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RB Salzburg : l’envol du taureau

Polo Breitner

Mis à jour 13/03/2014 à 10:27 GMT+1

Ultra-dominateur en Bundesliga autrichienne avec 25 points d’avance sur le SV Grödig, le club du mécène Dietrich Mateschitz, n’attend plus que l’officialisation de son nouveau titre national. Surtout, il rencontre en Ligue Europa, un frère quasi-jumeau, le FC Bâle, pour une opposition plus qu’alléchante.

Polo Salzburg

Crédit: Eurosport

C’est étrange la différence de perception ! D’un côté, la presse néerlandaise a pris un coup sur le carafon, ne s’en est pas encore complètement remise, ainsi que, dans son ensemble, le football des Pays-Bas. De l’autre, les médias autrichiens ont été subjugués par la nette victoire contre l’Ajax d’Amsterdam (3-0, 3-1), en seizième de finale de la Ligue Europa, acceptant ainsi l’ultra domination domestique du club de Red Bull, ce "nouveau" club de 2005, après quelques années de moqueries et de suspicions.

Rangnick :  nous recherchons des joueurs qui vont signer leur premier ou second contrat, pas le dernier ou l’avant-dernier 

Les propos liminaires du directeur sportif depuis juillet 2012 n’ont pas besoin d’être commentés. Les professionnels en fin de carrière ne sont pas les bienvenus. D’ailleurs, dans l’effectif actuel, aucun joueur de champ n’a plus de 29 ans. Le projet sportif du Verein autrichien ressemble comme deux gouttes d’eau à celui du TSG 1899 Hoffenheim, où officiait déjà Ralf Rangnick. Ce fut entre juin 2006 et janvier 2011. La Spielphilosophie, la philosophie de jeu y est identique : un pressing tout-terrain et un jeu flamboyant à une seule touche de balle, historiquement en 4-3-3 en Allemagne, lequel s’est mué au fur et à mesure en 4-4-2 en passant la frontière.
Ce qui vient d’être écrit est de la théorie. En pratique, Salzburg cherche des professionnels dont l’âge est compris entre 18 et 21 ans. Afin d’y parvenir, une seule recette : un excellent réseau pour débusquer les pépites de demain et une cellule de recrutement efficace. Ce qui permet ainsi au "Professor Rangnick" d’affirmer "qu’en général, nous nous passons des agents". Mais cette condition nécessaire n’est pas suffisante. Il faut aussi un beau carnet de chèques pour lancer l’affaire, amorcer la pompe, et c’est là que le mécénat de Red Bull intervient.
Dès son arrivée en Autriche, le directeur sportif a recruté Mané, l’ancien messin, Kampl, Berisha et Nielsen, le tout pour un peu moins de 12 millions d’euros. Lors du dernier mercato estival, l’espoir croate de 18 ans, Roguljic a rejoint Salzburg ainsi que le Péruvien Reyna, 20 ans. En hiver, c’est l’Autrichien Zulj, lequel vient de fêter ses 22 ans, qui débarque. Sans oublier la formation interne avec l’international Hinteregger, 21 ans, ou celui que l’on compare déjà à l’icône nationale, Alaba, Lazaro, 17 ans seulement. Dans l’équipe-type actuelle, huit joueurs ont 24 ans au plus et sont façonnés dans un moule bien précis. D’ailleurs, certains des noms cités risquent d’animer les prochains mois, avec de belles plus-values à la clé.

Tout n’est pas si facile, tout ne tient qu’à un fil…

Mais ce qui, aujourd’hui, est considéré comme un véritable petit modèle de développement et qui pourrait inspirer d’autres clubs européens, n’a pas toujours connu une vie tranquille. Malgré les investissements de la saison 2012-2013, c’est l’Austria de Vienne qui fut déclaré champion, avec beaucoup moins de moyens financiers. Pire, le 24 juillet 2012, lors des qualifications pour la Ligue des Champions, Salzburg se faisait éliminer piteusement par les modestes luxembourgeois du F91 Dudelange (0-1, 4-3) ! Sans oublier de mentionner l’échec en demi-finale de coupe d’Autriche contre le FC Pasching (1-2), un club amateur évoluant en troisième division...
A ce moment-là, le projet a de l’eau dans le gaz et le virage pris par le club n'apporte pas les résultats espérés. On en vient même à regretter l’ancienne politique, celle qui a vu la nomination d’un entraîneur à succès, Giovanni Trapattoni entre 2006 et 2008, puis d’une cohorte néerlandaise Adriaanse, Stevens et Moniz. Les titres obtenus en 2007, 2009, 2010 et 2012 pouvant valider l’ordre ancien. Mais qui donc  est ce Roger Schmidt, cet inconnu de 46 ans emmené dans les bagages de Ralf Rangnick et nommé coach par ce dernier ? Sur sa carte de visite, pas grand-chose : une saison réussie en 2011-2012 avec le SC Paderborn 07, en 2Liga allemande, et une cinquième place au général, à un point du barrage. C’est bien maigre.

Objectif Ligue des Champions

Les petites indiscrétions racontent que c’est un Ralf Rangnick furibard, prenant les joueurs à partie, qui a remis les pendules à l’heure. Depuis, le taureau de Salzburg vole : une domination totale sur le championnat national, logique, mais aussi le grand huit en Europa League : six sur six en phase de poule puis la double confrontation victorieuse contre l’Ajax d’Amsterdam, une autre école de pensée, si loin si proche de Salzburg. Mais ce qui a aussi provoqué le changement, c’est l’absence récurrente de qualification pour la prestigieuse coupe aux grandes oreilles. D’ailleurs, l’année en cours n’a pas changé la donne puisque le club turc de Fenerbahce s’est mis en travers de la route (1-1, 1-3). Mais on sent que le saint Graal se rapproche et pour une marque comme Red Bull, la visibilité est essentielle. C’est la condition sine qua non du partenariat et du mécénat de Dietrich Mateschitz.
Et la victoire en amical cet hiver (3-0) contre le FC Bayern préfigure, peut-être, l’avenir. "Parce que nous les avons harcelés de manière permanente" rappelle Rangnick. En attendant ce moment, "ce sera un duel de très haut niveau" prophétise Dragovic, international autrichien et ancien du FC Bâle. Une opposition dont les conséquences seront sportives mais aussi continentales car les deux pays se suivent de très près au classement UEFA.
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