Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Encore aujourd'hui, la Roma ne peut pas se passer de Totti

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 24/04/2018 à 16:02 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Moins d’un an après la retraite de son joueur le plus emblématique, la Roma a enfin retrouvé le dernier carré d’une Coupe d’Europe, mais c'est aussi grâce à Totti qui a su trouver ses marques hors terrain.

Francesco Totti 2018

Crédit: Getty Images

C’est comme passer sa vie de clubber dans les discothèques les plus branchées sans jamais accéder au carré VIP. Francesco Totti a participé à vingt campagnes européennes en vingt-quatre saisons avec la Roma en allant, au mieux, jusqu’en quart. Trois fois en Coupe de l’UEFA (1992/93, 1995/96 et 1998/99) et deux fois en Ligue des champions (2006/07 et 2007/08). Un “record” probablement inédit pour un joueur de cette trempe.
Il faut dire aussi que la Louve n’a jamais été à son aise sur la scène européenne avec une Coupe des Villes de Foires remportée en 1962, une demi de Coupe des Coupes huit ans plus tard et deux finales perdues à domicile. La fameuse de C1 contre Liverpool en 1984 aux tirs au but, et celle de C3 face à l’Inter en 1991 lorsque l’acte décisif se déroulait encore en aller-retour. C’est donc un exploit que celui réalisé par Eusebio Di Francesco au lendemain de la retraite de cette légende.

Un entraîneur libre et des coéquipiers responsabilisés

Les adieux de Totti au football le 28 mai dernier ont été un immense moment de communion et une fête unique à laquelle une seule personne n’était toutefois pas la bienvenue. Luciano Spalletti n’avait eu le droit qu’à une froide poignée de main, responsable d’avoir accéléré la fin de carrière d’un joueur qui allait pourtant vers ses 41 ans. Dix-huit mois de cohabitation qui ont été un long feuilleton médiatique centré sur des rapports toujours plus détériorés entre le coach et son capitaine. Une situation qui avait gangrené les conférences de presse et mis au ban un entraîneur à la moyenne de points par match record et capable de faire du numéro 10 un redoutable joker. Un nouveau statut qui lui même conditionnait les autres joueurs du groupe trop souvent réduits à attendre son entrée en jeu afin de leur sauver les miches. Bref, vous l’auriez compris, l’engrenage était particulièrement vicieux.
L’été dernier, l’effectif et le nouveau coach sont repartis de zéro de ce point de vue. Le nouveau contexte était beaucoup plus sain et serein. De fait, les cadres, nouveaux (Kolarov, Alisson) ou anciens (De Rossi, Dzeko, Nainggolan, Strootman), ont pris leurs responsabilités tandis que Di Francesco peut coucher ses formations sans avoir de comptes à rendre et notamment à une presse locale envahissante. Des erreurs ont été faites, si bien que la Roma possède huit points de moins que l’an passé au même stade de la saison, mais la chasse au bouc-émissaire n’est plus à l’ordre du jour. Enfin, imaginez la situation de Patrick Schick, recrue la plus onéreuse de l'histoire du club, avec un Totti invoqué par tout un peuple pour jouer à sa place. Au lieu de ça, le Tchèque apprend de ses atermoiements et ne se fait pas écraser mentalement.
picture

Francesco Totti

Crédit: Imago

Une reconversion bien engagée

Il est tentant de mettre ce long blocage européen sur le dos de Totti, mais il s’agirait d’un procédé malhonnête, aussi parce que celui-ci a su mettre son égo de côté dans sa nouvelle vie alors que son passé fait de lui un personnage légitimement encombrant. Absent de l'organigramme officiel, il a eu pour mission d’intégrer le directeur sportif Monchi dans son nouvel environnement de travail, lequel peut donc compter sur un guide hors-pair. Totti n’est ni un recruteur ni un diplomate mais bien un parfait trait d’union entre le staff et la direction, fort de sa relation privilégiée avec Eusebio Di Francesco, son ancien coéquipier de 1997 à 2001.
La synergie est totale entre deux hommes qui s’apprécient profondément et collaborent sans empiéter cependant sur les compétences de chacun. Totti reste aussi le précieux point de repère d’un vestiaire qu’il a fréquenté jusqu’il y a peu, voici ce qu’il disait au Corriere della sera en novembre : “J’ai la chance de pouvoir être avec l'équipe, l'entraîneur et les dirigeants. Je partage les matches avec eux, les mises au vert, je suis dans le bus. Je vais tous les jours dans les vestiaires sauf que je ne me déshabille plus. Je sais ce qu’y signifient les mots, les regards, j’en connais les dynamiques. Je travaille à 360 degrés.” Pour les curieux, il a abandonné l'idée d'être entraineur après avoir un temps pensé en suivre la formation.
picture

Eusebio Di Francesco et Francesco Totti - 2018

Crédit: Getty Images

La valorisation d’un patrimoine

Tirer des conclusions après moins d’un an serait trop hâtif, mais la Roma et Totti sont en train de réussir là où d’autres ont échoué. A savoir, ne pas dilapider dans la nature le précieux patrimoine que représente le joueur le plus emblématique de l'histoire de son propre club. A titre de comparaison, Alessandro Del Piero s’est fait éjecter de la Juve et sa nouvelle carrière de consultant et la décision de s’établir en Californie semblent l’en avoir éloigné pour un moment.
Paolo Maldini a pris sa retraite il y a déjà neuf ans et un retour au Milan n’est toujours pas prévu, d’abord à cause de l’égo de Silvio Berlusconi et sa bande, ensuite pour ses nombreux doutes émis sur la crédibilité financière des nouveaux propriétaires. Aujourd’hui, il en est tristement réduit à faire de la promotion d'un site de paris sportifs sur ses réseaux sociaux. Quant à Javier Zanetti, il a bien été immédiatement nommé vice-président de l’Inter, mais il s’agit principalement d’un rôle d’ambassadeur sans aucun pouvoir décisionnel, pis, il semble dépassé par les nombreuses vicissitudes qui caractérise l'actualité de son équipe depuis sa retraite. Pupone 1, Pupi 0.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité