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Javier Tebas a le beau rôle et la mémoire un peu courte

Glenn Ceillier

Publié 30/10/2017 à 16:43 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - Javier Tebas s'en est encore pris au PSG, qu'il compte attaquer sur le fair-play financier. Le positionnement du président de la Liga a de quoi amuser quand on connait un peu l'histoire récente des clubs de la Liga en termes d'éthique et de probité.

Javier Tebas, président de la Ligue de football professionnelle espagnole

Crédit: AFP

Il s'érige en chevalier blanc du football européen. En sauveur du fair-play financier et en garant d'un marché sain et juste. Depuis cet été, Javier Tebas, le président de la Ligue espagnole de football professionnel, assume à la perfection son nouveau rôle. Il a pris à bras le corps cette mission qu'il s'est donnée : tout tenter pour faire perdurer l'ordre établi et surtout punir le PSG après son attaque aussi inattendue que déstabilisante envers le FC Barcelone et la Liga l'été dernier en arrachant Neymar aux Blaugrana. Si vous n'avez pas la mémoire trop courte, cela peut sembler un peu facile.
Bien sûr, Javier Tebas défend son camp. La Liga a subi une vraie claque en perdant Neymar, star planétaire et "produit marchandising" de luxe. Le Barça mais aussi le championnat espagnol dans son ensemble ne peuvent que se mordre les doigts d'avoir vu un jeune joueur possédant une telle attractivité s'en aller. C'est une perte non négligeable... Sur le papier, Tebas a aussi le statut idéal pour le faire. Si Malaga a été sanctionné en 2013, ses clubs, le FC Barcelone et le Real Madrid en tête, rentrent dans les clous du fair-play financier imposé par l'UEFA. Mais voir le président de Liga se placer dans ce rôle a aussi de quoi amuser.

Les géants d'Espagne régulièrement épinglés

Sur le plan financier, le football espagnol n'a pas toujours été une référence en la matière. Et c'est un euphémisme. En plus des interdictions de recrutement de ses principaux clubs ces dernières années pour des transferts de mineurs, voici quelques rappels récents pour l'illustrer. En novembre dernier, le quotidien espagnol El Confidencial a révélé que le fisc espagnol voulait récupérer 52 millions d'euros au Real Madrid, au FC Barcelone et trois autres grands clubs de Liga. La raison ? Des frais payés lors de transferts par les clubs sous forme de commissions à des agents qui étaient en réalité des rémunérations indirectes aux joueurs. Or, les footballeurs auraient dû les déclarer au titre de l'impôt sur le revenu.
Autre affaire récente : en 2016, la Commission européenne a condamné le Real Madrid, le FC Barcelone et cinq autres clubs à devoir rembourser des "aides publiques illégales" perçues en Espagne. "Le fait d'utiliser l'argent des contribuables pour financer des clubs de football professionnels peut générer une concurrence déloyale", avait alors souligné la commissaire européenne Margrethe Vestager, en charge des questions de concurrence. Une condamnation qui peut faire sourire alors que Tebas estime que le PSG est favorisé par une aide d'état déguisée du Qatar.

Le fair-play financier a "oublié" les dettes des clubs espagnols

Ce n'est d'ailleurs pas la seule fois où les propos de Tebas peuvent choquer au vu du passé. Ainsi quand il dénonce "la concurrence déloyale" du club parisien, il est logique de se demander ce qu'il aurait dit sur "Loi Beckham", supprimée en 2010, mais qui a permis pendant quelques années à la Liga d'attirer des grands noms grâce à un système fiscale très avantageux ? Enfin, il faut aussi rappeler que le fair-play financier a fait le bonheur des clubs espagnols en ne prenant pas en compte les dettes des clubs. Au moment de l'instauration de son gendarme financier, l'UEFA ne pouvait en effet pas sanctionner un club sur une période où la règle n'était pas encore en vigueur. Il n'y a pas donc eu de rétroactivité : les dettes notamment du Real Madrid et du Barça, qui ont certes baissées ces dernières années, sont ainsi passées entre les mailles du filet…
Depuis, Barcelonais et Madrilènes prennent un malin plaisir à jouer les bons élèves en affichant des recettes record. Mais la donne était quand même biaisée au départ. Tous ces faits peuvent d'ailleurs un peu agacer quand on voit la Liga se dresser en redresseur de torts. Mais ça ne perturbe pas Javier Tebas comme il l'affirme quand L'Equipe l’interroge sur l’effacement des dettes de certains clubs : "Ce n'est pas parce que nous aurions fait de la merde, qui nous devrions laisser d'autres faire de la merde". Au PSG de démontrer qu'il n'a pas tenté la même logique pour atteindre les sommets.
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