Pour gagner chez les gros, le PSG a encore une mission : trouver sa sentinelle façon Ngolo Kanté
Mis à jour 19/09/2018 à 12:57 GMT+2
LIGUE DES CHAMPIONS – Encore impuissant à l'extérieur chez un grand d'Europe, le Paris Saint-Germain va devoir pallier ses manques. En tête desquels son incapacité à gagner la bataille du milieu de terrain lorsque l'intensité monte d'un cran. Pour cela, Paris serait bien inspiré de changer de profil de numéro 6, passant de "premiers relanceurs" souvent convertis à un vrai récupérateur. A la Kanté.
Les années passent et se ressemblent pour le Paris Saint-Germain en Ligue des champions. Quand il se déplace sur le terrain d'un grand d'Europe, le champion de France en titre ne gagne pas souvent. Pire, il dégage souvent une impression d'impuissance. Ce mardi, encore, à Liverpool, Paris a semblé emprunté, bousculé par l'intensité mise par les Reds.
Pire, depuis 2012, le club parisien n'a gagné qu'une fois à l'extérieur face à un "gros". C'était sur le terrain de Chelsea (1-2) en 2016. Le reste ? Une succession de revers (voir ci-dessous). Si on limite l'analyse aux trois dernières années, le PSG a perdu six fois en sept déplacements de prestige en C1. Sur cette période, le club a pourtant connu trois entraîneurs différents : Laurent Blanc jusqu'en 2016, Unai Emery de 2016 à 2018 et Thomas Tuchel, arrivé cet été.
L'effectif, aussi, a largement évolué : Matuidi, Maxwell, Pastore ou Ibrahimovic ont quitté le navire tandis que Neymar, Dani Alves - blessé mardi -, Mbappé ou Draxler sont arrivés. Comment expliquer, dès lors, un tel plafond de verre ? Puisque les joueurs, les entraîneurs, les époques et les contextes ont changé, comment se fait-il que l'obstacle lui, soit toujours le même, si infranchissable pour un PSG candidat à la victoire finale ?
A ce poste, le PSG a toujours tâtonné
Une partie de la réponse se tient en un chiffre : 6. Non pas le nombre de défaites dans les affiches de gala de la coupe aux grandes oreilles. Six comme le poste 6. A l'exception de la défaite à City (1-0) en 2016 et son fameux 3-5-2 tenté par Laurent Blanc, le PSG a toujours joué en 4-3-3 avec une sentinelle.
Sur les six matches analysés, c'est Thiago Motta qui a endossé le rôle de milieu défensif à trois reprises, Adrien Rabiot à trois reprises, Giovanni Lo Celso une fois et, mardi, Marquinhos pour la première fois.
Match | Tour | Date | Joueur aligné en 6 |
Real Madrid 1-0 PSG | Phase de groupes | 3 novembre 2015 | Thiago Motta |
Manchester City 1-0 PSG | 1/4 de finale retour | 12 avril 2016 | Thiago Motta et Adrien Rabiot |
Barcelone 6-1 PSG | 1/8e de finale retour | 8 mars 2017 | Adrien Rabiot |
Bayern Munich 3-1 PSG | Phase de groupes | 5 décembre 2017 | Adrien Rabiot |
Real Madrid 3-1 PSG | 1/8e de finale aller | 14 février 2018 | Giovanni Lo Celso |
Liverpool 3-2 PSG | Phase de groupes | 18 septembre 2018 | Marquinhos |
Que faut-il en déduire ? A l'exception de Thiago Motta, le PSG a aligné quatre fois sur six à ce poste un joueur qui n'en était pas spécialiste. Adrien Rabiot est un milieu relayeur, et il a expressément demandé depuis à ne plus jouer devant la défense. Giovanni Lo Celso est lui aussi un joueur à vocation offensive, son naufrage à Madrid l'avait prouvé. Défenseur central de métier, Marquinhos a lui aussi souffert de bout en bout mardi soir à Anfield.
Motta n'a jamais été remplacé
Le premier problème est donc un problème de construction d'effectif. Déjà sur le déclin et sujet à de multiples blessures de 2016 à 2018, Motta n'a jamais été concurrencé puis remplacé au sein de l'effectif parisien. Sa succession a été un désastre et, si les solutions de secours peuvent colmater les brèches en Ligue 1, elles montrent vite leurs limites à l'échelon européen. Thomas Tuchel a d'ailleurs reconnu, récemment sur SFR Sport, qu'il aurait aimé bénéficier d'un milieu défensif supplémentaire.
Je ne suis pas satisfait à 100% (du mercato). C'est un secret de Polichinelle qu'on cherchait un numéro 6. On cherchait un rayonnement, on cherchait à remplacer Thiago Motta. On a manqué de temps.
Hormis Lass Diarra, sur lequel Tuchel ne semble que peu compter, Paris aborde donc la compétition la plus relevée du monde sans milieu défensif de formation dans l'effectif. Mais la quantité n'est pas le seul problème. Paris doit aussi se poser la question du profil.
Paris a besoin d'un récupérateur plus encore que d'un relanceur
Le PSG joue, depuis des années, avec un milieu défensif qui fait office de premier relanceur. Dans la veine d'un Thiago Motta, la force du 6 au PSG, c'est sa qualité technique et sa lecture du jeu, voire sa faculté à anticiper. C'est peut-être là que le bât blesse. A Madrid en février dernier, quand Emery alignait Lo Celso, Zidane faisait confiance à Casemiro. Pep Guardiola fait confiance, à City, à Fernandinho. Lui aussi un nettoyeur. Et il ne tarit pas d'éloges à ce sujet, comme le montre cette déclaration de 2016.
Si une équipe avait trois Fernandinho, elle serait championne. Nous n'en avons qu'un seul et il est très important pour nous.
Et si c'est ce qu'il manquait à Paris ? Un vrai milieu défensif, un nettoyeur, capable – pour dire les choses trivialement – d'avaler les kilomètres, de se coltiner les couvertures, de gratter les ballons et d'assurer l'équilibre de l'équipe. Pour paraphraser le tube du moment, on serait tentés d'écrire : "Mais comment il s'appelle ? Kanté."
Le PSG a beaucoup misé sur le recrutement du milieu français de Chelsea cet été. C'était évidemment le bon choix mais les décideurs parisiens auraient probablement dû activer un plan B quand le joueur a décliné leurs avances.
La machine parisienne est excellemment huilée. Avec Areola ou Buffon dans le but, Thiago Silva et Kimpembe derrière, un trio d'attaque parmi les meilleurs du monde, un Thomas Tuchel à la compétence reconnue dans toute l'Europe, le PSG a des arguments. Et sa machine a de quoi broyer bien des obstacles en C1. Il ne lui manque qu'une petite pièce, celle du liant, de l'équilibre. Il lui manque ce milieu de l'intensité, ce joueur qui va courir pour les autres, gratter des ballons dans les pieds adverses, mettre de la hargne quand le match le nécessitera. Celui qui les aidera peut-être, demain, à soulever des montagnes dans les plus grands stades européens.
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