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Malédiction, enfer et remontada : dernière messe européenne au stade Vicente-Calderón

Nina Aissaoui

Mis à jour 10/05/2017 à 17:58 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - L'Atlético recevra ce mercredi le Real Madrid après avoir été giflé par son proche rival au match aller (3-0). La rencontre marquera surtout le dernier match de Ligue des Champions au stade Vicente-Calderón, avant qu’il ne soit démoli et transformé en centre commercial. Les Colchoneros se préparent aux adieux. Reportage.

Le stade Vincente-Calderon de l'Atlético Madrid avant la demi-finale de la Ligue des champions en 2016 contre le bayern Munich

Crédit: Getty Images

Un vent de nostalgie enrhume les travées du stade Vicente-Calderón. Il annonce la fin d'une époque. Douloureuse et cruelle. C'est l'histoire entre l'Atlético Madrid et la Ligue des champions. "Une coupe qui ne veut pas de nous" peste Xabi, un Colchonero de la première heure. Il engloutit sa seconde cerveza du jour, au bar mythique 1903 du stade, puis lâche : "Nous sommes maudits ! Depuis 2014, nous avons joué deux finales sans jamais les gagner. Cette génération mérite pourtant une coupe d'Europe. Elle n'en aura peut-être pas."
C'est que la thèse de la malédiction a fait son petit chemin à Madrid. Si bien que l'idée de changer d'adresse a fait quelques adeptes chez les Rojiblancos : "Je sais que ce n'est pas une histoire de stade. Le Calderón, en plus, nous a porté bonheur plusieurs fois en championnat ou en Copa del Rey", tempère un habitué des lieux, "mais peut-être que bouger d'ici va permettre de démarrer une nouvelle page, de mettre fin à la malédiction si certains y croient, et de repartir sur des nouvelles bases". La messe est dite.

"C'est comme se moquer de notre histoire"

Avant ça, le temple des Colchoneros abritera sa dernière partie de C1 dans quelques heures. Un adieu aux allures de deuil pour une bonne partie des Indios, meurtrie et mélancolique de la page qu'elle s'apprête à tourner : "Je ne changerai pas mes habitudes mercredi. Je trainerai aux alentours du Calderón", glisse Javier Soto, venu jeter un ultime coup d'œil au musée de l'Atléti enraciné au sein même du stade, "je veux sentir une dernière fois cette douce odeur des grands matchs dans un quartier aussi beau que celui de Manzanares."
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Devant le stade Vincente Calderon, une échoppe d'écharpes de l'Atlético Madrid

Crédit: Getty Images

Manzanares, donc. Ce petit bout de Madrid, en plein centre-ville, où l'Atlético a décidé il y a un demi-siècle de poser ses affaires et d'y bâtir son fief. Une fois la saison achevée, le Calderón sera démoli. Puis il deviendra, dit-on, un centre commercial. "Une tristesse infinie " pour Antonio, socio par héritage familial.
J'entends dire que la décision de changer de stade divise les fans de l'Atléti à 50/50. Je n'en connais que des contrariés. Et puis, raser Calderón... C'est comme se moquer de notre histoire.
Il pointe ses enfants du doigt : "Je leur dirai quoi plus tard ?" L'avenir de l'Atlético, il se jouera à 16 km du Vicente Calderón : au stade de la Peineta fraîchement rénové. 15 000 places de plus, du WIFI... "Un vrai stade moderne, dans l'air du temps. Le seul hic c'est qu'il est situé au milieu de nulle part. Je ne sais pas comment autant de gens pourront s'y rendre" déplore Jorge, socio du club.

"Bernabeu, on dirait un parc d'attractions !"

L'ultime rendez-vous européen à Calderón n'est pas seulement une question d'adieu. C'est aussi une affaire de fierté. Car si une minorité de Colchoneros soupçonne une malédiction de l'Atlético en LDC, son voisin a tout fait pour le lui faire croire. Le Real Madrid, "ce club de riches et d'arrogants" juge-t-on aux abords de l'antre des Indios, est "la bête noire" des garçons de Simeone. Jamais, l'Atlético Madrid n'a gagné - et encore moins éliminé - son frère ennemi dans une compétition continentale. Pire encore, ces deux dernières finales perdues en 2014 et 2016 l'ont été face à son éternel rival. Antonio lance alors les hostilités : "On ne sait plus combien ils ont de Ligue des champions ! Douze ou treize... (onze, ndlr) On veut montrer à l'Europe qu'un autre Madrid peut triompher. Un Madrid aux antipodes de celui du Real où tout doit briller." Il abat sa dernière punchline : "Regardez leur stade ! Bernabeu, on dirait un parc d'attractions !"

Les aficionados de l'Atlético sont unanimes. Pour boucler la boucle, il n'y a pas meilleur adversaire que son ogre de voisin. "On promet l'enfer au Real Madrid", jure un membre d'une peña. Pourtant, à l'issue du match aller au stade Santiago Bernabeu, les mines déconfites des Colchoneros ne laissaient poindre aucun espoir de remontada, même si Diego Simeone a affirmé à la fin du match : "Nous allons épuiser toutes nos chances, si infimes soient-elles."
Le Real s'est assis sur un matelas confortable et visitera Calderón avec trois pions de plus que son petit frère. "Mais vous connaissez notre devise ?" prévient Luis. "Nunca dejes de creer" (Ne t'arrête jamais d'y croire) Ce sont nos valeurs : la lutte et le courage. On est comme ça, ici. L'Atlético ne plie jamais. Alors, on les embêtera jusqu'à la dernière seconde." Il ajoute : "La Coupe d'Europe c'est le zénith, le Graal. On veut notre part du gâteau !" L'honneur d'un stade est en jeu mercredi soir, la fierté d'un peuple aussi. Les tribunes de Manzanares veulent enfin briser le signe indien pour sa dernière danse européenne. Et faire taire un voisin bien trop bruyant à ses oreilles. Avant de devenir poussière, le Vicente Calderón veut exulter à son tour.
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Diego Godín (Atlético Madrid) vs. Lucas Vázquez (Real Madrid)

Crédit: Getty Images

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