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Ligue des champions - André Villas-Boas (Marseille) et Porto, lien filial et quête de grandeur

Julien Pereira

Mis à jour 03/11/2020 à 10:17 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - André Villas-Boas se rend à Porto pour tuer le père, ce mardi soir (21h00). L'Olympique de Marseille n'a déjà plus le droit à l'erreur en C1. Pour l'entraîneur portugais, jouer la suite de sa saison face à son club de toujours est un crève-cœur. Le technicien de 43 ans est lié aux Dragons à vie et son histoire est inachevée.

André Villas-Boas après la victoire de Porto face à Braga en finale de la Ligue Europa, le 18 mai 2011

Crédit: Getty Images

Il y avait eu le soulagement d'un club qui s'attendait au pire, mais qui y avait finalement échappé. Le 1er octobre dernier, tous les Marseillais se déridaient de ne pas avoir hérité d'un éventuel groupe de la mort pour le retour de l'OM en Ligue des champions. Tous. Sauf un. L'entraîneur, celui-là même qui avait mis fin à sept années de sevrage.
"Je suis heureux, un peu, et triste, beaucoup", admettra un peu plus tard André Villas-Boas un peu poétique. Pour sûr, lui aurait accepté de se frotter au Bayern Munich, au Barça et à l'Inter si cela avait pu lui éviter de croiser le FC Porto. "On est tombé sur notre club de cœur et c’est émotionnellement très difficile. C’est une équipe contre laquelle je ne voulais pas tomber", avait avoué le technicien portugais, évoquant ainsi une peine partagée par une partie de son staff, dont certains membres l'accompagnent depuis son mandat portista.
Aucun d'entre eux, pourtant, ne peut revendiquer un attachement aussi profond au "club de cœur" d'AVB. Pas même son adjoint Ricardo Carvalho, défenseur légendaire aux huit saisons passées chez les Dragons, mais ayant grandi à Amarante, une ville du district reculée, dans les terres. Pilier du doublé européen mémorable (2003, 2004) de José Mourinho, l'ex-international portugais gardera sa place au chaud dans la grande histoire du club du Nord. Comme d'autres.
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André Villas-Boas le 27 avril 2011, lorsqu'il était encore entraîneur du FC Porto

Crédit: Getty Images

André Villas-Boas, lui, est attaché aux Azuis e Brancos par un lien absolument unique. En cela, peut-être est-il un peu à part parmi les entraîneurs en activité sur le Vieux Continent. Pep Guardiola a cassé sa filiation avec le Barça et rappelle à qui veut l'entendre que la rupture est définitive. Diego Simeone incarne l'Atlético mieux que personne mais le Racing de Avellaneda occupera toujours son esprit.

Portista bien avant sa naissance

AVB, lui, adopte le ton de la mélancolie à chaque fois qu'il est amené à parler de "[s]a ville, [s]on club", qu'il considère sans hésitation comme "le plus grand du groupe C" de cette Ligue des champions - où figure tout de même Manchester City.
Était-il prédestiné à tomber raide dingue du FCP ? Il faudrait être fou pour croire que la génétique a quelque chose à voir là-dedans. Ses arrière-grands-oncles, Albert et Alfred Kendall, sont pourtant parmi les fondateurs du club. Son grand-père l'avait fait socio dès sa naissance et à l'adolescence, il était un membre des Super Dragões.
Avant même sa majorité, il était déjà assez culotté pour faire basculer son histoire en interpellant Sir Bobby Robson - alors entraîneur des Dragons - sur le rôle de joker de luxe conféré à Domingos Paciencia, son idole de l'époque. À sa place, n'importe quel autre ado aurait été salué avec un sourire puis gentiment ignoré.
Mais ce jour-là, précisément, Robson avait choisi de l'inviter au centre d'entraînement, avant de le pistonner. Ça ne pouvait être que lui. Est-ce aussi la raison pour laquelle il est devenu un OVNI, une quinzaine d'années plus tard ? Propulsé sur le banc en 2010, Villas-Boas bouclait l'une des plus grandes saisons de l'histoire du FC Porto, ne concédant pas la moindre défaite en championnat et décrochant un titre européen avec une "équipe pornographique", comme il aime s'en souvenir.

Juste derrière trois monstres sacrés

Paradoxalement, malgré cette liaison quelque peu romanesque, Villas-Boas n'a pas encore son rond de serviette à la table des géants. "Disons qu'il est un petit peu en retrait, nous explique Pedro Marques Lopes, éditorialiste nommé "socio de l'année" en 2018. Devant lui, José Maria Pedroto fut l'entraîneur qui a révolutionné le FC Porto. Artur Jorge l'a fait connaître à toute l'Europe en gagnant la première C1. Et José Mourinho en a fait un grand club européen."
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Villas-Boas: " Mon Porto avec Hulk, James et Falcao... c'était pornographique"

Bien que mémorable, une saison de succès n'a pas suffi. "Évidemment, son départ avait engendré de la déception, même si nous comprenons que certaines opportunités soient uniques, précise le commentateur. Peut-être qu'un vrai portista comme lui aurait aimé rester un peu plus longtemps."
Moins d'un an après avoir pris place sur le banc de son club de toujours, l'entraîneur s'est laisser tenter par le défi proposé par Chelsea. Avant de rebondir à Marseille, il s'est un peu perdu en route mais n'a jamais cessé de rappeler qu'il est avant tout un supporter de Porto, même en portant le survêtement du club olympien en conférence de presse.

Le sensible sujet de la présidence

En août dernier, il s'était volontiers rangé du côté des supporters marseillais qui avaient fêté la défaite du Paris Saint-Germain en finale de Ligue des champions pour s'autoriser une pique largement commentée au Portugal. "Moi, je ne veux pas voir Benfica gagner la Coupe d’Europe. Je veux que Benfica soit battu. Selon moi, mieux vaut être réaliste qu’hypocrite. Si Benfica gagne une Coupe d’Europe, je suis emmerdé." De quoi réjouir tous les supporters qui tenteront de lui rendre hommage mardi soir dans le cadre du match face à l'OM (21h00), malgré les restrictions.
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Villas-Boas : "Artur Jorge et Mourinho furent les premiers ambassadeurs des entraîneurs portugais"

Après les mots, les actes ? A moyen-terme, Villas-Boas compte renouer avec le FC Porto : il a déjà certifié, plusieurs fois, que sa carrière d'entraîneur ne s'étendra pas au-delà de ses 45 ans car il nourrit l'ambition de devenir président du FCP. "Peut-être qu'il devrait s'abstenir de faire ce genre de déclarations, glisse Pedro Marques Lopes. Beaucoup se disent capables de diriger notre club mais nous ne connaissons pas leurs idées. Ça ne me paraît pas correct de dire tout ça. Le FC Porto a déjà un président." Avec Pedroto, Artur Jorge et Mourinho, Pinto Da Costa est une autre figure à laquelle on ne touche pas.
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