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Lokomotiv Moscou-OM (Ligue Europa) : Alexis Beka Beka vit une folle ascension depuis les JO de Tokyo

Clément Lemaître

Mis à jour 16/09/2021 à 16:52 GMT+2

LIGUE EUROPA - Entre sa participation aux JO et son transfert au Lokomotiv Moscou, Alexis Beka Beka a vécu un été de rêve, qui se poursuit ce jeudi avec son premier match de Coupe d'Europe face à l'OM. Joueur de la réserve caennaise il y a seulement deux ans, le jeune milieu (20 ans) a franchi les étapes à vitesse grand V. Une ascension racontée par Pascal Dupraz, qui l'a lancé dans le grand bain.

Alexis Beka Beka, lors de son premier match en Russie avec le Lokomotiv contre le Dynamo Moscou.

Crédit: Imago

En football, tout va très vite. Ce célèbre dicton, souvent galvaudé, colle bien au destin d'Alexis Beka Beka. En vingt-quatre mois, le joueur de 20 ans est passé de la N3 (cinquième division), avec la réserve de Caen, à sa grande première en Ligue Europa ce jeudi soir avec le Lokomotiv Moscou face à l'OM. Entre temps, il a été l'une des seules révélations de l'équipe de France lors des Jeux Olympiques conclus à l'issue de la phase de poules, avant de devenir le sixième joueur le plus cher de l'histoire du club normand (ndlr : quelque 6 millions d'euros).
Son destin accéléré à vitesse grand V, Alexis Beka Beka le doit avant tout à son talent et son travail. Mais également à Pascal Dupraz qui l'a promu dans le groupe professionnel, quelques jours seulement après sa nomination au début du mois d'octobre 2019. Relégué en Ligue 2 quelques semaines plus tôt, le Stade Malherbe Caen se morfond alors dans le bas de tableau du championnat quand son nouveau technicien décide d'insuffler du sang frais pour son équipe.
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"Très vite, je vais voir jouer la réserve car je m'aperçois que l'équipe première est déséquilibrée. Beaucoup de joueurs avaient trop de matches sur le dos. Il y avait aussi trop de profils similaires, sans réel changements de rythme, se remémore l'entraîneur savoyard. Alexis est venu en même temps que Kelian Nsona, Nicholas Gioacchini ou Jason Ngouabi avec les professionnels. Très vite à l'entraînement, il me montre ses qualités techniques, ses passes qui transpercent les lignes, son coup de rein. C'est un garçon qui appréhendait déjà bien la dimension d'un match professionnel, il était très vite à l'aise, prenait des initiatives et était dur à l'impact. Et je ne parle pas de ses appuis de feu. J'ai donc décidé de le lancer en décembre et c'était normal dans mon esprit."
Bruno Satin, son agent de l'époque, trouvait ce changement de poste suicidaire
Une décision également jugée logique par Jean-Marc Branger. "Avec ses qualités naturelles, il était déjà supérieur aux jeunes de sa catégorie, nous confie l'ex-préparateur physique caennais, tout fraîchement nommé à Dijon. Il a tout pour faire une grande carrière." Le futur joueur de l'équipe de France olympique démarre alors en tant que titulaire lors de Caen-Clermont (0-0) en décembre 2019. Au poste de milieu de terrain. Une position où il va s'imposer, lui l'ancien arrière droit ou défenseur central de la réserve caennaise. "Je me souviens que le directeur sportif, Yohan Eudeline, venait me voir dans mon bureau pour me dire que Bruno Satin, son agent de l'époque, trouvait ce changement de poste suicidaire", sourit aujourd'hui Pascal Dupraz.
"J'avais d'abord eu une conversation avec le gamin pour savoir ce qu'il pensait de l'idée de jouer au poste de sentinelle. Pourquoi j'en suis arrivé à cette solution-là ? En défense centrale, je trouvais qu'il manquait de taille. Au poste de latéral droit, j'estimais que son action allait être limitée et que d'autres joueurs avaient de l'avance sur lui, décrypte son ex-entraîneur. Il avait une telle énergie, et surtout une telle qualité de jeu au pied, que je le trouvais plus utile au carrefour du jeu. Bien m'en a pris, le gamin a accepté et avait envie de s'imprégner de ce rôle-là. Puis tout doucement, je me suis rendu compte qu'il allait être très, très vite indispensable."
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Quatre mois après ses débuts en L2 (ndlr : cinq matches au total), le championnat de France est définitivement arrêté pour cause de pandémie. Le jeune, alors âgé de 19 ans, "était déjà dans les radars de beaucoup de clubs : Ligue 1, Bundesliga et Premier League", rappelle Pascal Dupraz. Lors de sa deuxième saison, il joue 25 rencontres de Ligue 2, mais n'arrive pas à lui seul à sauver son équipe du naufrage. Une équipe qui se sauve d'ailleurs lors des derniers instants de la 38e journée.

