Liverpool - FC Porto : l'improbable itinéraire de Moussa Marega, ancien joueur d'Amiens

Les plus belles histoires sont souvent celles qui n’étaient pas écrites à l’avance. Moussa Marega (27 ans) pourrait revendiquer une place parmi les parcours les plus inattendus. Au moment d’affronter les Reds lors de ce quart de finale où les Portistes, qui auront l’avantage de recevoir au match retour, l’international malien (18 sélections, 2 buts) se voit offrir une nouvelle occasion de briller sur la scène continentale, après son but au tour précédent contre l’AS Roma (3-1, 1-2).

Et depuis Amiens, où il est l’adjoint de Christophe Pélissier, Romain Poyet, qui a joué six mois avec Marega en Picardie entre janvier et juin 2014 ne s’attendait pas à retrouver son ex coéquipier à ce niveau. "Ce serait mentir de vous affirmer qu’il y a cinq ans, j’avais vu en lui un attaquant capable de s’imposer parmi un des meilleurs clubs d’Europe. Par contre, je trouvais qu’il avait le potentiel pour évoluer bien plus haut qu’en National."

A cette époque, l’attaquant franco-malien, arrivé du Poiré-sur-Vie quelques mois plus tôt, est encore méconnu. Né aux Ulis, puis passé par Evry (DH), Marega accompli une saison intéressante à Amiens, qui stagne en national. "J’arrivais de Caen, et j’ai été associé à lui pendant six mois. Il avait cinq ans de moins, mais déjà, j’avais remarqué ses qualités de vitesse. Il est puissant, et était impliqué dans le travail collectif. Il défendait beaucoup, quitte parfois à perdre en énergie et en efficacité. C’était un joueur intéressant, mais ni moi, ni lui ni personne, en 2014, n’imaginait qu’il serait aujourd’hui en passe de disputer un quart de finale de la Ligue des Champions. Il a su progresser, saisir sa chance et son exil au Portugal lui a été bénéfique", poursuit Poyet.

Moussa Marega, issue d’une famille nombreuse et modeste, n’a jamais fréquenté la rigueur d’un centre de formation professionnel. Il a compensé ce supposé handicap par sa volonté. "Mentalement, il était très fort", ajoute Poyet. Son expérience ratée à l’Espérance Tunis, où il reste six mois sans jouer en match officiel en raison d’un problème, l’oblige à vivre un nouvel exil au Maritimo Funchal, sur l’envoutante île de Madère. Les 12 buts qu’il inscrit (plus 8 passes décisives) en une saison et demi lui valent d’être transféré au FC Porto, qui n’hésite pas à investir 3,5 millions d'euros lors du mercato hivernal 2016 pour ce Francilien au physique de déménageur (1,83 m, 90 kg).

"Après six mois au FC Porto, il a été prêté au Vitoria Guimaraes, un bon club de Liga Primeira. Cela lui a fait beaucoup de bien. Là-bas, il a marqué des buts (13), et il a continué à progresser. Il est revenu plus fort à Porto", intervient le journaliste français Olivier Bonamici, commentateur pour Eurosport Portugal.

Dans la ville du Nord du Portugal, Marega, surnommé affectueusement Pés de Tijolo (pieds de brique) confirme ce qu’il a démontré au Vitoria, un club de la classe moyenne supérieure de l’élite portugaise. "Ce qu’il réalise depuis deux ans ne me surprend pas", glisse Alain Giresse, qui l’avait appelé pour la première fois en sélection nationale malienne en mars 2015, face au Gabon. "Au Portugal, on lui a fait confiance, et il a progressé à tous les niveaux, notamment tactiquement, une référence dans ce pays. C’est un vrai attaquant de pointe, mais qui ne reste pas planté devant à attendre les ballons", explique l’actuel sélectionneur de la Tunisie. "Ce qu’il y a d’intéressant avec Moussa Marega, c’est qu’il offre toujours des solutions. Dans un collectif, il ne se cache pas."

Au FC Porto, l’attaquant des Aigles du Mali, qui cultive avec régularité une réelle discrétion médiatique - "c’est un garçon agréable, pas compliqué, mais qui n’aime pas s’exprimer dans la presse", poursuit Giresse - s’est bâti une excellente réputation auprès des supporters.

"Oui, il est apprécié. Mais ici, il n’est pas considéré comme l’égal des grands attaquants passés par le club, tels le Brésilien Mario Jardel (167 buts entre 1996 et 2000), Lisandro Lopez (63 buts entre 2005 et 2009) ou Radamel Falcao (72 buts entre 2009 et 2011)", reprend Olivier Bonamici. "Il est considéré comme un très bon joueur, qui a pris une autre dimension depuis quelques mois. Marega est de plus en plus régulier, mais peut-être lui manque-t-il le vrai match référence en Ligue des Champions aux yeux des supporters ?"

Déjà auteur de six buts en C1, ce qui le place au troisième rang – à égalité avec Dusan Tadic (Ajax Amsterdam) – et à deux longueurs du duo Lionel Messi (FC Barcelone)-Robert Lewandowski (Bayern Munich), Marega est moins prolifique en championnat que l’année dernière. Son compteur est pour l’instant bloqué à huit, alors qu’il avait marqué vingt-deux fois en 2017-2018 Un bilan largement rehaussé par son efficacité en Ligue des Champions…