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Equipe de France : Le système des Bleus ? On y voit encore moins clair…

Vincent Bregevin

Mis à jour 14/06/2022 à 18:39 GMT+2

LIGUE DES NATIONS – De la défaite contre le Danemark (1-2) à celle face à la Croatie (0-1), Didier Deschamps a varié les systèmes sans succès durant ce mois de juin. Le paramètre physique explique en partie le phénomène. Mais il ne résume à lui seul pourquoi les Bleus peinent à trouver un équilibre collectif quel que soit le schéma choisi par le sélectionneur.

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Ils étaient certainement trop rincés pour que l'on se fasse réellement une idée. Déjà diminuée par le forfait de Paul Pogba, encore davantage après les défections de Raphaël Varane, N'Golo Kanté et Lucas Hernandez, et contrainte d'évoluer avec trop de joueurs exténués par une saison harassante, l'équipe de France n'a jamais montré la plénitude de son potentiel durant ce mois de juin. Les résultats en attestent. La manière aussi. La fatigue doit être prise en compte, mais elle n'explique pas tout. Les Bleus ont affiché trop de lacunes collectives pour que ce constat se limite au paramètre physique.
La question du système revient forcément sur la table. Le schéma à trois défenseurs centraux n'avait pas forcément offert toutes les garanties malgré le titre en Ligue des nations à l'automne dernier. La tendance s'est accentuée contre le Danemark (1-2), il a donné plus de signes d'inquiétude qu'autre chose. Le retour au 4-4-2 n'a pas vraiment été plus concluant lors du premier rendez-vous contre la Croatie (1-1) puis face à l'Autriche (1-1). Et le 4-3-3 tenté pour les retrouvailles face aux Croates (0-1) n'a pas mieux fonctionné. Quelle que soit la configuration, le collectif tricolore est invariablement resté bancal.

Le 3-5-2 : le cas du piston droit n'est pas le seul problème

Deschamps a globalement résumé l'impression générale avec ce système qu'il a privilégié depuis l'automne dernier. "On a fait de bonnes choses avec la défense à trois, en ayant certains soucis aussi, a-t-il déclaré après la défaite face aux Croates. C'est une question d'équilibre." Un équilibre qui fait régulièrement défaut aux Bleus dans ce schéma moins classique et donc particulièrement exigeant, tactiquement et physiquement. Il implique aussi de disposer de profils particuliers. D'un vrai chef de défense pour occuper l'axe de la charnière à trois. De centraux rapides capables de couvrir sur les côtés. Mais surtout de véritables pistons. C'est là où le bât blesse principalement.
Le problème ne se pose pas à gauche, avec de vrais spécialistes comme Théo Hernandez ou Lucas Digne. A droite en revanche, il reste entier. Benjamin Pavard est plutôt un défenseur central, Kingsley Coman plutôt un ailier. Jonathan Clauss a bien le profil, mais il manque cruellement d'expérience au plus haut niveau. Intrinsèquement, cette absence de véritable spécialiste du rôle de piston droit crée le déséquilibre collectif auquel la France est systématiquement confrontée dans ce système à trois centraux. La défaite face au Danemark a encore permis de le vérifier, alors que les deux buts sont venus d'un problème d'alignement côté gauche.
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"Collectivement et individuellement, il n'y a quasiment aucun point positif à retenir"

L'autre limite de ce schéma est apparue après la blessure de Raphaël Varane contre le Danemark. La sortie du défenseur de Manchester United a d'ailleurs précipité la défaite tricolore. Son remplaçant, William Saliba, n'a pas la même expérience mais surtout pas le même profil. Ce poste dans l'axe de la défense à trois exige un registre complet, dans le placement, l'anticipation, le marquage, la relance et même le leadership. Il n'y a quasiment pas d'autre option que Varane pour tenir ce rôle chez les Bleus. Boubacar Kamara a les qualités pour l'occuper, mais il manque clairement de vécu pour être réellement une solution fiable. Si Varane vient à faire défaut, la logique de mettre en place ce système, déjà discutable en l'absence de véritable piston droit, ne tient plus vraiment.

