Avant OM-Atlético : "De mémoire de Marseillais, je n'ai pas trace d'une telle folie"

Cette employée de la mairie de Berre l'étang n'en revient toujours pas. "Depuis une semaine, on prépare cette grande fête, explique cette quinquagénaire. Même pour la finale de 1993 (contre le Milan AC), on n'avait pas fait autant de choses. Là, on a envoyé des courriers à tous les habitants de la ville. On leur a dit de venir faire la fête en voyant le match sur écran géant. Et on attend beaucoup, beaucoup de monde."

Pour ce match pas comme les autres, cette ville de 13.000 habitants, située à 35km de Marseille, s'est mise en mode "finale de Coupe du monde". Le club de foot local est aussi associé à l'événement. Et promet de mettre de l'ambiance mercredi soir au coup d'envoi du match OM-Atletico Madrid. Cette finale de la Ligue Europa génère une incroyable mobilisation dans la région marseillaise.

Le Prado, le Vieux Port et le stade Vélodrome promettent de ne pas être les seuls endroits où les fans de l'OM vont se retrouver. "A Marseille, on a l'habitude de mettre en place des grands événements, note cette huile locale. Mais ce qui est plus surprenant, c'est bien l'engouement autour de la ville phocéenne. De mémoire de Marseillais, je n'ai pas trace d'une telle folie." Car les temps ont changé depuis le dernier sacre européen de l'OM en 1993.

L'arrivée des réseaux sociaux et de nouvelles technologies de l'information ont permis de tisser une toile qui devient de plus en plus visible. "Tout le monde sait où chacun va passer sa soirée du mercredi, rigole cet ingénieur-développeur, fan de l'OM et expert d'applications sur Facebook. On vit quelque chose de très particulier qui touche tout le monde en même temps. C'est un peu comme une hystérie collective qui dure depuis une semaine. Et on ne sait pas si ça va s'arrêter..."

Fornite et les chants de l'OM en cour de récré

Autres lieux de discussions enflammées à propos de la finale de l'OM : les cours d'école. Entre deux danses de Fornite (le jeu en réseau à la mode chez les ados), les chansons à la gloire du club marseillais fusent. "On doit un peu les calmer, sourit Alain, directeur d'une école élémentaire toute proche de Marseille, et fan de ballon rond. Pourtant, on a vraiment envie de crier avec eux ! Car ce match déchaine toutes les passions." Si l'OM gagne, il promet de porter la tunique olympienne jeudi matin...

Car l'habit fait aussi le moine. Et les enfants colorent de bleu et de blanc toute la région PACA. Les grands magasins vendent énormément de maillots ces derniers jours. "Tout le monde veut être prêt pour le match, sourit ce vendeur d'une grande enseigne présente à Plan de Campagne, centre commercial gigantesque entre Marseille et Aix-en-Provence. Et on n'imagine même pas ce que ça va être si l'OM devient champion d'Europe..."

Montrer ses couleurs pour supporter l'OM, c'est l'appel lancé par les Utras. "On veut repeindre la ville de Marseille en bleu et blanc, explique ce membre influent du virage Sud. Mais on s'aperçoit que ça va beaucoup plus loin que ce que l'on pouvait imaginer. C'est un peu l'effet tâche d'huile. Notre initiative est reprise de partout ! Bravo !" Dans le village de Puyloubier, à la frontière des Bouches-du-Rhône et du Var, on a bien reçu le message. "On va encore faire plus fort que lors des quarts et des demi-finales, promet ce jeune supporter. On vibre depuis quinze jours dans notre petite salle communale. Pas question de s'arrêter là !"

L'ambiance promet d'être bon enfant. Et les chants anti-Lyonnais ne seront pas au programme. C'est aussi la marque de fabrique de ces rassemblements. "On ira voir le match sur écran géant tranquillement à Sausset-les-Pins, avance ce père de famille dont le minot évolue au sein du club local, à un jet de ballon de Marseille. Avec mon fils, on ne veut pas que ça parte en live. C'est une grande fête du foot. Et Lyon et son président importent peu finalement. C'est l'OM qui compte !"

Toute cette incroyable passion autour du match donne le tournis. Même les joueurs de l'OM n'en reviennent pas. "C'est incroyable, confie Maxime Lopez. Je suis pourtant habitué à voir Marseille s'enflammer. Mais cette finale a réveillé les gens. Ils sont dans une excitation incomparable. C'est formidable. On doit gagner pour eux !" Le père du minot sera présent au Groupama Stadium. Il fait partie des chanceux qui ont eu droit à un sésame pour la finale.

"On nous a demandé énormément de billets, raconte Florian Thauvin. Mais on ne peut satisfaire presque personne. Car l'OM n'a pas eu beaucoup de places." C'est un peu le regret des supporters olympiens. "La finale se déroule à trois heures de voiture et on ne peut pas y aller, peste un abonné qui n'a pas été tiré au sort pour la finale. C'est vraiment rageant car une occasion comme celle-là ne va pas se représenter aussi rapidement." Comme lui, ils seront nombreux à assister à la rencontre derrière un écran géant dressé par les villes de la région, au Vélodrome ou bien dans un bar surchauffé. La température promet de monter très haut. Même en plein air...