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Avant la finale Manchester City-Chelsea - Mahrez, Kanté, Mendy : Comment les poids-lourds de L1 sont passés à côté ?

Clément Lemaître

Mis à jour 29/05/2021 à 10:10 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Riyad Mahrez (Manchester City), N'Golo Kanté et Edouard Mendy (Chelsea) disputeront la finale de la C1 samedi soir. Pourtant ces trois hommes ont connu un parcours atypique pour en arriver-là. Les proches des ex-Havrais (Mahrez et Mendy) et Caennais (Kanté) nous ont decrypté leur trajectoire et tenté d'expliquer pourquoi ils sont passés à côté des radars des cadors de L1.

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Quand Leicester tentait le pari Mahrez pour 500 000 euros

Samedi soir, Riyad Mahrez jouera la première finale de Ligue des champions de sa carrière. Il y a dix ans, l'international algérien portait le maillot du Havre en Ligue 2 mais s'imaginait déjà tout en haut de l'affiche. "A l'époque, Riyad avait une grande confiance en lui, nous confie son ex-coéquipier, Benjamin Genton. Quand Cédric Daury (ndlr : l'entraîneur du Havre de juin 2009 à novembre 2012) donnait le groupe et que Riyad n'en faisait pas partie, il pouvait dire : 'Ah il verra plus tard, quand je serai dans un grand club, il regrettera'".
Pour l'ancien joueur de Quimper, repéré en 2010 par Johann Louvel, l'ex-entraîneur de la réserve havraise, il a fallu d'abord se fondre dans le moule professionnel avant de voir son rêve devenir réalité. "Riyad, c'est d'abord garçon très sain qui adore le foot et ça c'est un régal, rappelle le technicien qui dirige désormais l'équipe B de l'OGC Nice. Pour aller au très haut niveau, il faut des gros points forts. C'est ce que Riyad avait. C'est-à-dire des qualités athlétiques hors normes en termes d'explosivité, de vivacité et d'endurance. Techniquement, il était déjà très bon dans les un contre un. Après, il a dû plus travailler sur l'aspect défensif, notamment quand il n'avait pas le ballon, ou sur le replacement. On lui demandait d'être efficace, de ne pas dribbler pour dribbler." "Je lui ai aussi fait prendre conscience que sa technique ne serait pas suffisante", corrobore Erick Mombaerts, le premier à l'avoir installé comme titulaire régulier en pro.
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Riyad Mahrez en Coupe de France avec Le Havre en janvier 2013.

