Manchester United - FC Barcelone - Face à son cauchemar, le grand Barça doit se faire tout petit

Attention, territoire hostile. Voilà trois saisons de suite que le Barça s'embourbe dans les sables mouvants des quarts de finale de Ligue des champions. Avec, à chaque fois ou presque, le même scénario : un Lionel Messi fantomatique, un Luis Suarez inoffensif, et une équipe qui se délite à l'extérieur. C'est donc avec une appréhension certaine que le grand Barça se fait tout petit à l'heure de poser le pied sur la pelouse d'Old Trafford ce mercredi. Les Blaugrana n'ont jamais ramené la moindre victoire d'un voyage à Manchester United et leur statut de favori les protégera autant qu'à Rome, Turin ou Madrid ces trois dernières saisons. C'est-à-dire pas du tout.

C'est pour se prémunir d'un nouveau fiasco que Lionel Messi, pas franchement adepte des grands discours, avait joué les DRH en début de saison en claironnant dès le mois de septembre : "Cette année, l’objectif c’est la Ligue des champions. Ça fait trois ans que nous nous faisons éliminer en quart de finale. Nous avons un groupe extraordinaire, c’est pourquoi nous pouvons nous battre pour aller chercher ce titre." Un team building pour souder tout un club autour d'un objectif commun.

C'est que le Barça a besoin du trophée ou a minima d'une présence dans le dernier carré pour asseoir son statut. Celui de plus grand club du XXIe siècle lui est désormais disputé par son ennemi de toujours, le Real Madrid, lauréat des trois dernières Ligues des champions. Autant dire qu'il y a urgence et cette double confrontation face à Manchester United pourrait servir de pivot. L'occasion est belle d'affronter tous les fantômes qui lui ont pourri la vie en Ligue des champions depuis son dernier sacre en 2015.

Ce match à Manchester doit servir de point de départ au Barça. Depuis trois ans, il n'a cessé de se prendre des roustes à l'extérieur. A Turin (3-0), Rome (3-0) et sur la pelouse de l'Atlético (2-0), elles lui ont coûté son avenir en C1. Et il a fallu un match retour insensé et unique pour se remettre de la monumentale claque reçue au Parc des Princes en 2017 (0-4, 6-1). Barcelone ne sait pas souffrir, ce n'est pas inscrit dans son ADN. Et quand le Barça subit, il explose.

A Old Trafford, il va peut-être devoir plier et apprendre que l'essentiel est de ne pas rompre. Résister peut aussi être une victoire, surtout avec un retour en Catalogne. Accepter de souffrir, c'est la leçon qu'il doit tirer de ces trois dernières campagnes chaotiques. Le statut de favori ne protège de rien, l'héritage des années Guardiola, la flamboyance de son passé : tout ça ne doit pas l'orienter sur un mauvais chemin. L'époque où il renversait tout sur son passage est terminée parce que la marge de manœuvre sur la concurrence européenne s'est réduite. Il doit avoir l’humilité de l’admettre. Manchester United n'a rien d'une terreur ? Pas plus que l'AS Rome l'an passé.

L’autre vraie limite de ce FC Barcelone reste sa dépendance à Lionel Messi. Le 8e de finale face à l'OL l'a rappelé avec force. Ce fut souvent le cas sur la scène européenne mais elle s'est accrue avec les départs d'Iniesta ou Xavi et la baisse d'influence de Luis Suarez. L'Uruguayen n'a plus marqué à l'extérieur en C1 depuis 17 matches soit le 16 septembre 2015, quelques mois seulement après la dernière victoire des Catalans en Ligue des champions. Messi partage avec son équipier une bien inquiétante disette.

L'Argentin n'a plus marqué en quart de finale de la Ligue des champions depuis dix rencontres. Et c'est à ce stade de la compétition que la dépendance du Barça à son égard touche saison après saison sa limite. Messi et sa bande y retournent ce mercredi. Et pour éviter un nouveau gadin, ils savent désormais ce qu'il leur reste à faire.