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Le jour où le FC Barcelone a changé le cours de son histoire

Maxime Dupuis

Publié 23/05/2017 à 08:51 GMT+2

Il y a vingt-cinq ans, le FC Barcelone décrochait à Wembley le premier de ses cinq titres en C1, mettant fin à la malédiction qui poursuivait le club blaugrana depuis toujours. Ce titre a fait entrer le Barça dans une autre catégorie et lancé la formidable odyssée qui a suivi.

Ronald Koeman.

Crédit: Imago

Wembley. 20 mai 1992. Il est aux alentours de 21h25. L’ombre d’Helmuth Duckadam est en train d’envahir le ciel du nord de Londres. Six ans après avoir martyrisé les Blaugrana en finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions, le gardien de but roumain revient hanter les esprits barcelonais. Il n’est pas sur le terrain. Il n’est d’ailleurs plus en mesure de jouer après les misères que lui ont infligé le fils du regrettable Nicolae Ceaucescu et ses compères de la Securitate. Mais à mesure que la séance de tirs au but s'approche à grands pas, son envergure et le souvenir de Séville n’ont jamais été aussi présents au-dessus des têtes catalanes.
A Sanchez-Pizjuan, où se déroulait la finale, le portier du Steaua Bucarest avait stoppé les quatre tirs au but de José Ramon Alexanko, Angel Pedraza, Pichi Alonso et Marcos, renvoyant le Barça à son impuissance et son incapacité de conquérir la coupe aux grandes oreilles, celle-là même que le Real ne gagne plus depuis 1966 mais collectionne en six exemplaires dans son musée.
21h25. Ronald Koeman, lui, est loin de toutes ces considérations. Les sentiments, pas pour lui. Ni son pied droit. A ce moment précis, il ne pense qu’à une chose : faire reculer le mur génois. Parce que le coup franc que vient d’obtenir Eusebio Sacritan est une aubaine pour le canonnier néerlandais. L’homme en noir, Aron Schmidhuber, a beau appuyer la demande du champion d’Europe 1988, rien n’y fait. Tant pis. Koeman va faire avec.
Je suis parti de la tribune officielle car je ne pouvais pas supporter le stress
Stoichkov décale le ballon. Bakero le bloque. Koeman dégaine. Le mur s’effrite. Le cuir file au fond des filets de Gianluca Pagliuca. Le FC Barcelone et son maillot orange d’un soir sont à huit minutes du paradis. Trente-et-un an après avoir ouvert le score face au Benfica et avoir passé dix minutes en tête d’une finale de C1, le club catalan reprend les rênes de son rêve. Et il n’a plus le droit de les lâcher. Il ne les lâchera pas. Joueur, Johan Cruyff avait remporté sa première C1 sur la verte pelouse de Wembley. Entraîneur, il en fait de même, vingt-et-un an plus tard.
1992 est une année que Barcelone n’oubliera jamais. De cette Coupe d’Europe des Clubs Champions à l’organisation de fantastiques Jeux Olympiques sur la colline de Montjuic, la capitale catalane a connu un été comme on n’en vit pas deux fois. Joan Gaspart, vice-président d’alors (ndlr : il le fut entre 1978 et 2000), n’a pas oublié. Comment pourrait-il en être autrement ? "Cette finale, je m’en souviens très bien car je l’ai vécue d´une manière un peu... spéciale. Je suis quelqu’un qui a toujours vécu les matches du Barça avec passion, et encore plus quand j´étais dirigeant". De la passion à la pression, il n’y a qu’un pas que Gaspart a franchi allégrement ce soir-là. "A la première minute, je suis parti de la tribune officielle car je ne pouvais pas supporter le stress. Je suis parti me balader dans les environs de Wembley. Il y avait un parc, c´était reposant."
Le dirigeant est finalement retourné dans le stade. Mais pas où vous l’imaginez. "Je ne suis revenu qu’à la fin du temps réglementaire. Et pendant la prolongation, je me suis enfermé dans une pièce, tout seul, près des vestiaires." Le pétard historique de Koeman, il ne l’a jamais vu en vrai. Mais il l’a ressenti. "J’ai su qu’il avait marqué car la pièce était située en dessous des supporters de la Sampdoria. Et j’ai entendu leurs cris de douleur... A la fin du match, j’ai été soulagé quand un membre du service d’ordre de Wembley est entré dans la pièce et m’a dit ‘Congratulations Sir’. Ce que j´ai ressenti à ce moment-là fut indescriptible."
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Josep Guardiola, à gauche, soulève la Coupe d'Europe des clubs champions avec Hristo Stoïchkov lors de la victoire du FC Barcelone en 1992. Il la gagnera sur le banc du club catalan en 2009 et 2011.

Crédit: Imago

1992, point de départ

La suite appartient à l’histoire. A la légende, même. Le FC Barcelone est, enfin, sur le toit de l’Europe. Ses trois Coupes des Coupes et ses Coupes des Villes de Foire n’avaient pas assouvi la faim catalane qui ne soutenait pas la comparaison avec l’ogre castillan. C’est désormais chose faite. Le Real Madrid se retrouve dans l’ombre de la Dream Team calatane. "L’arrivée à l´aéroport fut incroyable. Des milliers de personnes sur la route, le drapeau blaugrana à la main... C´est une image qui me restera gravée à vie, reste ému Joan Gaspart. On m’a dit après qu'il y avait eu un million de personnes dans les rues, entre nos réceptions à la mairie, le Camp Nou... Même si je ne suis pas superstitieux, je peux dire qu’on avait enfin vaincu la malédiction."
Arrivé aux commandes d’un Barça en crise quatre ans plus tôt, Johan Cruyff a mis sur pied une machine de guerre séduisante, armée d’une culture à nulle autre pareille. La victoire a validé la philosophie de l’ancien numéro 14 et ouvert la porte à tout ce dont vous avez été témoin depuis une grosse décennie et que Joan Gaspart résume le plus simplement et naturellement du monde : "Guardiola, Messi, Xavi… Tout ce que vous avez vu depuis vingt-cinq ans après est venu de Wembley".
Propos recueillis par François David
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