venu le draguer ouvertement. "J’étais aux Young Boys Berne depuis deux ans, je marquais beaucoup de buts. Le Rubin Kazan, un autre club russe, m’avait approché en premier. Mais ce n’était pas selon moi une bonne idée d’y aller. Puis le CSKA s’est manifesté, a offert 15 millions d’euros. J’ai pris le temps de réfléchir, car, quand je suis arrivé en Europe après mon passage au Japon (Kashiwa Reysol puis Tokushima Vortis, ndlr), je pensais davantage, après la Suisse, aller dans un grand championnat, comme l’Angleterre, la France ou l’Espagne. Mais j’ai pensé que le CSKA pourrait être un bon tremplin, car le niveau du championnat russe est bon, supérieur au suisse. Et je suis arrivé en juillet 2010."
C’était donc il y a plus de cinq ans, au retour d’une Coupe du monde achevée au soir du premier tour avec les Eléphants ivoiriens. Forcément intrigué par son nouvel environnement et obligé de s’en remettre à un interprète pour favoriser son adaptation -"même aujourd’hui, je ne comprends et ne parle que quelques mots de russe", avoue-t-il - Doumbia trouve beaucoup plus facilement ses marques qu’il ne l’avait imaginé. Quelques buts en championnat (5) et en Ligue Europa (7) viennent confirmer ce que ses dirigeants supposaient : Doumbia appartient bien à la catégorie des terreurs de surface, et sa deuxième saison moscovite reste à ce jour la plus prolifique de sa carrière, avec 28 buts en championnat et un titre de meilleur buteur de la Russian Premier League.

En attendant l'appel de l'Angleterre

Un total auquel il faut ajouter ses quatre buts en Coupe de Russie et cinq autres en Ligue Europa. "Comme je me sentais bien dans ma tête, tout allait bien sur le terrain. Dès mon arrivée, j’ai été placé dans les meilleures conditions. L’équipe a appris à jouer avec moi. A partir du moment où vous jouez dans un bon environnement, que vous sentez qu’on vous fait confiance... Le CSKA est un club stable, où l’effectif change peu. Le coach, Leonid Sloutski, est là depuis longtemps (2009). La saison suivante, quand je me suis blessé au dos, j’ai peu joué (3 buts en championnat), mais je n’ai jamais été isolé."
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Seydou Doumbia et Daniele de Rossi (AS Rome) face au Genoa - Serie A 2014/2015

Crédit: AFP

A Moscou, Doumbia, jusqu’à son bref départ à l’AS Roma, a toujours maintenu ses statistiques à un niveau élevé (18 buts en 2013-2014, 7 en une demi-saison en 2014-2015). Il a également enrichi son palmarès avec deux titres de champion de Russie (2013, 2014) et deux coupes (2011, 2013). "J’ai la chance d’évoluer dans une équipe qui pratique un jeu assez offensif. Et je pense que le championnat n’a pas perdu de sa valeur. Effectivement, plusieurs joueurs étrangers ont quitté le pays ces derniers mois, mais il en reste de très bons, comme Hulk, Danny ou Witsel au Zenit Saint-Pétersbourg par exemple. Et les meilleurs joueurs russes y évoluent", plaide l’Ivoirien. A Moscou, où il vit avec sa femme et sa petite fille, Doumbia, très proche du Nigérian Ahmed Musa, a appris à apprécier une ville riche culturellement et où il s’est fait, de son propre aveu, "de nombreux amis."
Et il assure ne jamais avoir été personnellement visé par des attitudes racistes, assez fréquentes dans le pays. "On m’avait prévenu que cela existait, notamment dans les stades. Mais en ce qui me concerne, je n’ai jamais eu à le subir." A un âge où les attaquants sont supposés atteindre leur plénitude, Doumbia savoure ses retrouvailles avec le CSKA. Toujours tenté par une Premier League anglaise qui s’était intéressée à lui avant son départ à l’AS Roma (West Ham et Tottenham notamment), l’attaquant des Eléphants l'assure: "Je vis une histoire fantastique". L'histoire d'un joueur qui n’oublie pas qu’avant de devenir un des meilleurs buteurs du Vieux Continent, il vendait des mouchoirs dans les rues d’Abidjan pour améliorer l’ordinaire d’une famille pauvre de la capitale.
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