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Rééquilibré, le Bayern va une nouvelle fois refermer la page Heynckes

Alexandre Coiquil

Mis à jour 02/05/2018 à 13:04 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Eliminé en demi-finale face au Real Madrid, mardi soir à Santiago-Bernabeu, Jupp Heynckes n'aura pas réussi à refaire du Bayern Munich un vainqueur de C1. Pourtant, le technicien allemand est parvenu à remettre la partie sportive du club bavarois dans le droit chemin. Un petit miracle vu le laps de temps imparti.

Jupp Heynckes lors de Real Madrid / Bayern Munich

Crédit: Getty Images

Jupp Heynckes ou l'histoire d'un retour européen inabouti. Eliminé en demi-finale de la Ligue des champions avec le Bayern Munich, mardi soir dans un stade Santiago-Bernabeu qu'il connait si bien, le technicien allemand aura raté son pari de refaire de l'ogre bavarois un champion d'Europe en puissance. Arrivé début octobre 2017 pour remplacer un Carlo Ancelotti lâché par une partie du vestiaire, Heynckes aura savouré une sortie de la retraite dans l'ensemble réussie. Que ce soit au niveau des résultats, du jeu pratiqué, de la force psychologique retrouvée de son équipe, le natif de Mönchengladbach a remis un club en friches dans le droit de chemin et en état de marche en l'espace de quelque semaines. Avant d'en refaire un candidat à la Ligue des champions en quelques mois. Candidat à la C1, ce Bayern ne l'était pas à l'automne.
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Heynckes : "Ce match était une magnifique pub pour le football"

Rappelé par Uli Hoeness et le directeur sportif Hasan Salihamidžić, après l'éviction de Carlo Ancelotti, Heynckes n'avait pas hésité avant de replonger dans un monde qui lui manquait plus qu'il ne le croyait. D'un retard de cinq points en Bundesliga, il a refait du Bayern un champion inexpugnable et impitoyable. Dans le bilan de l'ancien technicien du Real Madrid, l'Athletic Bilbao et le Bayer Leverkusen, il y aura cette satisfaction d'avoir remis le Bayern à son image : carré, polyvalent, souple et ferme à la fois.
Mais il subsistera ce petit goût aigre-doux de ne pas avoir recréé la machine implacable qu'il avait eu sous ses ordres en 2011/2012, machine devenue parfaite en 2012/2013 et couronnée vainqueur de la Ligue des champions à Wembley. "Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu le Bayern être aussi fort", dira-t-il pourtant après la rencontre. De quoi ruminer la longue liste de regrets établie dans la capitale espagnole.
Nous avons fait un super match, nous avons été la meilleure équipe sur les deux matches
Raté est d'ailleurs un mot un peu fort dans l'ensemble car Heynckes et ses hommes ne sont pas passés loin de créer l'exploit de renverser le Real sur une double-confrontation en C1, ce qui aurait été un séisme monumental vu la série du Real dans la compétition. Le Real n'a plus connu une élimination avant la finale de la Ligue des champions depuis les demies de l'édition 2015 face à la Juventus. C'est dire si le Bayern est tout sauf passé à côté de sa demi-finale en repoussant la Casa Blanca dans ses dernier retranchements. Mais une addition de petits défauts donne un gros défaut. Avec un gros défaut, on ne gagne pas la C1.
Pour l'Allemand, pas grand-chose à reprocher à ses hommes dans le fond. Si lors du match aller, ils n'avaient pas réussi à continuer à mettre de l'intensité passée l'heure de jeu, le match retour aura permis une certaine forme de rédemption. "Nous avons fait un super match, nous avons été la meilleure équipe sur les deux matches", a concédé Heynckes en conférence de presse. "Mais après avoir fait une première période de classe mondiale ce soir, faire une erreur comme ça au retour des vestiaires et prendre ce but, ça rend les choses difficiles. Keylor Navas a été le meilleur joueur du Real ce soir."
Pourtant, au bout, perfection ou non, il y a les regrets et le sentiment de quelque chose d'inaccompli. Maladroit dans les 20/25 mètres adverses et privés d'un Robert Lewandowski évoluant à son véritable niveau, pas toujours précis dans le registre des coups de pied arrêtés, maladroit au niveau des centres, manque de jeu en première intention, la listes des défauts du Bayern - certes amoindri par les absences successives d'Arturo Vidal, Jérôme Boateng, Arjen Robben et Manuel Neuer - a été longue comme le bras. Heynckes ou pas. Cela rend la qualification du Real, plus tueur à défaut d'être plus joueur, loin d'être illogique.
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Thomas Müller

