Il plaît au PSG et à l'Inter : Thiago Motta, l'entraîneur qui grimpe, qui grimpe...

C'est un énième virage que Simone Inzaghi s'apprête à négocier, mardi soir, à Porto. Malgré une saison qui pourrait s'avérer jusqu'ici positive, l'entraîneur de l'Inter doit impérativement passer ce huitième de finale retour face au club portugais, battu lors de la confrontation aller (1-0) à Giuseppe-Meazza. Dans le cas contraire, son futur proche pourrait sérieusement s'assombrir. En cause, notamment, le rendement trop intermittent en Serie A (huit défaites, la plupart face à des clubs largement à la portée), une incapacité à motiver ses troupes, une baisse physique et le manque de variations de son 3-5-2.

Son bilan dans les coupes nationales, dont une Supercoupe d'Italie glanée en janvier dernier face à l'AC Milan, ne suffit plus. Ni à sa direction, ni aux tifosi, dont l'hashtag #InzaghiOUT ne cesse d'être partagé sur les réseaux sociaux. Surtout que les alternatives pour le remplacer sont nombreuses. Il y a par exemple celle menant à Thiago Motta, ancien joueur du club, qui séduit les dirigeants lombards.

Pour l'heure, soyons clairs : il est encore trop tôt pour parler d'un intérêt concret. Le futur du frère cadet des Inzaghi est toujours dans ses mains, et il dépendra très certainement des résultats obtenus d'ici à la fin de la saison. Mais l'actuel technicien de Bologne ne cesse de voir sa cote grimper de l'autre côté des Alpes. Arrivé en septembre dernier sur le banc d'une équipe à la dérive, et qui ne comptait que six points en six journées, l'ancien Parisien a redressé la barre. Mieux, il a ramené le club d'Emilie-Romagne dans la partie haute du classement, à seulement six points de la zone européenne. Inespéré pour ses dirigeants qui, à l'époque, avaient fixé le maintien comme priorité.

En plus de résultats convaincants, Motta est surtout parvenu à donner une identité claire à son équipe, par un jeu qui séduit tout le monde, ses joueurs en prime. A Bologne, il fait l'unanimité, de son vestiaire à sa direction, qui aimerait d'ailleurs rapidement lui prolonger son contrat, courant jusqu'en 2024. Avec son passage au 4-2-3-1, l'ancien milieu de terrain a trouvé le mélange parfait entre équilibre, solidité et qualité. Lors des huit derniers matches, les Rossoblù n'ont encaissé que six buts, grâce notamment au duo Jerdy Schouten - Nicolas Dominguez, qui fait office de liant entre défense et attaque. La confiance perdue du début de saison a été retrouvée au fil des mois avec la patte d'un technicien capable d'extraire le meilleur de ses joueurs, en plus de les faire progresser et adhérer à son projet de jeu.

Ivan Juric, qui a disputé 22 matches aux côtés de Motta à l'époque du Genoa en 2008-2009 sous la houlette d'un certain Gian Piero Gasperini, voit son ex-coéquipier comme un futur grand coach. "C'était un joueur incroyable, confiait l'entraîneur du Torino, lundi dernier, après sa victoire face à Bologne (1-0), justement. Mais c'était également un garçon pur, très clair et très juste. Il ne te manipulait jamais, mais jouait toujours la franchise et la sincérité. Vraiment 'bravissimo'. Motta fait-il partie de l'école Gasperini ? On est beaucoup dans ce cas. Quand 'Gasp' t'entraîne, il devient contagieux, surtout quand tu comprends son football. Pressing, supériorité numérique, ne pas faire jouer les autres, se faire plaisir, t'entraîner sérieusement... Nous sommes beaucoup, aujourd'hui, en Serie A, à avoir suivi ses idées. Pour moi, Thiago est encore un peu différent, supérieur à nous. Il a eu d'autres entraîneurs, d'autres qualités... C'est le plus complet. Il arrive à allier une chose et l'autre. On le voit avec son travail à Bologne."

"S'il me surprend ? Certainement pas, loin de là, même, estime de son côté Diego Milito, son ancien partenaire à l'Inter. Je connais Thiago, et je sais comment il est. J'ai toujours su que c'était un homme très intelligent. Il l'était comme joueur, il voyait tout avant tout le monde. Il savait quoi dire et ce qu'il fallait faire."

Riccardo Orsolini était l'un des joueurs les plus en difficulté avant l'arrivée de son nouvel entraîneur. Pourtant talentueux, le milieu offensif au pied gauche soyeux peinait toujours autant à se montrer régulier. De l'histoire ancienne. En 2023, il a marqué cinq buts en dix matches, alors que son compteur affichait zéro après onze journées. En l'espace de quelques mois, Motta est parvenu à trouver un contexte tactique et technique capable d'exalter ses meilleurs joueurs. Stefan Posch et Lewis Ferguson peuvent en témoigner. Le premier avait des problèmes d'adaptation à son arrivée en Italie ? Le latéral compte désormais quatre buts et une passe décisive. Le deuxième ne comptait aucune titularisation après dix journées ? Le voilà devenu un milieu complet, moins dispersé et plus organisé. L'effet Motta.

Concernant la gestion d'un groupe, l'Italo-Brésilien sait également se faire respecter. Demandez par exemple au caractériel Marko Arnautovic, meilleur élément de la première partie de saison de Bologne. Pas satisfait de son attaquant lors de ses dernières sorties, Motta n'a pas hésité à le reléguer sur le banc, quitte à provoquer sa colère, samedi soir, face à la Lazio (0-0). L'international autrichien n'est même pas entré en jeu, comme cinq jours plus tôt contre le Toro. Alors, énervé, il a jeté une bouteille par terre à la fin de la rencontre, avant de s'en prendre à de pauvres panneaux publicitaires. En ville, voilà qui rappelle les épisodes historiques Ulivieri - Baggio et Guidolin - Signori.

"Arnautovic était énervé ? Je fais jouer les joueurs qui méritent, a rétorqué Motta samedi soir à DAZN. Je peux comprendre, cela m'arrivait aussi quand j'étais joueur. Je fais des choix, qui joue mérite de jouer." Bien évidemment, gérer un vestiaire de stars comme celui du PSG serait une autre paire de manches. Mais l'ancien technicien des U19 du club de la capitale prouve toutefois qu'il peut prendre des décisions fortes, voire impopulaires, comme il l'avait fait durant son passage du côté de Spezia. Cadre de son équipe, M'Bala Nzola avait été exclu d'un entraînement après une altercation avec l'un de ses coéquipiers.

Alors que Nasser Al-Khelaïfi continue de le tenir en haute estime, Thiago Motta, élu entraîneur du mois de février en Serie A, pourrait-il entrer dans la short-list de l'éventuel post-Galtier ? "Il peut entraîner tous les grands clubs, Inter, Milan, Juve, PSG, répondait l'avocat et agent Dario Canovi, dont le fils Alessandro gère aujourd'hui les intérêts du technicien. Je ne suis pas le seul à le penser. L'an dernier, il y a même deux ans, Motta était à deux doigts d'entraîner Paris. Le président Nasser sait ce qu'il vaut... Croyez-moi, cela ne serait pas trop tôt. Motta connaît tout du PSG, de l'intérieur à l'extérieur. Absolument tout."