PSG | Luis Campos - Christophe Galtier : limites flagrantes et circonstances atténuantes après l'élimination à Munich

Jamie Carragher a eu des mots durs mais justes. Le consultant de CBS Sports, ancien pilier d'une équipe de Liverpool pas toujours flashy mais souvent transcendée par l'enjeu, s'est réjoui de l'élimination du PSG en 8e de finale face au Bayern Munich (0-1, 2-0). Parce qu'à ses yeux, le football a été respecté. "Ce n'est pas une équipe, c'est un gâchis, a-t-il asséné. Cinq fois sur les sept dernières années, ils sont sortis en huitièmes de finale. Ils ont dépensé plus d'argent que quiconque. Ils ont les meilleurs joueurs du monde. C'est génial parce que cela vous montre à quel point c’est important d'être une équipe".

Être une équipe, ou en tout cas en devenir une, c'était la promesse du duo Luis Campos - Christophe Galtier à leur arrivée au PSG l'été dernier. Le premier devait construire un effectif à même de combler les manques parisiens, le second un état d'esprit à même de permettre aux siens de se sublimer collectivement dans les grands moments. Echec sur toute la ligne, avec un effectif monté à l'envers et un manque de caractère flagrant mercredi encore, après des premiers indices entrevus en L1 et en Coupe de France.

La feuille de match de ce 8e de finale retour fut un terrible miroir pour le directeur du football parisien. A l'heure où le Bayern Munich lançait Joao Cancelo, Serge Gnabry, Leroy Sané ou Sadio Mané pour finir le match, Paris comptait sur deux gamins de 17 ans (Zaïre-Emery et Bitshiabu), un jeune attaquant novice à ce niveau (Ekitike) et un latéral gauche de métier (Bernat) pour créer l'exploit. Il n'est, fatalement, jamais venu.

De son premier mandat à la tête du pole sportif du PSG, restera une immense déception pour celui dont le travail de scouting est l'une des qualités premières. Si Nordi Mukiele (12M) a su s'intégrer parfaitement dans la rotation parisienne, Vitinha (41M), Fabian Ruiz (23M), Carlos Soler (18M), Renato Sanches (15M) et Hugo Ekitike (prêt avec option d'achat à 36M) n'ont jamais su incarner une plus-value majeure dans le onze parisien, ni des solutions viables et intéressantes en sortie de banc.

Alors que le recrutement d'un défenseur central d'envergure aurait dû être une priorité, alors que le manque d'intensité parisien au milieu est un souci identifié (la piste Seko Fofana avait été explorée, NDLR) mais mal résolu, Campos a fini par être aspiré par les mêmes soucis structurels que ses prédécesseurs.

Conscient que la structure salariale du club n'était pas viable et que le projet MNM devait être enterré, il avait choisi de mettre Neymar sur le marché. Personne n'est venu et c'est donc un projet mort-né que Campos a dû mener. Aucun attaquant de fixation pour accompagner Mbappé, plus de 150 millions investis pour un effectif aux limites flagrantes, comme il l'avait reconnu dès septembre, pointant aussi le manque de résultats d'Antero Henrique dans les dossiers des exfiltrés.

Son attitude face à Lille (4-3) prouve que l'exposition du PSG peut parfois faire tourner les têtes les plus solidement ancrées. Dernier grief à son encontre, et pas des moindres : c'est lui qui a insisté pour Christophe Galtier. Un choix qui l'affaiblit, fatalement.

Parce que l'ancien entraîneur de Saint-Etienne, Lille ou Nice n'a pas réussi à appliquer sa méthode à l'échelon supérieur. Sa promesse d'unité et d'un bloc collectif similaire à ceux entrevus dans ses précédents clubs s'est heurté aux mêmes limites que Pochettino : ce trio Mbappé-Neymar-Messi, aussi sexy soit-il, n'est plus à l'heure européenne. Son apport offensif est insuffisant à l'heure de justifier ce 7+3 encore si souvent entrevu cette saison malgré les efforts du Brésilien. Pire, ces trois stars, si dominantes, sont toutes passées au travers lorsque Paris avait le plus besoin d'eux.

Le principal souci de Galtier est de n'avoir jamais su trouver de plan B en cas d'absence ou de mauvais match, finalement rares, de Mbappé. Peut-être parce que son effectif n'avait pas les profils adéquats. Aussi parce qu'il a tâtonné tactiquement depuis le début de saison, pas aidé par des absences encore préjudiciables au pire moment possible. Son attentisme forcé du match aller pèse lourd à l'heure du retour.

Pour le reste, comme Pochettino ou Tuchel avant lui, Galtier a réussi la partie humaine du job, avec une vraie proximité avec son groupe et des cadres sensibles à ses prises de position. Ces mêmes cadres qui ont raté ce 8e de finale. C'est la vraie limite de son mandat : les promesses d'un état d'esprit conquérant et d'un groupe qui fait corps a volé en éclat à plusieurs reprises cette saison, dès lors que Paris était chatouillé dans l'intensité. Ce PSG ne lui ressemble pas c'est bien dommage.

Voilà donc le duo désormais sous la menace d'une fin d'aventure précoce à Paris. C'est sans doute le Français qui risque le plus gros, de par sa position de fusible idéal. Le serpent de mer Zinédine Zidane risque d'être plus vivace que jamais, affaiblissant encore un peu plus sa situation. C'est encore au Qatar que devrait tout se nouer. Preuve qu'à Paris, le vrai pouvoir n'est jamais aux mains de ceux attendus.