Kevin Trapp, le patient allemand

A l'heure où les joueurs du PSG étaient interrogés mercredi sur leurs préférences pour le tirage au sort du Mondial 2018, Kevin Trapp avait pris un air un peu mélancolique, et expliqué qu'il ne pensait pour le moment pas au tournoi planétaire.

"Franchement, la Coupe du monde est encore loin, avait-il poliment répondu. Bien sûr, on va regarder le tirage au sort mais je dois dire que je n'ai pas encore pensé à ça". Le gardien de 27 ans ne faisait pas partie de la sélection championne du monde en 2014, contrairement à son coéquipier Julian Draxler. Et cette année encore, Trapp n'est pas forcément dans les meilleures conditions pour espérer faire le voyage en Russie avec l'Allemagne, en juin et juillet prochain.

Car les sélectionneurs préfèrent faire appel à des joueurs qui jouent régulièrement en club et, depuis le début de la saison, ce n'est vraiment pas le cas de Trapp, relégué au deuxième rang hiérarchique dans les buts derrière le Français Alphonse Areola.

Lors du match suivant Troyes, ce déplacement à Strasbourg perdu par le PSG à la surprise générale (2-1), le beau gosse allemand a retrouvé le banc de touche et laissé Areola encaisser deux buts de Nuno Da Costa et Stéphane Bahoken. Et mardi face au Bayern Munich, le natif de Merzig, près de la frontière française, formé à Kaiserslautern, devrait à nouveau être laissé sur le banc par son entraîneur Unai Emery. Le Basque a récemment loué son état d'esprit et assuré qu'il "méritait de débuter des matches", mais aussi déclaré qu'Areola "a toute notre confiance".

L'Allemand n'a jamais vraiment démérité mais s'est quand même signalé par quelques boulettes depuis son arrivée à Paris, à l'été 2015 en provenance de l'Eintracht Francfort contre une dizaine de millions d'euros. Contre Troyes, il a réalisé quelques belles parades mais aussi relâché quelques ballons pas forcément compliqués à contrôler. A priori, le joueur apprécié de ses collègues n'a donc pas forcément les arguments pour espérer renverser la tendance auprès de son entraîneur.

L'alternative pour s'assurer une place à la Coupe du monde serait donc de se trouver un nouveau club lors du mercato d'hiver. Après tout, le PSG va devoir dégraisser son effectif pour tenter d'entrer dans les clous du fair-play financier. Mais Trapp fait-il partie des éléments susceptibles d'être vendus ? Emery ne cesse d'insister sur l'importance de la "concurrence", et l'autre gardien de l'effectif parisien, le jeune Rémy Descamps (21 ans et aucun match professionnel), n'a pas franchement de référence pour garder Areola sous pression.

Et Paris a d'autres priorités cette hiver que de se dégotter un nouveau gardien de but : vendre quelques uns de ses joueurs, donc, mais aussi si possible recruter un milieu défensif susceptible de remplacer le vétéran Thiago Motta, qui arrêtera probablement sa carrière en juin prochain.

Enfin, où pourrait aller le gardien allemand ? Il était évoqué du côté du Borussia Dortmund, mais le club de la Ruhr a récemment prolongé son gardien titulaire, Roman Burki, tandis que son numéro 2, Roman Weidenfeller, est une star locale. Ailleurs en Europe, en Angleterre par exemple (son nom a été cité du côté de Crystal Palace), Trapp ne serait pas assuré de bénéficier d'une meilleure exposition.

D'où une volonté de temporiser : "Je ne suis pas satisfait de la situation et je l'ai déjà dit plusieurs fois, c'est normal parce que tu veux toujours jouer, mais c'est rien de méchant". Et si son entraîneur lui assure un temps de jeu minimal, par exemple en championnat comme il l'a fait contre Troyes, Trapp aurait peut-être plus de chance de convaincre Joachim Löw de le convoquer pour la défense du titre de champion du monde de la Mannschaft.