Ligue des champions | Inter - Atlético Madrid | Lautaro Martinez, le droit de s'asseoir à la table des meilleurs

Aux alentours du Stadio Giuseppe Meazza, son nom est partout ou presque. Lorsque l'Inter joue à domicile, c'est d'ailleurs son flocage qui est le plus souvent mis en avant par les marchands ambulants placés tout autour de l'enceinte milanaise. Dans la partie bleue et noire de la capitale lombarde, Lautaro Martinez est l'idole de tous. Le capitaine qui mène ses troupes. Le numéro 10 qui brille et fait briller. Le buteur qui pourrait faire tomber tous les records cette saison.

Vendredi dernier, déjà, l'international argentin a inscrit face à la Salernitana (4-0) son 20e but de la saison... en 24 journées. Il est ainsi devenu le troisième joueur de l'histoire du club à marquer au moins 20 buts lors de trois saisons de suite, après Giuseppe Meazza (cinq, entre 1929/30 et 1933/34) et Stefano Nyers (quatre, entre 1948/49 et 1951/52). Et le deuxième à planter autant après une phase aller en Serie A depuis le passage à 20 clubs (2004-05) : 16 réalisations, derrière les 17 de Mauro Icardi (2017-18). De quoi donner une légère idée de sa dimension prise à l'Inter.

En tout et pour tout, Lautaro compte 23 buts en 31 matches toutes compétitions confondues. Sans oublier ses 5 passes décisives distillées ici et là. Dans cette saison au presque parfait pour son équipe, qui s'envole tout droit vers le 20e Scudetto de son histoire, synonyme de deuxième étoile sur le maillot, et après avoir déjà soulevé la Supercoupe d'Italie en janvier dernier, "Lauti" joue - comme souvent - les premiers rôles. "Mais je travaille pour ça, a-t-il sobrement réagi vendredi dernier à InterTV. Je suis très content et très heureux (...) Je veux continuer de travailler, et c'est un message pour tout le monde, dont les nouveaux qui arrivent : l'Inter doit être toujours là-haut et je cherche à le transmettre. Actuellement, nous jouons un football de très haut niveau. Il faut continuer sur cette voie."

Débarqué en 2018 du côté de la Lombardie, Lautaro a tout traversé depuis. Individuellement comme collectivement. Mais sans regret. "Je ne suis personne, j'essaie toujours de m'améliorer, poursuivait-il à Inter TV. Mon premier trophée, c'était le Scudetto avec l'Inter. J'ai tout gagné avec la sélection, mais cela ne veut rien dire. Il faut toujours continuer de progresser, sans arrêt."

Année après année, saison après saison, entraîneur après entraîneur... Lautaro s'est forgé sans jamais baisser les bras. Arrivée comme un quasi inconnu du grand public, bien que contre 25 millions d'euros, l'ex-attaquant du Racing Avellaneda (Argentine) s'est fait un nom depuis. Au point de l'inscrire au huitième rang du classement des meilleurs buteurs de l'histoire de l'Inter avec 125 buts, passant devant Mauro Icardi (124) et Christian Vieri (123). Et devant lui, les divers Nyers (133), Lorenzi (143), Cevenini (158), Mazzola (160) et Boninsegna (171) semblent tous à la portée. Alessandro Altobelli (209) et Giuseppe Meazza (284), eux, sont beaucoup plus loin.

"J'espère qu'il pourra devenir le nouveau Zanetti de l'Inter, s'enthousiasmait Javier Zanetti, vice-président des Nerazzurri, en fin d'année dernière. Je suis très heureux pour lui, il mérite tout ce qui lui arrive. C'est notre capitaine, un joueur très important pour nous." Heureux à Milan, très attaché à l'Inter, Lautaro a également trouvé un parfait acolyte sur le terrain : Marcus Thuram. Leur association, rebaptisée "ThuLa", fait des ravages partout où elle passe (30 buts et 14 passes décisives à eux deux en championnat). Assez pour faire oublier la "LuLa" et le désormais banni Romelu Lukaku. "Ce que j’aime le plus chez Lautaro, c’est sa technique et son sens du but. Lautaro et moi, nous nous complétons bien car je pense que Lautaro est un joueur très intelligent et j’essaie d’être très intelligent aussi. Nous sommes deux joueurs qui respectent le jeu, c’est plus facile de jouer avec quelqu’un comme ça", se félicitait l'international français en décembre.

