L’antisèche de Manchester United-Séville (1-2) : Ça pendait tellement au nez de Mourinho

On s’est ennuyé. Longtemps. Très longtemps. Puis, on s’est enthousiasmé. Intensément. Pendant près de 70 minutes, le match a longtemps ressemblé aux copies habituelles des Mancuniens. "Boring United" a été à son image : plan-plan, sans liant collectif et sans sauveur devant. En face, Séville s’est appliqué à contenir le bloc opposé mais n’a pas oublié de jouer au football, contrairement à son adversaire. Puis, Ben Yedder est entré. Un doublé historique plus tard et, bizarrement, la rencontre a regagné en rythme. C’était trop tard pour United qui ne peut s’en prendre qu’à lui-même.

Difficile de trouver meilleur timing pour briller. A deux jours de la dernière liste de Didier Deschamps avant la Coupe du monde, les Français de Séville ont tous rendu une copie brillante. Ben Yedder bien sûr avec son doublé magnifique, mêlant technique, sang-froid et instinct. Magnifique, Clément Lenglet l’a été derrière, muselant constamment Romelu Lukaku. Au milieu, Steven Nzonzi a été impérial. Mention spéciale aussi à Ever Banega, délicieux techniquement.

Côté mancunien, les satisfactions sont rares. Alexis Sanchez a continué sa difficile adaptation en multipliant les pertes de balle. Matic et Fellaini ont souffert et n’ont jamais servi leurs attaquants dans les bonnes conditions tandis que Bailly, auteur de quelques retours salvateurs, est coupable sur l’ouverture du score. Paul Pogba et Anthony Martial, entrés en jeu, n’auront rien changé.

Impossible de passer à côté. Laissé sur le banc par Vincenzo Montella, Wissam Ben Yedder a su saisir sa chance. Mais, à la 72e, lorsque l’ancien international italien a lancé le Français dans le bain, il a su saisir sa chance. Bénéficiant du gros travail de Muriel, il a mis deux petites minutes à débloquer la situation. Sur son deuxième ballon, il est allé crucifier De Gea d’un enchaînement fantastique. Avant de s’offrir le doublé. Le facteur X par excellence.

En 180 minutes face au FC Séville, présumé plus faible, Manchester United n’a cadré que cinq frappes. Ridicule pour un club qui empile les joueurs achetés à prix d’or.

La réponse est simple : José Mourinho. L’homme au vingt-cinq trophées est le premier responsable de cette piteuse sortie de route. Le "Special One" n’a pas d’égal pour faire déjouer les équipes adverses. Mais faire jouer la sienne, c’est autre chose. Depuis son arrivée en juin 2016 au club mancunien, il a dépensé 349 millions d’euros pour des joueurs dont il validé le profil.

Pour quelle identité ? Personne ne le sait vraiment. Face à des équipes supposées plus faibles, son Manchester ne sait pas faire. Surtout quand les deux milieux de terrain choisis s’appelent Matic et Fellaini qui ne sont pas spécialement connus pour leur capacité à faire briller leurs partenaires.

Sur l’ensemble de cette confrontation, United a joué dix minutes. Les dix dernières, quand le feu avait déjà pénétré dans la maison mancunienne. C’est évidemment insuffisant. Et, fatalement, puisque c’est sur cela qu’on le juge, Mourinho devra au moins sauver l’honneur en remportant la FA Cup, seul lot de consolation encore atteignable par son United. Car entre son échec à lutter contre City en championnat, sa sortie de route précoce en League Cup face à Bristol (2-1) et cette désillusion européenne, le "Special One" risque bien de perdre sa réputation dorée. A juste titre.