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Ligue des champions - Barça-Juventus : Wojciech Szczesny, une étiquette encombrante à arracher

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 08/12/2020 à 18:33 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - Arrivé en juillet 2017 à la Juventus Turin, Wojciech Szczesny y est devenu, dans l'ombre, l'un des meilleurs gardiens en Europe. Mais le portier polonais peine pourtant à se défaire de ses années à Arsenal, comme un boulet qu'il traîne injustement.

Wojciech Szczesny

Crédit: Getty Images

"C'est un excellent gardien, bon sang !" Cette exclamation, c'est celle d'un certain Dino Zoff, gardien historique de la Juventus entre 1972 et 1983. Interrogé début décembre par le site TuttoJuve, l'homme aux 476 matches en bianconero a voulu rendre hommage à Wojciech Szczesny, qui compte (déjà) plus de 100 capes dans le Piémont depuis son arrivée en juillet 2017. Pas rien pour celui qui conserve l'étiquette du portier pas vraiment rassurant de sa période à Arsenal. Et pourtant, Szczesny mériterait bien qu'on lui arrache une bonne fois pour toutes. Aujourd'hui, il fait partie du giron des meilleurs gardiens en Europe.
Si personne ne conteste les grandes difficultés qu'il a pu éprouver du côté des Gunners au tout début de sa carrièe professionnelle, l'international polonais a pris une toute nouvelle dimension en Italie. Il y a eu tout d'abord sa période du côté de l'AS Rome, où il a été prêté pendant deux saisons entre juillet 2015 et juin 2017. Pour lui, le début d'une deuxième carrière. Dans la ville éternelle, Szczesny retrouve tout d'abord la confiance. Un élément capital pour un gardien. Puis il enchaîne les prestations de haute volée sur le terrain. Plus rassurant, plus déterminé et plus serein, le Polonais y effectue des progrès significatifs.
"C'est tout simplement la meilleure saison de ma carrière, confiera-t-il en mai 2017, soit juste avant son retour express à Arsenal. Ici, j'ai pu grandir en tant que gardien et en tant qu'homme. J'aimerais rester à Rome." Il n'en sera rien. Les Gunners réclament alors 17 millions d'euros aux Giallorossi, qui découvriront peu après le talent d'un autre gardien devenu grand : Alisson Becker. De son côté, Szczesny retourne donc à Londres avant de revenir dans la Botte près d'un mois plus tard. Dans le viseur du Napoli, il signe finalement à la Juve, en quête d'une doublure à Gianluigi Buffon et qui dépense 15 millions d'euros (12 + 3 de bonus) pour le recruter. La page Arsenal se tourne définitivement.

Un début de doublure, puis...

Dans la Juve de Massimiliano Allegri, qui vient alors de remporter son sixième scudetto de suite, Szczesny arrive sur la pointe des pieds. Faire du bruit, ce n'est pas tellement son genre. Il se range tranquillement derrière la légende Buffon, aux côtés de qui il va bien évidemment beaucoup apprendre. Le portier polonais doit alors se contenter des miettes, ce qu'il fait sans rechigner. Mieux, il se montre à chaque fois à la hauteur de la Vieille Dame. En décembre 2017, Gigi Buffon lui laisse sa place après une blessure au mollet. Szczesny enchaîne alors sept matches de rang... et encaisse seulement un but. Au total, il n'en subira que 10 en 21 rencontres.
"L’école des gardiens est très différente en Italie, explique-t-il en octobre de la même année dans les colonnes du quotidien The Independent. Ici, c’est très technique et on accorde plus d’attention aux détails (...) Je me suis amélioré au quotidien, il faut travailler tous les aspects de ton jeu à l’entraînement et c’est quelque chose que j’ai vraiment apprécié." Le 23 décembre, lors du choc face à "sa" Roma (1-0), il remporte notamment son face à face contre Patrik Schick à la 93e minute. Une arrêt qui va marquer les esprits.
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Wojciech Szczesny