Malgré son rendement et son statut, Lautaro se sait parfois oublié dans les débats autour du meilleur attaquant du monde. Après tout, pourquoi ne pourrait-il pas s'asseoir à la table des divers Harry Kane, Robert Lewandowski ou Victor Osimhen ? "Pour moi, il fait bien partie des meilleurs buteurs du monde, estimait Ivan Zamorano, ancien attaquant de l'Inter, à La Gazzetta dello Sport la semaine passée. Il peut s'asseoir à la table de Mbappé, Haaland et Kane. Le consensus autour de lui est universel. Il n'est pas seulement complet, mais c'est aussi un leader indiscutable de l'Inter, et tout ça uniquement grâce à ses mérites. A chaque match, il y a tout ce que signifie Lautaro pour l'Inter : leadership, travail, sacrifice, effort et persévérance. Il a gagné le coeur des tifosi avec tous ces éléments."

"C'est l'un des cinq meilleurs attaquants du monde car il sait faire la différence, en marquant et en faisant jouer son équipe. Osimhen est meilleur ? Jamais !", lâchait même Antonio Cassano, passé notamment par l'Inter durant sa carrière, en début de saison. Lors des quatre derniers exercices (de 2020-21 à 2023-24), Lautaro s'est montré capable d'inscrire au moins 15 buts. Une performance réussie uniquement par deux autres joueurs dans les cinq grands championnats : Kylian Mbappé et Harry Kane. Selon plusieurs acteurs du marché, ses performances lors du Mondial 2022, certes remporté par l'Albiceleste, ont toutefois joué sur la côte du buteur argentin, passé de titulaire à remplaçant au fil des matches. La scène européenne (12 buts en 42 matches de Ligue des champions, 3 à partir des 8es de finale) doit également devenir sa vitrine. "Il fait partie des meilleurs du monde, si ce n'est le meilleur", assurait un Marcus Thuram sans le moindre doute sur le sujet, lundi, en conférence de presse.

Côté coulisses, le nom de Lautaro est également sur toutes les lèvres. Et pour cause, puisque sa prolongation de contrat jusqu'en 2028, souvent annoncée comme imminente ces dernières mois, traîne en longueur. Faut-il donc s'inquiéter pour la suite de cette belle histoire ? A priori non. "Je suis heureux, très heureux ici, a affirmé l'intéressé vendredi à DAZN. Je ne m'attendais pas autant d'amour quand je suis arrivé à l'Inter, ma famille non plus. Il manque quelques détails mais cela arrivera vite. Ce n'est pas une chose facile, mais on continue d'y travailler." "Il n'y a toujours pas d'accord, regrettait son agent à Radio Sportiva le 24 janvier dernier. Il y a encore du temps, on négocie. Trouver un accord n'est pas simple, il y a beaucoup d'aspects à étudier. Il est heureux à l'Inter. Si nous arrivons à une prolongation, c'est très bien. Et dans le cas contraire, nous sommes tous des professionnels."

Un coup oui, un coup non. Dans ce qui ressemble maintenant à une sorte de fil rouge à l'Inter, la prolongation du champion du monde 2022 est également surveillée ailleurs. Et notamment à Paris, où le départ de Kylian Mbappé pourrait créer bien des vagues. "Un risque que le PSG aille sur lui ? Nous risquons quotidiennement, c'est la nature du football, a répondu Giuseppe Marotta, administrateur délégué du club lombard, à DAZN. Il n'y a pas d'inquiétude, on ne va pas se faire conditionner par des Unes des journaux. Je ne vois aucune différence entre nous et le PSG (...) Nous avons une propriété très forte, et nous sommes compétitifs grâce à ça."

Selon La Gazzetta dello Sport, l'entourage du" Toro" réclamerait un salaire de 10 millions d'euros plus bonus, alors que sa direction souhaite une base fixe de 8 millions. "L'optimisme est toujours présent", était-il précisé le 8 février, évoquant un rendez-vous programmé en mars prochain à Madrid. Mais au cas où les choses se passeraient mal, ce que personne ne souhaite, l'Inter a quand même fixé son prix d'après le quotidien rose : 150 millions d'euros. Pas vraiment l'Everest pour un tel joueur.