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Gestion humaine parfaite et idée directrice : ce Chelsea est l'oeuvre de Tuchel

David Lortholary

Mis à jour 28/05/2021 à 12:39 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - En rénovant en profondeur le jeu des Blues dès les premières heures de sa prise de fonctions il y a quatre mois, Thomas Tuchel, l'ancien entraîneur du Paris Saint-Germain, a initié un rebond spectaculaire à Chelsea. Le tout en gérant avec maestria les susceptibilités des vedettes de son effectif.

"City veut créer une hégémonie, comme le Barça ou le Real à l’époque"

Aucun ogre ne lui résiste. José Mourinho, Diego Simeone, Jürgen Klopp, Carlo Ancelotti, Josep Guardiola : tous battus. Mieux : sans encaisser un seul but. Seul le Real Madrid de Zinedine Zidane, qui a arraché un nul 1-1 chez lui face aux Blues en demi-finale aller de Ligue des champions, fin avril, est parvenu à percer le mur dressé par Thomas Tuchel et son équipe, sans pouvoir l'éliminer pour autant (défaite 0-2 à Londres début mai au match retour et toujours aucune victoire contre l'entraîneur allemand en six confrontations).
L'ancien coach de Mayence, répudié par le Paris Saint-Germain fin décembre, a pris en main les destinées de Chelsea moins d'un mois plus tard à la demande d'un Roman Abramovitch catastrophé et, en quelques semaines, pour ne pas dire en quelques jours, redressé de manière spectaculaire un groupe chloroformé, envasé à la 9e place de Premier League. Même supporter de l'équipe londonienne, il fallait une certaine témérité, au Nouvel An, pour formuler le vœu d'un tel redressement, voire être carrément rêveur, a fortiori, pour l'imaginer en finale de la plus prestigieuse des Coupes d'Europe, ce 29 mai. Le responsable ? Tuchel.
Bien sûr, son équipe a échoué en finale de FA Cup contre Leicester (0-1). Bien sûr, des rechutes n'ont pas manqué, comme ce 2-5 contre West Bromwich consécutif, ce jour-là, à l'expulsion de Thiago Silva. Bien sûr, certains joueurs ne donnent pas encore leur pleine mesure. Mais la mission qui était confiée au nouvel arrivant était d'accéder à l'une des quatre premières places en fin de championnat, ce qui est chose faite depuis dimanche dernier.
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Thomas Tuchel

Crédit: Imago

La défense d'abord

Le mérite de Tuchel ? Le même que celui d'Arsène Wenger : rendre chaque jour les joueurs meilleurs, individuellement et collectivement, en particulier sur le plan tactique. L'Allemand, dès les premières heures – il n'a eu à sa disposition qu'une seule séance d'entraînement avant son premier match, le 27 janvier –, a mis en place une structure matérialisée, sur le terrain, par un axe fort : Edouard Mendy dans le but, le colossal duo Thiago Silva-Antonio Rüdiger en défense centrale, deux éléments en alternance du trio Jorginho-Kovacic-Kanté pour le milieu défensif et Mason Mount devant eux.
Avec une réaffirmation hiérarchique : le capitanat de Cesar Azpilicueta, déclassé par son prédécesseur. Avec également une modification tactique, comprenant le passage de deux à trois arrières centraux ainsi que le renfort de l'axe via deux milieux défensifs et deux créateurs. Sans oublier un positionnement souvent haut, soutenant un sévère pressing des attaquants et des milieux, ainsi que deux latéraux très mobiles qui se transforment d'autant plus rapidement en ailiers à la possession du ballon qu'il évoluent le plus souvent à la hauteur des milieux offensifs.
Des changements qui tiennent en un paragraphe mais qui ont eu pour effet, statistiquement, que Chelsea encaisse à peine un but tous les deux matches, avec une très large majorité de "clean sheets" depuis janvier. La culture défensive des Blues n'est pas inédite – ils en avaient l'habitude avec José Mourinho – mais celle-ci se pratique, aujourd'hui, 30 à 40 m plus haut sur le terrain... de quoi masquer une carence qui n'a pas disparu : la misère offensive. Avec Timo Werner, Kai Havertz, Callum Hudson-Odoi, Olivier Giroud, Hakim Ziyech, Christian Pulisic ou Tammy Abraham en magasin, le mystère est épais mais il semble tout de même normal, dans un laps de temps aussi court, de commencer par consolider sa défense.
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"City veut créer une hégémonie, comme le Barça ou le Real à l’époque"

Hudson-Odoi et la gestion humaine

Ce n'est pourtant pas le seul chantier lancé par Tuchel. Ce dernier est en effet parvenu à faire de ses joueurs des alliés, y compris ceux qui ne sont pas nécessairement alignés d'emblée. L'attitude de Reece James, entré à quatre minutes de la fin contre West Ham alors que les Blues menaient 1-0, est révélatrice : ultra concentré sur les dernières consignes de son coach, à la gestuelle passionnée au bord du terrain.
Même chose chez Mason Mount, entré en cours de jeu à l'occasion du premier match dirigé par Tuchel, qui a immédiatement démontré par une attitude irréprochable qu'il avait bien sa place dans cette équipe. L'exemple de Callum Hudson-Odoi, le samedi 20 février à Southampton (1-1), est peut-être le plus frappant : entré à la 45e minute, l'ailier anglais est sorti à la 76e. Le coach s'en est expliqué au joueur d'abord, à l'équipe ensuite, toute rancune a ainsi été dissipée et Hudson-Odoi a débuté le match suivant.
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Thomas Tuchel avec Callum Hudson-Odoi

Crédit: Getty Images

Une progression individuelle et collective

Tuchel rend ses joueurs meilleurs et deux de ses compatriotes en sont une excellente illustration. Depuis l'arrivée de l'ancien entraîneur de Dortmund, Kai Havertz récupère deux fois plus de ballons et tente trois fois plus sa chance. Antonio Rüdiger, lui, a fait grimper de plus de 20% le pourcentage de ses duels gagnés. L'international allemand déclare ainsi logiquement que "c'est un plaisir de travailler avec lui. Il nous fait tous progresser. Et c'est important, en particulier, dans une saison de championnat d'Europe." Les deux iront effectivement à l'Euro.
Tuchel accompagne de surcroît cette progression individuelle par une progression collective. Le nombre de passes longues par match a ainsi nettement diminué ; celui de passes dans le dernier tiers du terrain, à l'inverse, nettement augmenté, se hissant au quatrième rang de Premier League derrière City, United et Liverpool, alors qu'il était septième sous l'entraîneur précédent. La possession, elle aussi, a logiquement grimpé (d'environ 10%). Pas au point d'atteindre celle du City de Guardiola, que Chelsea affrontera en finale de la Ligue des champions, mais largement assez pour avoir le droit de s'asseoir à la table de son homologue catalan... ce qui, nous dit-on, est déjà fait depuis décembre 2014 dans un restaurant de Munich.
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