OM : l'union (enfin) sacrée...

Les joutes européennes n'ont pas toujours enflammé le Vélodrome. Si l'enceinte marseillaise va bouillir jeudi soir avec la réception de Leipzig, elle fut beaucoup plus fraîche lors de la dernière grande sortie de l'OM sur la scène continentale. C'était en mars 2012. Et l'atmosphère n'était pas à la fête... "Deschamps et tes joueurs, cassez-vous !" Cette banderole, les Winners l'avaient déployé alors que l'OM visait une place dans le dernier carré de la Ligue des champions.

A l'époque, l'équipe olympienne recevait le Bayern Munich en quart de finale de la Ligue des champions. Mais une guerre larvée opposait l'actuel sélectionneur des Bleus à José Anigo, ancien directeur sportif du club olympien. Ce dernier avait le soutien des virages dans sa lutte de pouvoir avec Deschamps. Et le sport est passé au second plan. Car certains fans olympiens n'avaient que faire de l'opposition face au club allemand. Ils souhaitaient ardemment le départ du coach olympien. Et ils l'ont eu. Deschamps est parti de Marseille quatre mois après cette incroyable scène dans les tribunes du Vélodrome. Six ans plus tard, cette "affaire" divise encore les supporters...

Beaucoup de fans marseillais se demandent toujours comment on pouvait exiger le départ de son coach alors que son club joue pour une place en demi-finale de la plus prestigieuse compétition européenne. "Je pense que l'on est passé pour de sacrés connards, reconnaît Karim, membre des Winners et présent dans le virage le soir du match face au Bayern. On avait un message à faire passer. Mais on aurait peut-être dû le faire autrement. Finalement, on a pris une branlée face au Bayern (défaite 2-0). Et on s'est bien ridiculisé..."

D'autres ne regrettent pas leur geste très singulier. "On avait choisi de montrer notre mécontentement, justifie Philou, encarté au virage Sud. C'était une décision collective à un moment précis de la saison..." Rejeter l'entraîneur qui avait permis à l'OM de regagner des tires (championnat et Coupe de la Ligue) restera un moment particulier pour l'ensemble du club marseillais.

Au moment de retenter sa chance pour accéder au dernier carré d'une compétition européenne, l'OM se présente en ordre beaucoup moins dispersé. Pas question de galvauder un tel rendez-vous. A Marseille, l'heure de l'union sacrée a sonné. "A nos joueurs de se sublimer, explique ainsi Rudi Garcia. Avec ce Vélodrome plein, on peut renverser des montagnes. Il y aura une ambiance fantastique. C'est vraiment pour ce genre de match que je suis venu ici. Car la Coupe d'Europe est dans l'ADN de ce club. Et car le public est l'un des meilleurs en France."

Près de 63 000 supporters sont attendus pour pousser leur équipe en demi-finale de la Ligue Europa. Le record d'affluence sera battu pour une rencontre de Coupe d'Europe. Il datait de la réception de Newcastle en 2004 (58 897 spectateurs). Cette année-là, l'OM de Didier Drogba était parvenu à se hisser jusqu'en finale de la Coupe UEFA, s'inclinant contre Valence (2-0).

Privés de match aller, les supporters olympiens espèrent bien se rattraper avec ce quart de finale retour au Vélodrome. "On va mettre une ambiance de fou, promet un des responsables de supporters en virage Nord. Je pense vraiment que nous pouvons jouer un rôle dans ce match. Leipzig va être impressionné. Ils doivent rentrer sur le terrain avec les genoux qui tremblent..."

Au diapason de leurs supporters, les joueurs olympiens sentent bien que l'atmosphère autour de cette rencontre promet d'être très particulière. "Nous adorons ce type de match, avoue Kostas Mitroglou. Je sais que les supporters vous nous pousser à faire le maximum." Moins flambant actuellement, l'OM compte sur ses fans pour les transcender. "On a quand même 45% de chance de se qualifier selon les stats de l'UEFA, lance Garcia. On sait aussi qu'il nous faudra marquer plus d'un but pour se qualifier. Il y a beaucoup de motifs de confiance à avoir..."

Avec le retour de Florian Thauvin, l'OM possédera un atout important dans son jeu afin de retrouver un allant offensif perdu ces derniers temps. Car l'équipe marseillaise vient d'enchaîner deux rencontres sans marquer le moindre but. Ça ne lui était arrivé qu'à une seule reprise cette saison. Ces inquiétudes laisseront place à l'ambition de réussir un vrai gros coup. Et d'effacer les mauvais souvenirs d'un dernier quart de finale raté face à un club allemand...