Hanovre 96 : pas de défense, un attaquant et des questions

Toujours en course pour une troisième qualification européenne de suite, Hanovre 96 continue d’alterner le chaud et le froid en Bundesliga. Disposant, sur le papier, d’un effectif encore plus séduisant que les saisons précédentes, les "Roten" semblent ne plus progresser tactiquement. Entre des statistiques défensives alarmantes, une fin de cycle et une trouvaille en attaque, le club de Basse-Saxe doit se poser les bonnes questions avant d’affronter, pour le compte des seizièmes de finale de la Ligue Europa, un Anzhi Makhachkala des plus énigmatiques.

Où en est le club de Mirko Slomka ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Alors que, ces deux derniers exercices, j’ai passé mon temps à louer l’intelligence tactique de ce Verein adepte du contre, puis de "l’attaque en moins de 10 secondes", sans oublier les différents changements de système de jeu, l’équipe en place me frustre. Malgré un noyau de qualité et une première place dans son groupe en Ligue Europa.

32 joueurs sous contrat lors de la clôture de la période des transferts. Si le club d’Hanovre est connu aujourd’hui pour ne pas avoir de problème de trésorerie suite à une augmentation de capital de l’ordre de 20 millions d’euros, l’inflation du nombre de professionnels mis à disposition du coach allemand peut impressionner. D’ailleurs, hors suspension et blessures, ce ne sont pas moins de 24 joueurs de champ qui pourraient prétendre à une place de titulaire ! La direction des "Roten" se serait-elle adaptée à l’heure "magathienne", au mille-feuilles sportif ?

Résumons les arrivées. L’arrière latéral Pocognoli, la deuxième recrue après Felipe en provenance du Standard de Liège. Le jeune espoir de 2.Liga, Hoffmann. L’inconnu brésilien França et en prêt l’international suisse Djourou. L’objectif est clair, il faut donner tous les moyens possibles à Slomka pour atteindre la Ligue Europa. Sauf que les recrues sont-elles celles souhaitées ? Au dernier moment, le Serbe Kacar ne part pas d’Hambourg pour des raisons salariales. Son remplaçant, França, fait 9 centimètres de moins que prévu tandis que le Polonais Wszolek ne se présente pas à la visite médicale, alors que tout était prêt pour l’accueillir !

Le gardien numéro 3 de la Nationalmannschaft durant l’Euro 2012, Zieler, est bien le seul à pouvoir prétendre à une place de titulaire à l’arrière. Le vieux capitaine Cherundolo aussi. Sauf qu’il est out. Pendant qu’on s’attend à l’émergence du jeune international japonais Sakai, c’est le "presque banni" Chahed qui refait surface au poste d’arrière droit. Idem côté gauche où la concurrence fait rage entre le plus défensif Schulz et le plus offensif Pander, deux anciens internationaux allemands au passage. Et puis voilà que l’espoir Rausch vient se mêler, lors du Hinrunde, à la lutte. Sans oublier la recrue Pocognoli, expulsée lors de sa première sous ses nouvelles couleurs ! Dans l’axe, c’est la même chose ! Pogatetz parti sous d’autres cieux, c’est le gaucher Felipe, pas toujours irréprochable, qui s’installe, avant de se blesser. Haggui, plus que moins titulaire les deux dernières saisons, se voit passer devant par l’Helvète Eggiman. Mince ! Ce dernier s’amoche aussi et le "verrou suisse" (avec Djourou), espéré lors du Rückrunde, disparaît aussi vite qu’il est apparu. Ce samedi contre Hoffenheim, les supporters ont eu droit à Djourou-Schulz. Aucun but encaissé. On respire car Hanovre est, avec Stuttgart, l’avant dernière défense de Bundesliga.

