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Ligue Europa : Arsenal - Atlético, un choc, deux philosophies

Pierre-Alexandre Conte

Mis à jour 26/04/2018 à 19:14 GMT+2

LIGUE EUROPA - Arsenal reçoit l'Atlético de Madrid à l'Emirates jeudi en demi-finale de la compétition. Un parfum de C1 flotte autour de cette rencontre ô combien importante, surtout pour les Gunners, qui doivent impérativement ramener le trophée à Londres pour disputer la Ligue des champions l'an prochain. Une affiche qui met aux prises deux clubs aux philosophies radicalement opposées.

Diego Simeone - Arsène Wenger

Crédit: Getty Images

Depuis la fin des quarts de finale de Ligue Europa il y a deux semaines, la France du football a le regard braqué sur Marseille. Difficile de lui en vouloir, elle qui est privée de finale européenne depuis 14 ans. Pour autant, qu'on ne s'y trompe pas, l'affiche la plus alléchante des demies, tout patriotisme mis à part, c'est bien la confrontation entre Arsenal et l'Atlético. Parce que ces deux équipes apparaissent comme les deux plus fortes du dernier carré. Mais pas uniquement.
Car il s'agit là d'une opposition des plus radicales, comme il en subsiste peu. Qui rappelle, toutes proportions gardées, la confrontation entre Chelsea et le Barça en huitième de finale de C1. Un match qu'il est tentant de résumer à une simple confrontation entre une équipe avide de possession et une formation passée maître dans l'art du contre. La réalité cache une dissension bien plus profonde que cela.

Offensifs mais fébriles

La plus évidente des dissemblances entre Arsenal et l'Atlético Madrid concerne donc le style de jeu des deux équipes. Les Gunners essayent de priver au maximum leurs adversaires de ballon. Les statistiques traduisent d'ailleurs cette philosophie. En Premier League, les hommes d'Arsène Wenger possèdent le deuxième pourcentage le plus important en termes de possession (59,1%), derrière Manchester City (66,2%). De manière assez logique, ils affichent également un taux de passes réussies élevé (84,3%). Là encore, seuls les Citizens sont au-dessus.
Si Arsenal a sombré en Premier League, le club pointant à une bien triste 6e place à quatre journées de la fin, ce n'est pas faute d'avoir attaqué. Alexandre Lacazette et les siens disposent de la 3e attaque du championnat (66 buts inscrits), à égalité avec Tottenham. Personne n'a par ailleurs fait mieux qu'eux offensivement en Ligue Europa (29 buts inscrits).
Bien qu'élevé, ce volume de buts marqués masque toutefois une certaine inefficacité chronique qui a plombé les ambitions du club. Son jeu, principalement fait d'attaques placées, demande patience et précision dans les derniers mètres pour mettre le bloc adverse en difficulté. Un exercice auquel le club londonien est habitué mais dans lequel il a semblé peu à l'aise cette saison dès lors que ses adversaires faisaient montre d'un certain savoir-faire défensif. En témoigne ces défaites à Newcastle (2-1, 72% de possession) ou à l'Emirates face à Manchester United (1-3, 75% de possession).
Un constat d'autant plus problématique que les Canonniers ont affiché de réelles lacunes dans le replacement défensif et une propension à commettre des erreurs menant à des occasions. Cette saison, ils ont pris plus d'un but au cours d'un même match à 20 reprises. Et ont encaissé 9 fois plus de deux buts. La huitième défense de Premier League (46 buts contre) a trop souvent pris l'eau. Des chiffres qui contrastent totalement avec ceux de l'Atlético.
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Henrikh Mkhitaryan, Mesut Ozil et Aaron Ramsey face à Manchester City, à l'Emirates.

Crédit: Eurosport

Taillés pour résister

Contrairement à Arsenal, les Madrilènes prennent très peu de buts. La meilleure défense de Liga (18 buts contre) a fait de cette solidité son arme principale depuis l'arrivée de Diego Simeone à sa tête en 2011. Les Colchoneros sont capables de passer de longues minutes repliés dans leur surface pour laisser passer l'orage ou préserver un avantage. Avec un résultat souvent probant. Sur 34 matches de championnat, Jan Oblak a préservé son but inviolé à 21 reprises. A titre de comparaison, Arsenal, c'est 9 clean sheets en Premier League en un même nombre de journées disputées.
Cette force s'accompagne d'une absence totale de volonté de conserver à tout prix le ballon. L'Atlético agit principalement en contre, via des offensives tranchantes. Leur pourcentage de possession en Liga (47,8%) est assez explicite. Tout comme leur taux de passes réussies, qui fleurte avec la barre des 80%. Une attitude qui peut parfois passer pour un manque d'ambition. Le nul concédé le week-end passé face au Betis (0-0, 32 % de possession) est un exemple criant du jusqu'au-boutisme parfois coupable dans lequel s'enferme le dauphin de Barcelone.
Le club espagnol marque globalement moins qu'Arsenal (54 buts en Liga) et il dépend plus du rendement de sa star, Antoine Griezmann, auteur de 19 réalisations en championnat, soit environ le tiers du total de son équipe. Le Français profite à fond de la capacité des siens à sortir proprement le ballon et à se projeter rapidement vers l'avant. Par son pressing, il est aussi le premier défenseur et le symbole de cette agressivité qui habite les Colchoneros. Une vertu qui manque souvent aux Gunners mais dont ils savent parfois se parer dans les grandes occasions.

Deux visions du football

Mais l'opposition entre Arsenal et l'Atlético, c'est avant tout celle de deux visions du football. Les Gunners ont souvent été raillés pour leur incapacité à gagner le titre de champion d'Angleterre ou à dépasser les huitièmes de finale de la Ligue des champions. Si la saison en cours apparaît comme une faillite globale, beaucoup ont reproché par le passé aux Gunners de privilégier une forme d'esthétisme à l'efficacité. Mais cet aspect fait désormais partie de leur ADN, comme l'a rappelé le président du club, Ivan Gazidis, lors d'une conférence de presse portant sur la succession d'Arsène Wenger. Plutôt que les titres, ce derniers a expliqué privilégier un profil spécifique, capable de pratiquer "un jeu séduisant, progressiste", qui charrie les mêmes valeurs que celles portées par le manager français.
A l'inverse, l'Atlético joue justement à fond la carte de l'efficacité sans se préoccuper du visage que l'équipe offre parfois à son public. Si la beauté peut aussi se nicher dans l'art de défendre ou dans une maîtrise collective absolue, force est de reconnaître que les Madrilènes sont régulièrement plus frustrants que plaisants à voir évoluer, eux qui dépendent beaucoup du rendement offensif de leurs individualités. Mais Diego Simeone s'en moque, comme il l'a répété à de nombreuses reprises au cours des sept saisons passées sur les bancs espagnols. Et il tentera une nouvelle fois de prouver que sa méthode rapporte gros à défaut de laisser systématiquement une bonne impression.
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Diego Simeone (Atlético)

Crédit: Getty Images

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