Ligue Europa : Bouna Sarr, la surprise du chef

Et si Rudi Garcia s'était inspiré de... Marcelo Bielsa ? L'actuel coach de l'OM a repositionné Bouna Sarr latéral droit cette saison. Ce changement, El Loco y avait déjà pensé. Au cœur de l'été 2015, l'entraîneur argentin cherchait la bonne formule. En privé, il avait confié tout le bien qu'il pensait de Sarr, recrue estivale venue de Metz. "C'est un très bon espoir, confiait-on alors dans l'entourage du mystérieux coach sud-américain. Il est très polyvalent. Sur le côté, il peut évoluer à tous les postes, même défenseur."

Interrogé à l'époque de sa signature à Marseille, le nouveau milieu de terrain de l'OM avait expliqué ne pas rechigner à évoluer en position plus défensive si le besoin s'en faisait sentir. Deux mois après son arrivée, l'ancien Messin voyait Bielsa démissionner à la surprise générale après la première journée de championnat. Auteur d'une belle campagne de matchs amicaux (deux buts, deux passes décisives), Sarr se retrouvait pourtant sur la touche avec l'arrivée du nouveau coach, Michel. C'est finalement Rudi Garcia qui va remettre en selle l'ancien milieu offensif.

Testé durant la dernière intersaison au poste d'arrière droit, Sarr a donné des idées à Garcia. Et lorsque l'occasion s'est présentée, le milieu de terrain offensif a enfilé ses habits de défenseur. La suite, on la connaît. Sarr a pris une nouvelle dimension dans son rôle de latéral. "Bouna est meilleur quand il arrive de plus loin, justifie Garcia pour expliquer son choix de repositionner Sarr. Il a une bonne qualité de centre. Et il peut marquer des buts. J’espère qu’il aura la même trajectoire qu’Alessandro Florenzi à la Roma. Bouna progresse, on l’a fait bosser sur les phases défensives. Il enregistre bien tout ce qui concerne la tactique et le placement. Il est en train de réaliser des bons matchs. Je sais qu'il a les moyens de devenir un latéral de haut niveau. Car c’est un garçon intelligent."

Touché par ces éloges, l'intéressé sait qu'il a maintenant l'obligation de répondre présent à ce nouveau poste. "Au départ, c’était pour dépanner car il n’y avait pas d’autres solutions, se souvient-il. Ce n’était pas fait pour durer. Aujourd’hui, je suis un latéral droit. Et je fais tout pour progresser."

Utilisant au mieux ses qualités de dribbleur pour déborder sur le flanc droit, Sarr travaille à améliorer ses défauts défensifs. "Il reste naturellement attiré par l'offensive, résume un proche du joueur. Mais il a intégré qu'il devait être plus efficace derrière. Tout réside dans le fait de trouver le bon équilibre. Il ne doit pas mettre en péril l'équipe quand il monte. Et il doit aussi savoir compenser les montées de Rami ou Rolando sur coups de pieds arrêtés. Bref, il est en phase d'apprentissage accéléré pour combler tous les manques défensifs. Mais il adore apprendre. Et il est à l'écoute de son entraîneur et de ses coéquipiers."

Très attentif à la parole de ses ainés, Sarr accorde une importance particulière aux tuyaux donnés par Rami. Et en interne, le milieu de terrain offensif reconverti en défenseur impressionne par sa faculté à intégrer les spécificités de son nouveau poste.

Si Sarr a réussi à se muer aussi rapidement en latéral, c'est qu'il possède un potentiel physique hors-norme. Ses qualités athlétiques lui ont même permis d'être surnommé "marathon man" par certains de ses coéquipiers. "C'est une machine de guerre", lâche l'un des adjoints de Garcia. A 25 ans, la carrière de Sarr a pris un nouveau virage. A l'ensemble des compliments adressés à l'ancien Messin s'ajoute en effet l'intérêt porté par Didier Deschamps.

Le sélectionneur des Bleus supervise le natif de Lyon que la Guinée convoitise aussi. Et son dossier s'épaissit de plus en plus. Malgré ces nouvelles sollicitations, Sarr garde la tête froide. "Mon premier objectif, c'est d'être bon avec Marseille, avance-t-il. Je ne veux pas prêter attention à autre chose pour le moment. Car vous savez très bien que je reviens de loin. Je préfère donc continuer à me concentrer sur mes performances en club. Mais rien n'est impossible dans la vie..."

Suspendu face à Bordeaux (1-0) le week-end dernier, Sarr revient dans le groupe pour le déplacement à Braga jeudi en Coupe d'Europe. Et il va devoir continuer à impressionner les observateurs pour garder sa place sur le flanc droit. Car Hiroki Sakai prétend aussi à être titulaire du poste. Cette nouvelle concurrence promet de rester saine entre les deux hommes.

"Les deux joueurs s'apprécient, lance un membre du vestiaire olympien. Les règles du jeu sont claires et ils les respectent." Complètement relancé depuis qu'il évolue dans une position défensive, Sarr a également vu sa cote grimper. Leicester voulait l'engager cet hiver. Plusieurs autres clubs anglais mais également espagnols sont venus se renseigner sur le cas du Marseillais lié jusqu'en juin 2020 avec l'OM. Deux ans et demi plus tard, Marcelo Bielsa doit se dire qu'il n'avait pas tort de penser à repositionner l'ancien Messin...