Crédit: Getty Images

Riyad nous disait qu'il jouerait la Coupe du monde alors qu'on était tous englués en L2
Outre ses entraîneurs, Riyad Mahrez n'a pas laissé ses coéquipiers indifférents lorsqu'il portait le maillot ciel et marine. "Il cassait déjà des reins très jeune, poursuit Alexandre Bonnet. On a vite vu son potentiel. Il avait quelque chose de différent. Il jouait déjà à droite et rentrait sur son pied gauche pour enrouler à l'opposé." "Il était très doué avec ses fameux crochets", appuie Benjamin Genton. Erick Mombaerts, qui aimait "sa capacité à créer et éliminer", se souvient d'un match charnière à Tours (2-1, avril 2013) où "il avait été inarrêtable et prouvé que j'avais eu raison de lui faire confiance".
Mais pour le natif de Sarcelles, hors de question de se contenter du Stade de la Vallée du Cher pour briller. "Il visait de très grands objectifs, souligne Alexandre Bonnet, toujours joueur du club doyen une décennie plus tard. Riyad nous disait qu'il jouerait la Coupe du monde alors qu'on était tous englués en L2. A ce niveau-là, il faut avoir beaucoup de certitudes mais il savait qu'il avait du talent. Il parlait aussi du FC Barcelone. Il est d'ailleurs un peu au Barça aujourd'hui avec Pep Guardiola (rires)."
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Il avait un physique un peu gringalet et au départ ce n'était pas flagrant qu'il allait s'imposer en Premier League
Sa carrière prend un autre tournant quand Leicester, alors leader de Championship, approche le HAC en janvier 2014. Si Riyad Mahrez s'interroge, les leaders du vestiaire havrais l'encouragent à effectuer le grand saut à 22 ans. "Il ne voulait pas partir au départ, raconte Benjamin Genton. Il était bien avec Erick Mombaerts. Je me souviens que les plus anciens, Walid Mesloub, Yohann Rivière et moi, lui avions dit : 'Mais là Riyad, tu as une opportunité extraordinaire'".
"A l'époque, j'avais pris la direction du centre de formation. Il était venu un après-midi pour me demander mon avis. Mais je pense qu'il avait la réponse en lui, raconte Johann Louvel. Riyad est un grand affectif donc il a besoin d'un environnement où il se sent bien et aimé. C'était le cas au Havre. Partir, c'était le grand saut vers l'inconnu et sortir de sa zone de confort. Il avait l'opportunité d'aller dans un championnat exigeant au niveau de l'agressivité."
Les Foxes réussissent à le faire signer jusqu'en juin 2017 contre une indemnité de 500 000 euros. Un "pari osé pour l'époque", selon Alexandre Bonnet. "On pouvait penser qu'il allait intégrer une écurie de L1 dans un premier temps, renchérit-il. Mais en regardant ses qualités, c'est peut-être un profil qu'on aurait pu voir en Liga. Il avait un physique un peu gringalet et au départ ce n'était pas flagrant qu'il allait s'imposer en Premier League." "Les clubs français se sont sûrement trompés, mais ça été plus profitable à Riyad de partir se confronter dans un championnat aussi difficile que la Championship puis la Premier League. Il avait peut-être besoin de cet environnement, avec un autre état d'esprit", ajoute Erick Mombaerts.
Quelques mois plus tard, Riyad Mahrez a été proposé à l'OM, comme le révélait France Football en 2015. Vincent Labrune a catégoriquement refusé. On connaît la suite...
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Quand l'OM "manquait de respect" à Kanté

Chaque été, N'Golo Kanté suscite l'intérêt de nombreux clubs. Il y a neuf ans, c'était déjà le cas lorsqu'il portait les couleurs de Boulogne-sur-Mer (National). Alors que Lille, Lens et des clubs belges commencent à se faire pressants, le Stade Malherbe Caen décroche la mise. Le futur champion du monde signe un pré-contrat en décembre 2012. Aux manettes de cette opération, Alain Caveglia n'a pas oublié.
"Il me faisait penser à Claude Makélélé, indique l'ex-directeur sportif normand. Mais N'Golo est plus complet car il peut évoluer à plusieurs postes du milieu du terrain. Il se projette beaucoup plus vers l'avant. C'est d'ailleurs un point sur lequel il a progressé." Alain Caveglia raconte également comment il a convaincu Patrice Garande, l'ancien entraîneur caennais, sur ce dossier. "Il avait vu des matches en vidéo, mais à l'époque, les rencontres de National n'étaient pas aussi accessibles qu'aujourd'hui. Je lui avais dit : 'N'Golo rentrera dans ton équipe et il n'en sortira plus.'"
Pour sa première saison en L2, conclue par une montée, N'Golo Kanté impressionne ses coéquipiers par sa générosité sur et en dehors du terrain. Mais les projecteurs de l'époque sont davantage dirigés vers Mathieu Duhamel, meilleur buteur de L2 en 2014. "En fait, Ngolo se met toujours au niveau de la division où il joue, mais un cran au-dessus des autres. C'était comme ça en National, en L2 puis en L1", décrypte l'ex-attaquant de l'OL.
Son souhait numéro un était de signer à Marseille
Malgré l'intérêt d'écuries de L1 pour N'Golo Kanté, Caen et le milieu de terrain se mettent d'accord pour poursuivre l'aventure la saison suivante dans l'élite. A l'issue de cet exercice 2014-15, Marseille et Leicester font le forcing pour récupérer l'ex-Boulonnais. Le club olympien propose quelque 5 millions d'euros. Refus net du Stade Malherbe . "C'est un manque de respect vis-à-vis de Caen et de N'Golo Kanté", s'agaçait Xavier Gravelaine, l'ancien manager général du club normand. Car en parallèle, les Foxes ont transmis une offre deux fois supérieure à celle de l'OM (le transfert s'est réalisé aux environs de 13 millions, NDLR).
"Finalement, N'Golo a visité les installations de Leicester et après sa décision était prise, se souvient Alain Caveglia. Pourtant, je pense que son souhait numéro un était de signer à Marseille. Après le joueur était très timide à l'époque. Est-ce que partir à l'OM aurait été un bon choix pour lui à ce moment-là de sa carrière ? Je n'en suis pas sûr."
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N'Golo Kanté (ici aux côtés de Damien Da Silva et Jean Calvé) lors de son dernier match avec Caen en mai 2015.