Gignac sous le charme

Malgré cette passe collective compliquée, Alexis Beka Beka bénéficie du "non" catégorique de certains clubs de L1 pour libérer leurs jeunes aux Jeux Olympiques. Et le milieu de terrain épate d'entrée dans le groupe France. A commencer par son leader technique, André-Pierre Gignac. "On a un milieu qui joue en Ligue 2, et à l’entraînement, je me dis qu’il a la maturité d’un mec de 26 ans. C’est Alexis Beka Beka, de Caen", a confié l'attaquant des Tigres de Monterrey à L'Equipe à la mi-juillet.
Il est beau à voir jouer
A Tokyo, il joue 144 minutes, dont le dernier match face au Japon (0-4) en qualité de titulaire. "L'équipe n'a pas performé mais lui a crevé l'écran et je n'ai pas été surpris. En plus, il est beau à voir jouer, tranche Pascal Dupraz, qui loue également ses qualités humaines. Alexis est un gamin calme, sans histoires. Personnellement, je n'ai pas eu de souci avec ce môme. Sauf une fois, lors de la préparation d'un match, il n'avait pas eu l'attitude conforme, mais ça s'était réglé en deux secondes."
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Alexis Beka Beka, lors de France-Japon aux JO 2020.

Crédit: Getty Images

Malgré ces louanges, l'ancien Caennais a encore plusieurs axes de progression. "Quelques fois, il est trop facile car il est plus vite en action que les autres, plus puissant et a une bonne technique. Mais on ne peut pas le blâmer pour ça. Après tout ce que je dis-là, c'est normal, il a à peine 20 ans. Après de l'autre côté, en deux saisons, il a progressé dans l'analyse du jeu. Sur son positionnement, il se disperse moins aussi", note son ex-technicien.
On lui a répété des dizaines de fois qu'il devait être très pointu et régulier dans son hygiène de vie
Pour son ancien préparateur physique, Alexis Beka Beka doit être irréprochable sur son entraînement invisible. "Le problème est qu'il était parfois blessé, relève Jean-Marc Branger. On lui a répété des dizaines de fois qu'il devait être très pointu et régulier dans son hygiène de vie, car il a les qualités pour le haut niveau, c'est indéniable. Mais répéter les matches à haute intensité avec des gros clubs et lors de grandes compétitions, s'il n'a pas une hygiène de vie exemplaire, ça ne passera pas. J'espère qu'il se rappellera ce qu'on a essayé de lui inculquer et notamment Pascal Dupraz qui lui parlait comme un père."
Désormais nouveau joueur du Lokomotiv Moscou, malgré les avances de Nice, Alexis Beka Beka a-t-il fait le bon choix ? "Il ne m'appartient pas de juger sa destination, après j'espère que l'intérêt est complètement sportif. On parle quand même d'un club de dimension internationale, il va jouer l'Europe. Mais ce qu'il y a de très symptomatique chez lui, c'est qu'il sait ce qu'il veut et met tous les atouts de son côté pour ça, tente de répondre son ancien entraîneur, actuellement sans club depuis son départ de Caen au début de l'année. A Moscou, il va aussi devoir être confronté à la réalité du football moderne, notamment pour parler la langue appropriée afin de se faire comprendre. Il devra se débrouiller seul, jouer avec des joueurs plus expérimentés. J'espère juste qu'il va continuer à jouer, car sa progression passera par les minutes qu'il engrangera sur le terrain."
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Alexis Beka Beka, au duel avec Neymar, lors de Caen-PSG en Coupe de France.

Crédit: Imago

Pour sa part, Jean-Marc Branger, aurait "préféré" le voir "passer par une étape intermédiaire en Ligue 1". "Je ne sais pas s'il est parti tout seul en Russie, mais j'espère qu'il s'est entouré de bonnes personnes. Avoir 20 ans et se faire à manger tous les jours à l'étranger, je peux comprendre que ce n'est pas facile. Les matches de haut niveau, il va les faire, mais pour ce qui est de la récupération, il faut qu'il soit encadré, insiste-t-il. Si tu fais trois bons matches et que tu es blessé lors des cinq rencontres suivantes, ça ne sert à rien. Ce qu'il faut, c'est enchaîner les 38 matches puis sur plusieurs saisons."
Titularisé le week-end dernier avec le vainqueur de la dernière Coupe de Russie en championnat face à Samara (2-0), Alexis Beka Beka va en tout cas enchaîner jeudi contre l'OM, un morceau d'une autre dimension. Mais les grands rendez-vous ne semblent pas lui faire peur.
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