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Des recrues loin du compte mais un sursaut attendu : Rennes à la croisée des chemins européens

Maxime Battistella

Mis à jour 02/12/2020 à 01:01 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS – A Krasnodar mercredi, les Rennais jouent une éventuelle qualification en Ligue Europa. Ils espèrent surtout sortir d’une longue série de mauvais résultats qui ont mis en relief les failles d’un recrutement pas encore à la hauteur des nouvelles ambitions du club.

Jérémy Doku lors de Rennes-Krasnodar en Ligue des champions en 2020

Crédit: Getty Images

La mauvaise passe se prolonge et l’exigence de la C1 n’explique pas tout. En déplacement à Krasnodar pour l’avant-dernière journée de la phase de poules de Ligue des champions mercredi, le Stade Rennais joue son avenir européen cette saison. Une victoire en Russie et la place bretonne en Ligue Europa sera assurée, une défaite et les joueurs de Julien Stéphan seront cantonnés à la scène nationale. Il y a donc urgence à sortir d’un cercle vicieux dans lequel le club s’est enfermé depuis deux bons mois.
Les joutes européennes et leur intensité constituaient, certes, un défi des plus dangereux à surmonter pour un novice à ce très haut niveau. Il était prévisible que l’enchaînement des matches tous les trois jours soit difficile à encaisser, mais face à cet essoufflement logique, la trêve internationale aurait pu permettre à Rennes de réenclencher la marche avant. Il n’en a rien été. Sur les 11 derniers matches disputés toutes compétitions confondues, le club breton ne s’est imposé qu’une fois contre Brest, le 30 octobre dernier en Ligue 1.
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Face à face - Krasnodar vs. Rennes

Un mercato bouclé en urgence pour affronter la C1

Le constat est implacable : après les 5 premières journées, le Stade Rennais était leader du championnat de France avec 13 points, 7 journées plus tard, il n’en a collecté que 6 supplémentaires, glissant à la 7e place. Ce passage d’un rythme de champion à celui d’un relégable interpelle. Un changement brutal qui coïncide curieusement avec la fin moins inspirée d’un mercato prometteur. Avec plusieurs semaines de recul, cette seconde vague de recrues tarde ainsi à convaincre.
"Je crois que c'est une année particulière, on n'est pas les seuls à rencontrer des difficultés avec l'enchaînement, toutes les équipes qui jouent l'Europe quasiment, dans tous les championnats, ont des difficultés à enchaîner en ce moment, même les clubs les plus huppés", a expliqué non sans pertinence Julien Stéphan avant le rendez-vous russe de la semaine. Mais entre une irrégularité chronique et la panne (quasiment) sèche actuelle, il y a une différence notable. En entraîneur avisé, l’intéressé le sait, même s’il protège logiquement son groupe.
Les raisons de la mauvaise passe actuelle sont probablement bien plus nombreuses et complexes, mais vu de l’extérieur, un élément frappe : la fragilité de l’édifice défensif. En 16 matches disputés cette saison, le Stade Rennais n’a conservé sa cage inviolée qu’une seule fois contre Saint-Etienne lors de la 5e journée. Le départ soudain d’Edouard Mendy à Chelsea a contraint les dirigeants rennais à réagir dans l’urgence et a mis beaucoup de pression sur les épaules de son successeur Alfred Gomis, arrivé blessé qui plus est.
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Des fondations défensives fragiles

Lancé dans le grand bain contre Krasnodar, le nouveau portier a connu des débuts difficiles même s’il commence à trouver ses marques. Ses difficultés dans le jeu au pied ont notamment contrarié les ambitions rennaises à la relance. L’intéressé n’a pas été aidé par le manque d’expérience pour le protéger en défense centrale. Si Nayef Aguerd (24 ans), arrivé de Dijon cet été, est incontestablement l’une des grandes satisfactions de ce début de saison, il manque parfois un peu d’impact dans les duels.
Pour compenser ce manque d’expérience, le directeur sportif Florian Maurice comptait sur l’Italien Daniele Rugani, débarqué en prêt de la Juventus Turin. Mais blessé à Séville, l’Italien n’a pu disputer qu’un seul match à Dijon sous les couleurs bretonnes. S’il est donc difficile de juger de la pertinence de son recrutement pour le moment, une chose est sûre : l’édifice n’a pas eu le temps de se stabiliser, les fondations ne sont pas assez solides. D’autant que l’arrivée de Dalbert, loin du niveau de ses années niçoises sur le flanc gauche, n’a pas davantage rassuré depuis la blessure de Faitout Maouassa. Le Brésilien, prêté par l’Inter Milan, est d’ailleurs critiqué en interne pour son manque d’investissement et Adrien Truffert, international espoirs de 19 ans, lui est régulièrement préféré.
Pour espérer relever la tête dans ces conditions, il faut pouvoir compter sur une attaque de feu. A défaut d’enchaîner les "clean sheets", il n'y a qu'une alternative : marquer plus de buts que son adversaire. Or, les Rennais en sont également incapables. Le mercato en est en partie responsable : remplacer un Raphinha en pleine bourre – et qui fait désormais les beaux jours de Leeds pour le plus grand bonheur de Marcelo Bielsa – par le prometteur Jérémy Doku (acheté 26 millions d’euros à Anderlecht) était un pari osé qui n’a pas, pour le moment, porté ses fruits.
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Doku, Terrier : des investissements qui tardent à payer

S’il a des difficultés à s’intégrer dans le collectif, le jeune ailier droit belge (18 ans), qui n’a toujours pas marqué ni délivré la moindre passe décisive, a toutefois du temps devant lui pour faire ses preuves, son explosivité et ses qualités intrinsèques ne faisant pas vraiment de doute. Le cas Martin Terrier est plus préoccupant. Trimballé régulièrement entre l’aile et l’axe, l’ex-Lyonnais ne parvient pas à s’imposer ni à se lâcher. Le contexte rennais, pourtant moins pesant que la pression qu’il avait dans le Rhône, ne produit pas les effets escomptés.
Sur la durée d’une saison, rien ne dit que ces investissements ne feront pas le bonheur du Stade Rennais. D’ailleurs, dans ce secteur offensif, l’ancien Amiénois Serhou Guirassy, seul buteur breton en Ligue des champions (à l’aller contre Krasnodar et face à Chelsea) avant cette 5e journée, fait vraiment figure de bonne pioche. Plutôt efficace face au but, intéressant dans son jeu de remise, il manquera néanmoins à l’appel en Russie. Sorti blessé à la cheville droite à Strasbourg, il sera indisponible jusqu’à la trêve hivernale.
A défaut de recrues efficaces à court terme, Julien Stéphan devra donc peut-être son salut européen à ses valeurs sûres de la saison précédente. En difficulté ces dernières semaines et confronté au défi de la confirmation, Eduardo Camavinga est attendu au tournant pour faire le lien entre le milieu et l’attaque. Et si un éventuel retour en grâce inattendu de M'Baye Niang en pointe redonnait du souffle à une équipe sur les rotules ? "Il est entré lors des trois dernières rencontres", a indiqué, laconique, le technicien breton. Le football est friand de ces clins d’œil ironiques du destin.
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