Crédit: Getty Images

Après une saison dans le Piémont, Szczesny a convaincu tout le monde. Apprécié dans le vestiaire, au niveau sur le terrain, la Juve est certaine d'avoir trouvé celui qu'elle cherchait : le successeur du quadragénaire Gianluigi Buffon. Ce dernier décide alors d'aller voir ailleurs, destination Paris et le PSG. La voie est donc libre pour le Polonais, enfin prêt à effectuer le grand saut. Le voilà de nouveau titulaire dans l'un des plus grands clubs européens. Enfin. Mais Szczesny a alors tout à perdre. En plus de devoir garder les cages de celle qui rafle presque tout dans la Botte, il doit se coltiner l'étiquette de l'héritier de Buffon. Encore une. Autant dire que la pression est grande, mais pas assez pour faire plier les épaules de son mètre 96. Voilà maintenant trois saisons qu'elles portent la Vieille Dame. Dans les bons comme dans les mauvais moments.

...l'inverse !

En plus d'être devenu l'un des leaders de la Juve au fil des saisons, Wojciech Szczesny s'y montre toujours aussi décisif. En silence. Peut-être moins spectaculaire qu'un Manuel Neuer, certainement moins charismatique qu'un Gigi Buffon, l’ancien joueur des Gunners préfère les actes aux paroles. La reconnaissance ne l'intéresse pas vraiment, lui qui a pourtant été élu meilleur gardien du championnat italien la saison dernière. Si la Juve, actuellement en pleine rénovation (projet jeunes, nouvel entraîneur...), a une grande tendance à vaciller depuis le début de saison, son dernier rempart ne cède jamais. On ne compte plus ses arrêts-réflexes. Les plus récents ? Contre le Dynamo Kiev (3-0) mercredi dernier, en Ligue des champions, et dans le derby face au Torino (2-1) samedi. Deux victoires où la Vieille Dame peut remercier son portier, capable de remporter des face à face décisifs lorsque les siens étaient en souffrance. Simone Zaza, l'attaquant du Toro, pourra facilement le témoigner, lui qui aurait pu donner un double avantage aux siens sans un incroyable arrêt du gardien bianconero. Une semaine plus tôt, c'était cette fois Pasquale Schiattarella, le milieu de Benevento, qui butait sur le portier polonais sur une frappe pourtant parfaitement enroulée.
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Le Rabiot de Pirlo, la pièce manquante du puzzle des Bleus

Dans les différentes catégories des gardiens existantes, Szczesny a sa place bien au chaud dans celle de ceux qui font gagner des points à leur équipe. Sur la scène européenne, la donne ne change pas : le Polonais, qui a également beaucoup progressé dans son jeu au pied, a un pourcentage d'arrêts qui s'élève à 75%. La saison dernière, en championnat, il avait la plus haute : 74%. Sa note moyenne en Serie A cette saison ? 6,33. Et si Gigi Buffon est revenu entre-temps, rien n'a changé. Le voilà désormais doublure... de son ancienne doublure. Et il est plutôt normal qu'il en soit ainsi. "C'est étrange de l'avoir en second, confiait récemment l'international polonais à Tuttosport. Il y a quelques années, je n'aurais pu penser à ça (...) Nous avons une grande relation, je vis donc cette expérience avec un grand plaisir et cela me motive".
Les qualités de Szczesny sont multiples. On peut en citer encore d'autres : la rapidité à se coucher, l'anticipation, la tranquillité qu'il dégage, les arrêts sur sa ligne, la détente ou encore les face à face, notamment en raison de sa capacité à rester debout jusqu'au dernier moment.. De quoi destabiliser l'attaquant. Bien évidemment, il reste encore perfectible, notamment sur les prises aériennes. Mais ses progrès sont notables depuis son arrivée en Italie. Aujourd'hui, Szczesny, qui a récemment prolongé son contrat jusqu'en 2024, n'est plus simplement un bon gardien. C'est devenu un (très) grand gardien.
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