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Tottenham-Juventus : La Juve joue sa qualification, Allegri et Dybala leur avenir

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 07/03/2018 à 19:45 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - Mal embarquée après le nul 2-2 à l’aller à Turin, la Juventus est en ballottage défavorable avant le 8e de finale retour mercredi (20h45) à Wembley face à Tottenham. La situation de Massimiliano Allegri et Paulo Dybala pourrait être délicate en cas d’élimination.

Paulo Dybala lors de Juventus - FC Barcelone en Ligue des champions le 22 novembre 2017

Crédit: Getty Images

C’est le prix à payer quand on officie à la Juventus, mais aussi au Bayern. La dictature nationale, que ce soit en championnat ou en coupe (six scudetti et triple doublé coupe-championnat d’affilé pour les Bianconeri), ne suffit pas ou plus. Chaque coach et la génération qu’il entraine se doivent de couronner un cycle victorieux par un sacre européen sous peine de perdre une bonne partie du crédit accumulé précédemment.
Un constat qui défie même la circonspection qui distingue la direction de ces clubs depuis des lustres (et on pourra bientôt mettre le PSG dans le même sac) mais finalement dans la lignée de leur exigence extrême. L’entraineur et le numéro dix de la Vieille Dame ont le feu aux fesses, mais un éventuel départ se ferait de manière très naturelle.

Risque de rejet pour Dybala

A croire que Dybala prend un malin plaisir à tester mon esprit critique. C’est lui-même qui, lors d’une entrevue pour France Football en novembre, m’avait affirmé se voir prendre la suite du duo Messi-Cristiano Ronaldo en compagnie de Neymar. Son début de saison (douze buts en sept matches) faisait office de solide argument, mais la suite a remis les choses à plat. Plus que les médias, c’est la Joya qui se met trop de pression et ça se traduit par des mauvais choix sur le terrain, un mental friable et un manque de leadership.
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Allegri : "Il faut arrêter de comparer Dybala avec Messi ou Ronaldo"

Les blessures (deux mois sur le flanc l’an passé et cette saison pour des soucis musculaires) n’arrangent rien ? Un corps ça se bichonne. Son jeune âge ? On parle d’un joueur de vingt-quatre ans, pas un rookie. Or, quand le verdict semble définitif, Dybala se rebiffe et plante des buts de fuoriclasse comme à Vérone fin décembre et à Rome samedi à la dernière seconde d’un match qui a une belle tronche de tournant de la saison.
Cela m’a fait vaciller l’espace de quelques instants, mais ça n’est pas suffisant. Les ambitions footballistiques et - on imagine aussi - économiques de Dybala ne sont pas en adéquation avec ses moyens du moment. Alors, il a certes l’occasion de me faire mentir en étant de nouveau décisif contre Tottenham, mais ça ne fera que mettre fin à près d’une année de disette en Champions League. Il faut de la continuité dans l’excellence, savoir se rendre indispensable.
Or, sans lui, la Juve n’a pas particulièrement souffert. Déjà qu’elle n’est pas du genre à retenir ses meilleurs éléments en cas d’offre pharaonique, elle pourrait se laisser convaincre encore plus facilement de vendre son bijou à prix d’or cet été. L’Argentin ne se ferait pas prier non plus, mais son expérience de trois ans dans le Piémont laisserait clairement un goût d’inachevé auprès des supporters qui auront de toute façon perdu patience.

Allegri aurait fait le tour

Quelles sont les réelles responsabilités d’Allegri concernant le score du match aller ? S’il y avait eu 4-1 à la mi-temps, il n’y avait rien à redire, Gonzalo Higuain n’ayant transformé que la moitié de ses quatre énormes occasions de but, et un Buffon plus inspiré aurait même pu conserver sa cage inviolée. Seulement voilà, difficile de ne pas remettre en cause l’approche gagne-petit du coach toscan qui avait choisi de subir le jeu à domicile, ce qui a forcément décuplé les chances de marquer pour Tottenham.
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Massimiliano Allegri, Juventus, Getty Images

Crédit: Getty Images

Pendant de longues périodes, les joueurs de la Juve ne passaient pas leur moitié de terrain avec un Pipita esseulé. L’alibi des absences en attaque ne fait pas long feu. Cette attitude n’est pas inhérente à cette rencontre, lors de la phase de poules, la formation turinoise a eu un mal fou à exploiter le potentiel offensif mis à disposition par la direction lors des trois derniers étés (Mandzukic, Cuadrado, Dybala, Higuain, Bernardeschi, Douglas Costa).

Allegri est un technicien qui a d’autres priorités et les résultats parlent en sa faveur, mais on ne résiste pas quatre saisons sur le banc de la Juventus sans parvenir à remporter le graal européen. Ce n’est pas pour rien si les seuls qui en ont été capables sont Marcello Lippi et Giovanni Trapattoni, les "mister" juventini les plus capés (respectivement 596 et 405 matches).
En 2015, Antonio Conte avait jeté l’éponge après trois ans et la direction n’avait pas tenté de le retenir coûte que coûte. Outre l’incapacité à ramener ce trophée tant désiré par le peuple juventino, son successeur pourrait tout simplement se sentir en fin de cycle et céder à la tentation d’un challenge anglais. Là encore, le board de la Juve s’en accommoderait.

D’autres ne seraient pas non plus épargnés

Si la Juve se fait éliminer par Tottenham, l’ouverture d’un procès sera inévitable et le tribunal populaire plutôt sévère. Pour les raisons citées mais aussi leurs fonctions, Dybala et Allegri ont des profils de parfaits boucs-émissaires, mais ils pourraient ne pas être les seuls à payer. A l’instar de ce qu’il s’est passé avec la Squadra Azzurra et son retour loin de faire l’unanimité, on pourrait faire comprendre à Gigi Buffon qu’il serait plus sage de céder sa place à Wojciech Szczęsny.
De manière générale, la Vieille Garde payerait sa carte d’identité, que ce soit Giorgio Chiellini, Andrea Barzagli ou Claudio Marchisio. Enfin, vous pouvez être certains que les 90 millions dépensés pour Higuain feraient subitement leur retour sur la table, un autre Argentin trop rarement capable de se hisser au niveau des tout meilleurs sur la scène continentale. Il n’y a pas de quatrième doublé coupe-championnat qui vaille, l’Europe des 16 sera le vrai juge de paix.
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Dele Alli et Gianluigi Buffon

Crédit: Getty Images

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