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Ligue des champions - Arsenal : Ne jamais enterrer Olivier Giroud !

Bruno Constant

Mis à jour 01/11/2016 à 16:44 GMT+1

Auteur d'un doublé après son entrée à Sunderland (4-1) samedi, l'attaquant français d'Arsenal a signé son retour en Premier League après cinq semaines d'absence (orteil). Il a fait taire les critiques et a montré une fois de plus qu'il retombait toujours sur ses pattes.

Olivier Giroud (Arsenal)

Crédit: Panoramic

Chaque année, c'est la même chose. Il a droit à son lot de critiques, sur son efficacité, son style, un peu pataud, pas très élégant, en club comme en sélection, en Angleterre comme en France. Bref, il en prend pour son grade, pour être poli. Son statut de titulaire est remis en question et, chaque été, les noms défilent dans la rubrique "transfert" pour venir le remplacer. D'habitude, tout ça arrive un peu plus tard dans la saison lorsqu'Arsenal piétine et que son attaquant traverse un désert sans but.
Cette fois, le vent a soufflé avant même la fin de l'été et la tombée des feuilles. Avant même qu'il ait eu le temps de digérer la finale d'un Euro perdue face au Portugal mais qui l'a vu renverser les cœurs dans l'opinion française. Avant même d'avoir pu retrouver le rythme après des vacances prolongées et un retour tardif. Contrairement à son compère Laurent Koscielny, rappelé une semaine plus tôt pour pallier les blessures de Mertesacker et Gabriel mais tout de suite dans le rythme, Giroud a mis davantage de temps à retrouver la forme.
Arsène Wenger l'a relégué sur le banc et, très vite, certains en ont déduit que sa situation était inquiétante. Mais on a oublié que l'Alsacien, échaudé par la blessure de Ramsey dès la première journée après avoir précipité son retour, a simplement voulu prendre son temps, estimant que son joueur n'était pas prêt. Il a opté pour Theo Walcott dans l'axe puis Alexis Sanchez. Il aurait pu le relancer face à Southampton (2-1), trois jours avant Paris, mais il lui a préféré Lucas Perez, la nouvelle recrue offensive des Gunners. Et comme Arsenal gagnait...
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Alexis Sanchez (Arsenal)

Crédit: Panoramic

Le couac du Parc

Frustré par cette situation et nerveux lors de son entrée au Parc des Princes, Giroud n'a pas arrangé son cas en étant expulsé ! Et quelques jours plus tard, il s'est blessé à un muscle du gros orteil. Résultat : cinq semaines d'absence. Cinq semaines durant lesquelles les observateurs n'ont cessé de souligner l'importance du repositionnement d'Alexis - "plus mobile que Giroud" - dans les bons résultats d'Arsenal, puis la renaissance de Walcott (déjà 8 buts) allant même jusqu'à avancer l'idée que les Londoniens étaient "meilleurs sans Giroud" (Shearer). En signant deux (jolis) buts sur ses deux premières touches à Sunderland (4-1) au moment où son équipe s'était faite rejoindre, Giroud a non seulement rappelé qu'il pouvait être adroit devant le but mais également utile pour sa formation, notamment face à un bloc bas et une défense regroupée. Une présence dans la surface qui aurait peut-être débloqué la situation face à Middlesbrough (0-0), une semaine plus tôt. Mais il a également faire taire une partie des critiques.
C'est comme ça depuis son premier jour chez les Gunners (2012) où il a succédé à Robin Van Persie, où il subit les comparaisons avec ceux qui sont passés avant lui, de Wright à Henry, et où on a tendance à l'enterrer un peu trop vite. En 2013, le club a tenté de recruter Luis Suarez à Liverpool. Giroud avait répondu en inscrivant trois buts lors de ses trois premières apparitions de la saison. En 2014, Arsenal est allé chercher Alexis puis Welbeck. On lui prédisait une place sur le banc et le Français avait fini par regagner sa place. En 2015, il a fait les frais du repositionnement de Walcott dans l'axe avant de redevenir titulaire. Et, depuis cet été, il doit faire avec la nouvelle concurrence de Lucas Perez. C'est comme ça. Le Grenoblois doit vivre avec. Il le sait et le vit plutôt bien, ce qui montre chez lui une incroyable force mentale dont Arsène Wenger a toujours été admiratif.
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Wenger "admire" Giroud : "Il montre une force mentale fantastique"

