Ligue des champions : Ni Maradona ni Ronaldinho, Dembélé n'en reste pas moins une arme sous-estimée

Il ne marque pas autant qu'Harry Kane, n'est pas aussi décisif que Christian Eriksen, ne possède pas non plus la popularité de Dele Alli. Et pourtant, Mousa Dembélé suscite, ces dernières semaines, des éloges venus de toute part. "J'ai déjà dit que c'était un génie du football. Je le mets aux côtés de Ronaldinho, Maradona, Okocha, des joueurs avec qui j'ai eu la chance de jouer", a même lâché Mauricio Pochettino en conférence de presse fin février.

Il faut dire que l'international belge n'a jamais semblé aussi fort que cette saison. Les Spurs compteront plus que jamais sur lui pour sortir la Juventus lors des huitièmes de finale retour mercredi (20h45). D'autant que le milieu du club londonien a éclaboussé le match aller de sa classe, participant activement à la remontée mémorable de son équipe à Turin (2-2).

Il ne faut pas se tromper. S'il pense peut-être ce qu'il a dit – nul n'est mieux placé que lui après tout –, le manager de Tottenham s'est certainement prêté au jeu des comparaisons pour faire parler de Mousa Dembélé. Naturellement, ce dernier n'attire pas la lumière. Parce qu'il ne la cherche pas sur et en dehors des terrains. Parce que son rôle chez les Spurs dans le 4-2-3-1 de Pochettino, comme par le passé à Fulham, le condamne à une forme de discrétion. Dans les statistiques les plus visibles du moins.

S'il dispose d'une belle frappe, l'ancien de l'AZ Alkmaar n'a jamais inscrit plus de trois buts en Premier League au cours d'une même saison depuis 2012 et son arrivée en Angleterre. Idem dans la catégorie des passes décisives. Les pépins physiques ne l'ont certes pas épargné mais il a toujours été titulaire entre 26 et 30 matches avec les Spurs. Et ses statistiques en Coupe d'Europe ne traduisent rien de différent. Alors, en quoi est-il si important pour les siens ?

A l’instar de Marco Verratti, Mousa Dembélé possède un sang-froid remarquable qui lui permet de sortir proprement les ballons dans toutes les situations. Y compris lorsque le pressing adverse se fait intense. Il sent le jeu comme peu de joueurs et est capable, via des dribbles exécutés avec précision, d’éliminer plusieurs adversaires dans de petits espaces. Sa qualité de passe lui permet ensuite de trouver facilement ses partenaires. Il est généralement à l’origine des contres mais cette capacité à absorber la pression fait également de lui une arme redoutable dans le jeu placé, lorsque Tottenham évolue dans la moitié de terrain adverse. Face à la Juve, il a plusieurs fois trouvé des solutions alors même que les Italiens étaient positionnés très bas. Les occasions sont souvent venues de lui.

En Premier League, le Belge affiche un taux de passes réussies de 92% depuis le début de la saison alors même qu’il prend régulièrement des risques dans les transmissions. Parmi les milieux ayant disputé plus de 500 minutes, il fait mieux que tout le monde, à commencer par Ilkay Gündogan (91%), Fernandinho (90%), David Silva (89%) ou N’Golo Kanté (89%). Cette “propreté”, c’est un peu sa marque de fabrique. On la retrouve également dans les dribbles. Il en tente certes peu en volume par rapport aux joueurs offensifs mais réussit la très large majorité d’entre eux (plus de 90%). Ce qui fait de lui l’un des meilleurs spécialistes en Europe parmi ceux qui en tentent au moins toutes les 30 minutes. Certainement un héritage des saisons passées sur le front de l’attaque. Avant de reculer sur le terrain sous les ordres de Martin Jol.

Mousa Dembélé n’est peut-être pas un génie, un qualificatif généralement réservé à Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo. Mais il est précieux. D’autant qu’il a également des arguments sur le plan athlétique. Ses coéquipiers à Tottenham en sont parfaitement conscients. "Physiquement, c’est un monstre", expliquait récemment à Sky Sports son partenaire dans le double pivot, Eric Dier. "Si je devais payer pour voir un joueur, ce serait Mousa", ajoutait de son côté Danny Rose.

"J’aime avoir la balle autant que possible, dribbler les adversaires, passer aussi. Cela dépend du match, de la manière dont on doit jouer. J’adapte mon jeu en fonction. Parfois, il y a des espaces et c’est important de dribbler. D’autres fois, il y a tellement de monde qu’il faut savoir rester simple pour casser les lignes", confiait Dembélé au média britannique. Avant d’ajouter : "Je suis un joueur instinctif."

A Turin il y a trois semaines, la Juve avait su faire le break. Avant d’être rejointe au score et de subir le jeu. A Londres, les hommes de Massimiliano Allegri le savent : pour l’emporter, il leur faudra canaliser les éléments offensifs des Spurs mais aussi trouver une solution pour remédier au "problème" Dembélé.