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Ligue des Champions : Bayern Munich : Pourquoi Robert Lewandowski marque-t-il autant cette saison ?

Christophe Kuchly

Mis à jour 11/12/2019 à 15:35 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS – Meilleur buteur en championnat comme en C1, Robert Lewandowski est sur les bases de sa meilleure saison sur le plan statistique. À 31 ans, et dans une équipe qui vit pourtant un début de saison compliqué.

Robert Lewandowski | Bayern Münih - Borussia Dortmund

Crédit: Eurosport

Et si tout ceci n’était qu’un retour à la normale, la fin d’une petite anomalie ? En principe, il n’y a rien de très logique au fait de marquer toutes les 67 minutes avec son club toutes compétitions confondues. Mais, dans un début de saison où Ciro Immobile, Jamie Vardy et Timo Werner ont également déjà dépassé les 15 buts en championnat, Robert Lewandowski brille encore plus que les autres.
Le tout sans que ses statistiques ne soient exagérément gonflées par des penalties (deux réussis en Bundesliga, un en Ligue des champions), une domination totale de son équipe (deuxième attaque du championnat, septième au classement) ou, plus étonnant, une réussite absolue. Car la plus grande qualité du Polonais est sa faculté à se mettre en situation de marquer – plus que sa technique de finition.
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Robert Lewandowski, Lukas Hradecky - FC Bayern München vs. Bayer Leverkusen

Crédit: Getty Images

Monstre de régularité

S’ils ont plein de limites, les expected goals – qui mesurent la dangerosité des positions de tirs – permettent de quantifier une impression. Celle qui entoure Robert Lewandowski est simple : dès que le ballon est dans la surface, il n’est jamais bien loin. Même surveillé de près, même seul en pointe dans des systèmes qui reposent beaucoup sur l’activité des joueurs de couloir (4-2-3-1, 4-1-4-1 ou 4-3-3 cette saison), sa lecture des situations est complétée par une vivacité supérieure à celle des défenseurs. Que disent les chiffres ? Parmi les titulaires réguliers dans les cinq grands championnats, seuls Gabriel Jesus, Timo Werner, Kylian Mbappé et Mauro Icardi se procurent plus d’occasions dans le jeu.
Plus surprenant : alors que les valeurs varient énormément d’une saison à l’autre pour à peu près tous les attaquants, la force offensive d’une équipe conditionnant les bons ballons qu’ils ont ou non à jouer, celles de Lewandowski ne bougent pas. Actuellement à 0,98 expected goals par 90 minutes, il a toujours oscillé entre 0,97 et 1,16 lors des quatre dernières saisons.
En comparaison, Icardi (1,17) n’avait jamais dépassé 0,69 à l’Inter, club moins dominateur que Paris, alors que le "record" de Werner (1,01), qui bénéficie désormais des plans de jeu très poussés de Julian Nagelsmann en possession, était de 0,62. Autrement dit, s’il a toujours autant d’opportunités, Lewandowski le doit d’abord à ses qualités.
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Robert Lewandowski a encore marqué, dans le choc de la 11e journée de Bundesliga entre le Bayern Munich et Dortmund

Crédit: Getty Images

Peu importe la hauteur du bloc ou l’identité de ses partenaires et de l’entraîneur, peu importe aussi que le contexte soit favorable ou non, le Munichois sait comment se retrouver face au but. S’il tire à une fréquence relativement élevée, c’est à peu près toujours dans des bonnes positions (moins d’une frappe hors surface par match). Son dernier match européen en atteste : auteur d’un quadruplé en moins d’un quart d’heure face à l’Étoile Rouge, il a enchaîné penalty, ballon redirigé de l’extérieur à bout portant, centre coupé de la tête dans les six mètres et face à face avec le gardien facilement remporté.
Prises séparément, ces actions n’ont rien d’extraordinaire. Les trois derniers buts sont pourtant inscrits sans qu’un défenseur ne soit à proximité, grâce à trois attitudes différentes : statique alors que la défense est attirée par le ballon sur le premier, en mouvement pour se démarquer sur le deuxième et en gardant la position préférentielle au duel sur le troisième.