Le 4-4-2 : le choix de la sécurité dépend des hommes

La blessure du joueur de Manchester United a d'ailleurs été l'une des raisons qui a poussé Deschamps à repasser à une défense à quatre pour les trois matches suivants. Ce n'est pas la seule. "Le système à trois a des avantages mais ça demande d'être au top physiquement, parce que cela demande de faire des compensations importantes, a expliqué le sélectionneur lundi soir. Quand je me suis rendu compte que ce n'était pas le cas, j'ai décidé d'aller sur quelque chose de plus rationnel pour utiliser la largeur et avoir moins de distance." La rationalité, c'est la sécurité. En France, les joueurs sont plus habitués à une défense à quatre. C'est d'abord une question de culture.
Le 4-4-2 n'a cependant pas donné plus de satisfaction que le 3-5-2. C'est d'autant plus troublant dans le cas du 4-4-2 qui avait si bien fonctionné au Mondial en Russie. Mais dans une configuration différente, avec le rôle "hybride" tenu par Blaise Matuidi sur la gauche du milieu, et à droite un joueur rapide, capable de donner de la profondeur mais aussi de se projeter dans l'axe pour finir avec Kylian Mbappé. Adrien Rabiot a bien des qualités pour tenir la place occupée avant lui par Matuidi, et Coman celle d'un Mbappé repositionné dans l'axe. Mais ce sont des joueurs différents, et cela explique en partie pourquoi ce 4-4-2 n'a pas la même efficacité qu'il y a quatre ans.
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Aussi, la France a manqué de joueurs clés pour animer ce type de système. Il y a, là aussi, un problème intrinsèque avec l'absence d'un véritable latéral droit de haut niveau. Pavard, le mieux placé pour tenir le poste, reste un défenseur central de formation. Il y a eu, surtout, la preuve que Kanté et Pogba restent indispensables dans l'axe de l'entrejeu. Les Bleus ont été beaucoup moins performants à la récupération et au pressing sans le joueur de Chelsea. Ils ont manqué de liant entre le milieu et l'attaque sans celui qui va quitter Manchester United. Et sans les bons profils, ce système a lui aussi prouvé ses limites.

Le 4-3-3 : un échec à relativiser

Il a fait long feu. Mais Deschamps avait opté pour un 4-3-3 au coup d'envoi de la défaite face à la Croatie avant de changer son fusil d'épaule par la force des choses. "On était parti en 4-3-3, mais je leur ai demandé de passer en 4-4-2 pour occuper la largeur, car les Croates ont ce point fort du triangle du milieu", a expliqué le sélectionneur tricolore lundi. Aussi, le sélectionneur n'a pas pu optimiser les vertus de ce système par rapport aux joueurs alignés. Sur le côté droit notamment, où Koundé et Nkunku n'avaient pas le profil pour donner de la profondeur et de la verticalité au jeu tricolore, facilitant ainsi la tâche des Croates pour défendre.
Ce n'était pas le seul problème du 4-3-3. Le milieu inédit Kamara-Guendouzi-Rabiot a cruellement manqué de coordination face à l'infernal trio croate, Brozovic-Modric-Kovacic. Dans ces conditions, les Tricolores n'étaient pas armés pour exercer un pressing intense et récupérer les ballons plus haut. Les attaquants ont rapidement été coupés du reste du collectif et sont devenus très difficiles à toucher. Et toutes les vertus normalement offertes par le 4-3-3, notamment pour la compacité du bloc, n'ont jamais été aperçues contre les Croates.
Mais l'échec d'un soir n'interdit pas de beaux lendemains. Le 4-3-3 est de nature à mettre en valeur les individualités tricolores. Il offre notamment la perspective à Aurélien Tchouaméni, l'étoile montante des Bleus, d'intégrer le onze de départ dans un milieu à trois avec Kanté et Pogba. Il n'est pas taillé pour Antoine Griezmann en revanche. Un joueur dont le rayonnement avait poussé Deschamps à abandonner le 4-3-3 pour passer au 4-4-2 à l'Euro 2016. Avant ce 8e face à l'Irlande, on n'y voyait pas spécialement très clair sur la question du système. Deschamps avait trouvé la solution en cours de tournoi et posé ainsi les bases du succès de 2018. Pas impossible, vu la situation actuelle, que la réussite des Bleus au Qatar passe encore par l'inspiration de son sélectionneur.
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