L'interview qui a fait mal

J'ai souvent retrouvé Olivier Giroud dans le grand hall de l'Emirates Stadium après les rencontres pour discuter, en "off". Dans les bons comme les mauvais moments. Il fait partie des rares à ne jamais se défiler quand d'autres détournent le regard ou font semblant de ne pas entendre lorsqu'on les appelle. Il a toujours été soucieux de l'image qu'il pouvait renvoyer et à la recherche d'une reconnaissance qui fait souvent débat. Vous avez sans doute tous en mémoire l'interview d'Olivier Giroud dans L'Equipe le jour du huitième de finale aller de la Ligue des Champions face à Monaco (1-3), en 2015. L'attaquant français y défendait ses "stats" face aux meilleurs attaquants de la Premier League, Agüero et Costa.
Mais, le soir-même, l'ancien Montpelliérain avait tout raté ou presque face aux Monégasques. Ce jour-là, on lui avait reproché tous les maux de la terre, fait porter le chapeau de la défaite et sans doute l'élimination du club londonien en se gardant bien de préciser que ce n'était certainement pas sa faute si son équipe avait concédé trois buts à domicile lors d'un huitième aller. Mais le mal était fait. Giroud était passé pour quelqu'un d'arrogant, qui voulait être considéré comme un grand attaquant mais n'était pas foutu de le montrer sur le terrain le moment venu.
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Monaco a souffert face à Arsenal mais Giroud et les Gunners n'ont pas réussi l'exploit.

Crédit: AFP

Le timing de l'article était malheureux et avait échappé à une règle d'or à laquelle se tiennent de nombreux joueurs : pas d'interview les jours de matches. Celle-ci, réalisée six jours auparavant, aurait dû paraître la veille de la rencontre. Dans cet entretien que j'avais réalisé à Hampstead, le quartier des Frenchies d'Arsenal, Giroud ne vantait pas ses statistiques. Il était dans la forme de sa vie (huit buts et trois passes décisives lors des onze dernières rencontres) mais devait, encore et toujours, défendre son bilan face aux critiques et comparaisons avec le gratin du football européen.

Un délit de sale... style

Car, disons le tout de suite, Olivier Giroud souffre d'un délit de sale gueule. Ou plutôt de sale "style". Il n'a pas l'élégance d'un Bergkamp ou d'un Van Persie et ne plante pas quarante buts par saison mais il n'est pas non plus le joueur pataud et inefficace qu'on décrit parfois. On a souvent été dur avec lui, trop dur. Est-il un attaquant de classe mondiale ? Non. Mais il n'en a pas non plus le prix. Giroud a coûté trois fois moins cher que Diego Costa et Sergio Agüero. Et, pourtant, le Grenoblois a toujours fait ses saisons à Arsenal, avec une vingtaine de buts par exercice (84 en quatre années complètes).
Comme beaucoup d'attaquants, il traverse des périodes de disette, parfois longues (2 buts en 20 rencontres début 2016), et au cours desquelles son manque de confiance se traduit par une maladresse et une justesse technique effroyables. C'est simplement que la frontière entre le bon attaquant qu'il est et le joueur moyen qu'il peut être est infime. Il n'est pas celui qui tire l'équipe vers le haut mais celui qui l'accompagne et rend les autres un peu meilleurs autour de lui. Ses dix buts en équipe de France la saison passée et son entente avec Antoine Griezmann durant l'Euro l'ont prouvé.
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Griezmann et Giroud

Crédit: AFP

Mais, depuis une petite phrase prononcée en 2015 par un ancien Gunner, un Français comme lui - vous voyez de qui je veux parler ? - oui, Thierry Henry - il y a cette idée qu'Arsenal ne peut pas être champion avec Giroud. C'était pourtant déjà le cas avant l'arrivée de l'ancien Montpelliérain. En fin de saison dernière, le joueur et son entourage ont donc envisagé tous les cas de figure. En cas d'arrivée d'un attaquant de grande envergure, comme on le murmurait au sein du club, le Français aurait peut-être été voir ailleurs, notamment en Italie où plusieurs clubs (Juventus, Naples) lui font les yeux doux depuis quelques saisons. A 30 ans, il y aurait eu pire comme rebond. Mais Arsenal a signé... Lucas Perez. Et quelque chose me dit que les Gunners auront encore besoin de Giroud cette saison.
Bruno Constant fut le correspondant de L'Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd'hui avec RTL, Europe 1, Rfi et i-Télé en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.Pour approfondir le sujet et l'actualité de la Premier League,
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