Attaquant complet

Dans l’imaginaire collectif, le renard des surfaces est comme le meneur à l’ancienne : rare, et en grand danger d’extinction dans un football où il faut pouvoir contribuer sur toutes les phases de jeu. À la manière des numéros 10, les grands buteurs sont pourtant en pleine mutation, avec la capacité de faire autre chose que finir les actions.
En cela, Robert Lewandowski n’est finalement pas si éloigné de David Trezeguet, Ruud van Nistelrooy ou Pippo Inzaghi dans sa capacité à être toujours au bon endroit. Sa palette, qui comprend une qualité technique lui permettant de jouer en appui, s’accompagne d’une vraie faculté à embêter l’adversaire sans ballon.
Dès son arrivée à Dortmund, ce sont ces qualités qui l’ont distingué de son concurrent Lucas Barrios, efficace mais plus limité. Lors de la victoire 4-1 face au Real en demi-finale aller de Ligue des champions 2013, son quadruplé avait évidemment marqué les esprits, mais l’essentiel de son match avait consisté à gêner Xabi Alonso – avec l’aide de Mario Götze – pour empêcher les Madrilènes d’attaquer et récupérer les ballons haut.
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Robert Lewandowski (Borussia Dortmund) vs Real Madrid 2013

Crédit: Panoramic

Un sérieux dans le jeu sans ballon essentiel pour garder les faveurs de Jürgen Klopp qui permet, depuis, de mesurer son état d’esprit. Toujours capable de faire les efforts, il se les épargne beaucoup plus facilement quand la situation ne lui convient pas. Sans en faire le principal responsable des départs de Carlo Ancelotti et Niko Kovac, il fait partie de ceux qui ont augmenté leur volume de courses au moment de convaincre leurs remplaçants.
Si certains numéro 9 à l’ancienne se faisaient oublier pour mieux surgir, le Polonais montre qu’il est là et frappe quand même. Plus qu’un renard, Lewandowski pourrait être qualifié de loup des surfaces. On a beau savoir qu’il est là, réussir à le garder dans son champ de vision pendant de longues minutes et analyser ses déplacements préférentiels, c’est généralement lui qui remporte le duel.
D’autant que le Bayern attaque en meute, avec des ailiers qui percutent vers l’axe, des latéraux très offensifs qui multiplient les centres et des relayeurs qui se projettent vers la surface. Une idée de jeu qui évite à l’attaquant d’être seul… tout en isolant les défenseurs, bien embêtés si les balles perdues ne sont pas rapidement récupérées. Mais ça, c’est un autre problème, qu’une partie du groupe bavarois a vécu avec l’Allemagne lors de la dernière Coupe du monde.

Trouver des relais

En manque complet de réussite la saison dernière (22 buts pour 33 expected goals, plus grosse sous-performance depuis que ces chiffres sont disponibles publiquement), un problème masqué par son apport dans le jeu, un nouveau titre national et des statistiques brutes tout à fait correctes, le Polonais a simplement retrouvé de la sérénité face au but, lui qui avait tendance à rater des face à face à bout portant dans des rencontres déjà pliées.
Une confiance essentielle à tout attaquant, que sa bonne entente avec Thomas Müller permet de maintenir très haut. Si l’Allemand a toutes les peines du monde à redevenir le finisseur qu’il était, quatre de ses neuf passes décisives l’ont été pour son compère. Tout sauf un hasard.
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Thomas Müller; Robert Lewandowski

Crédit: Getty Images

Non seulement les deux trentenaires sont habitués à évoluer ensemble, mais leurs zones d’action se complètent parfaitement. Lewandowski est un joueur de surface capable de décrocher pour faire vivre le ballon, alors que Müller, qui se définit comme raumdeuter – interprète de l’espace –, évolue un cran plus bas mais sait toujours quand se rapprocher du point de penalty. Il ne s’agit pas tout à fait de l’association traditionnelle entre l’attaquant pivot et l’élément vif qui lui tourne autour, d’autant que “Lewy” est plus petit d’un centimètre, mais les conséquences sont les mêmes : il y a toujours quelqu’un en train de roder proche du but.
Passé avec bonheur du gegenpressing de Dortmund au jeu de position de Pep Guardiola en parallèle d’une sélection polonaise à l’identité plus évolutive, Robert Lewandowski est un caméléon qui a plus de flair que de réalisme. Ce sont pourtant des moments de grâce, du quadruplé face au Real au quintuplé en neuf minutes contre Wolfsbourg en Coupe, qui restent dans les mémoires. Et des moments d’absence, comme ce faible total de deux buts marqués en phase finale de Ligue des champions – les deux derniers d’une victoire 5-0 contre Besiktas en huitième – lors des deux dernières saisons, qui calment les louanges que sa régularité mérite.
Finalement, la question n’est probablement pas tant de trouver pourquoi Lewandowski a encore augmenté sa moyenne de buts, lui qui n’est jamais descendu sous les 17 en Bundesliga depuis 2012, mais de savoir comment sortir de la dépendance à ses performances. Alors que se profile la réception de Tottenham ce mercredi, le buteur reste sur deux matches sans marquer. Deux rencontres perdues par le Bayern.
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