Crédit: Getty Images

L'énergie d'Heynckes

Le Bayern, caractériel, aura donc bousculé le Real, jusqu'à le laisser dans sa propre surface durant le dernier quart d'heure, lui aura collé un pressing monstre pendant ses moments forts, joués avec les montées des latéraux madrilènes et exploité l'absence de Casemiro avec le positionnement libre de James Rodriguez. Surtout, et en dépit des absences, le club de Munich aura même imprimé le ton dans l'entrejeu grâce à un double pivot Thiago / Corentin Tolisso mobile, dynamique et en capacité de briser des lignes par un sens du placement prononcé et une haute qualité de passe vers l'avant. Pourtant, comme à l'aller, la différence s'est faite avec les erreurs individuelles. Le Bayern aura offert un but par match au Real. Trop face à un tel adversaire, décevant ou non au niveau des idées de jeu.
Entre le Bayern qui avait pris une leçon au Parc des Princes fin septembre et celui aperçu en demi-finale, il y a pourtant eu un monde. Deux, trois, quatre, cinq classes d'écart même. Lors de son intronisation, avec son ancien staff de 2011/2013, Heynckes avait expliqué - de manière presque prophétique - de façon très claire ce qu'il avait en tête. "Mon travail est de constituer une équipe qui peut changer les choses. J’ai un plan clair pour cela et je sais comment l’appliquer. C’est important que les joueurs retrouvent la confiance par rapport à leur possibilité. Je veux créer une équipe ou chacun travaillera pour l'autre et où tout le monde se souciera de la réussite du club. (...) Pour avoir vu le Real, je pense que c'est un bon exemple à suivre."
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Heynckes : "L'erreur d'Ulreich ? C'était un simple trou noir"

Le feu sacré est toujours là chez Jupp Heynckes
Fermeté dans un gant de velours, diplomate autoritaire, discrétion, discours clair et lucide, l'équilibré Heynckes a redonné de la stabilité à un club qui avait perdu l'habitude d'en avoir ces dernières saisons. Forcément sa patte va manquer, surtout aux cadres qu'il a relancé psychologiquement (Thomas Müller, Franck Ribéry, Javi Martinez, Matts Hummels). Critiquée à l'époque par certains suiveurs et supporters du club bavarois, l'idée de ramener ce bon vieux Jupp fait presque l'unanimité aujourd'hui. A ce sujet, le double vainqueur de la Ligue de la Ligue des champions se défendait d'être dépassé ou "has been". "Je peux comprendre les sceptiques, mais le football n'est pas nouveau. Je connais deux ou trois choses dessus."
Ce n'est pas Thomas Müller qui dira le contraire. Après seulement quelques jours à la tête de l'équipe première, l'international allemand, redevenu Thomas Müller sous la coupe de l'Allemand, disait ceci : "Le feu sacré est toujours là chez Jupp Heynckes, il a diffusé beaucoup d'énergie." Cette énergie si positive va manquer. Même adoubé par Heynckes, Niko Kovac, son successeur, devra parvenir à insuffler la même. Ce sera son plus grand défi.
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Jupp Heynckes et Niko Kovac

Crédit: Getty Images

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