Le duo Pinto-Andreasen, devant la charnière centrale, fut la bonne découverte du début de championnat. D’autant plus que l’international danois enchaînait les buts (six en dix rencontres). Sauf que "l’homme de verre" a rechuté et, une fois de plus, rejoint l’infirmerie fin septembre. Il est espéré pour la mi-avril. Autant dire que sa saison est fichue. Alors le polyvalent Schulz et le spécialiste du poste Schmiedebach se livrent à une lutte sans merci pour assister le Portugais. Aux dernières nouvelles, le dernier nommé à une longueur d’avance.

Dans l’actuel 4-4-2 de Slomka, le retour à Hanovre de l’ailier hongrois Huszti fut une bénédiction, forçant Rausch à migrer au poste d’arrière gauche, comme nous l’avons mentionné antérieurement. Par contre, drame à tribord avec la blessure, début décembre de Stindl, le meilleur joueur de l’équipe l’année dernière, lequel doit faire bientôt son retour après un trimestre d’absence. Capable du pire comme du meilleur, Schlaudraff a pris sa place.

24 buts en 38 rencontres, toutes compétitions confondues, depuis son arrivée lors du mercato hivernal 2011-2012. Le Sénégalais Mame Biram Diouf est la bonne pioche des "Roten" à la pointe de l’attaque. Tandis que se relayent à ses côtés, au gré des méformes, des pépins physiques, des absences ou des suspensions, Ya Konan, Abdellaoue, Sobiech. Que des professionnels portant le maillot d’une sélection ! Excusez du peu.

La difficulté du club de Niedersachsen à retrouver son jeu léché des deux dernières saisons est-il le fait des contraintes du paragraphe précédent ? Dans une certaine mesure, c’est indéniable. Mais lorsque l’on parle de profondeur de banc, on peut raisonnablement estimer que celui des "Roten" est un des plus beaux d’Europe. Au moins pour ce qui concerne la quantité.

Autre paramètre à prendre en compte, la durée des engagements. Cherundolo, 33 ans, Eggiman et Pinto, 32 ans tous les deux, sont en fin de contrat. Il est d’ailleurs reproché au Portugais de ne pas réaliser le même abattage que les exercices passés. Que faire d’un Andreasen talentueux mais toujours à l’hosto ? Chahed fait du rabe. Deux trentenaires libres en juin.

Quelle est aussi la motivation, pour atteindre les objectifs européens, de certains joueurs ne disposant plus que d’une année de contrat ? Pas toujours assurés d’une place de titulaire, les anciens Haggui et Schulz, deux des héros de l’épopée récente, doivent légitimement se poser des questions. C’est la même situation pour les quatre représentants de l’attaque ! Et surtout le premier d’entre eux. Diouf est convoité par plusieurs clubs anglais, sans oublier que la presse germanique l’envoie au Borussia Dortmund dans le cas d’un départ de Lewandowski. "Nous devons tout faire pour le conserver", affirme le coach. Quant aux autres, la concurrence est si dense qu’on peut logiquement penser à monnayer son départ : 32 buts pour 89 rencontres pour Abdellaoue, 36 goals mais aussi 24 passes décisives en 122 matches pour Ya Konan, par exemple.

Deux autres cas posent problème. Le premier, l’excellent Rausch, 22 ans seulement et déjà 168 matches professionnels au compteur, formé au club, a "le sentiment qu’on ne lui fait pas confiance". Les Vereine germaniques, notamment Schalke 04 et le Borussia Mönchengladbach, ont flairé la bonne affaire puisqu’il pourra partir à la fin du championnat. Donc sans indemnité de transfert. Une gageure ! Le second est celui du gardien international Zieler. Sans compétition continentale, les chances de flâner au Brésil avec la sélection allemande s’amenuisent.

Une infirmerie bien remplie depuis le début du championnat, un club à la recherche de son équilibre technico-tactique, des joueurs qui oscillent entre continuer l’aventure ou bien aller voir ailleurs et des dirigeants qui doivent naviguer à vue. C’est la situation actuelle des "Roten".  Seule certitude avant de rencontrer l’Anzhi Makhachkala, la qualité de son buteur ! Dommage, à l’heure où j’écris ces quelques lignes, la présence de Diouf est incertaine. Hanovre ne se renie pas.