Crédit: Getty Images

Quand Le Havre refusait Édouard Mendy comme doublure

"Sa détermination était tellement importante que c'est normal qu'il soit là". Pour Michel Courel, l'ancien entraîneur des gardiens du centre de formation du Havre, voir Édouard Mendy disputer la finale de la C1 n'a rien d'une surprise. "Quand on a un potentiel comme le sien, on ne peut pas parler de surprise, note le formateur normand. Je dirais plutôt que sa carrière s'est accélérée très vite. Sa force est d'avoir bien géré cette période. C'est un garçon qui a les pieds sur terre."
Libre après son aventure cherbourgeoise en National, puis en N2 en 2013-14, le natif de Montivilliers (Seine-Maritime) revient chez lui au Havre pour tenter de se relancer. "A l'époque, des agents l'avaient un peu mené en bateau, se souvient Michel Courel. Il était assez dégoûté par la situation. Mais il est resté focalisé sur son désir de réussite. Il a mis tous les atouts de son côté pour ça." Le formateur l'accueille aux entraînements de la réserve havraise. Mais sans licence, Edouard Mendy ne peut jouer aucun match. Pourtant, l'opportunité de la L2 s'est présentée à lui.
Pour le poste de gardien, il faut être là au bon moment et profiter de la bonne situation
"Quand on m'a demandé les gardiens que j'avais en réserve, j'ai précisé qu’Édouard pouvait intéresser l'équipe première, raconte Michel Courel. A ce moment-là, l'entraîneur des gardiens des A du HAC, qui cherchait une doublure, est venu l'observer. Il trouvait son profil intéressant. Mais après quand on arrive en pro, on doit trouver un équilibre entre le titulaire (Fabien Farnolle lors de cette saison-là, NDLR) et les deuxième et troisième gardiens. Malheureusement, il n'a pas souhaité le prendre. L'opportunité n'était pas au HAC à ce moment-là. Pour le poste de gardien, il faut être là au bon moment et profiter de la bonne situation. On peut avoir un très bon profil, mais c'est compliqué s'il y a un très bon numéro un devant soi."
Pourtant l'actuel portier de Chelsea, passé numéro trois à Marseille en 2015, ne manquait pas de qualités. "Comme aujourd'hui, c'était un garçon longiligne et très explosif, souligne le formateur havrais. Il avait un super état d'esprit de travail et des belles valeurs." Mais sa timidité de l'époque ne l'a pas aidé à s'imposer. "Édouard devait s'affirmer, ajoute-t-il. Aujourd'hui, quand on le voit, on se dit qu'il a bien travaillé sur ce point. C'est un homme calme, serein et on sent quand il est là. Désormais, il est capable de remuer tout le monde." Sa capacité à être le patron dans sa surface sera l'une des clés de la finale de la C1.
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