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Lyon, Tottenham, Atlético, Leipzig, Inter : Les cinq projets de jeu à suivre cette saison

Christophe Kuchly

Mis à jour 13/08/2019 à 22:33 GMT+2

TACTIQUE – Changements d'entraîneurs, d'effectifs ou d'approches : petite sélection des équipes européennes qui vont tenter de se réinventer pour grandir.

João Félix Sequeira (Atlético)

Crédit: Getty Images

France : Olympique lyonnais

La rigidité peut-elle amener résultats et spectacle ? C'est la principale question qui se pose depuis l'arrivée de Sylvinho à la tête de l'OL. Après des matches de préparation décevants, son équipe a largement battu Monaco lors de la première journée de Ligue 1 (0-3), la manière donnant encore plus à réfléchir que le résultat. Dans cette victoire où l'adversaire a vite été réduit à dix, c'est d'abord la structure qui interpelle : un 4-3-3 strict, avec des latéraux qui ne montent quasiment pas et des circuits de relance très mécaniques.
Ce football un peu scolaire, façon "je fixe et je donne", permet immédiatement de voir la patte de l'entraîneur. Contrairement à Bruno Genesio, qui changeait régulièrement de système et laissait les individualités très libres, avec ce que cela comporte de dépendance envers le niveau de forme des joueurs, le Brésilien veut créer un modèle reproductible semaine après semaine. En clair, que son équipe perde en imprévisibilité, ce qu'elle gagne en maîtrise de ses principes. Avec des défenseurs centraux capables de casser des lignes par la passe et l'apport de Thiago Mendes au milieu, Lyon doit pouvoir créer dès les premières touches de balle l'espace dont ont besoin ses ailiers. Et le jeu de corps de Moussa Dembélé, déjà très en forme en pointe, donne la possibilité de varier en passant par les airs.
Reste cependant une question essentielle, la même que pour toutes les équipes pratiquant des variantes du jeu de position popularisé par le Barça de Pep Guardiola : jusqu'à quel point peut-on théoriser le football de manière géométrique, en limitant les prises d'initiatives individuelles dans la phase de construction ? Une interrogation d'autant plus grande si les latéraux restent à hauteurs des centraux et n'offrent pas de solution de passe plus haut sur le terrain. L'expérience est en tout cas excitante à suivre. Et met à l'épreuve le slogan du Brésil : "Ordem e Progresso", ordre et progrès.
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Sylvinho lors de Monaco-OL / Ligue 1

Crédit: Getty Images

Angleterre : Tottenham Hotspurs

Finalistes de la dernière Ligue des champions sans avoir changé leur effectif, les Spurs ont tout de même frôlé la catastrophe en championnat, terminant à la dernière place qualificative pour la prochaine C1 avec un petit point d'avance sur Arsenal. Capables de mettre une intensité folle sur des matches à enjeu, les hommes de Mauricio Pochettino avaient toutefois des lacunes bien identifiées, à la création comme sur les côtés. C'est sans doute pour cela qu'ils sont revenus en force sur le marché des transferts, Tanguy Ndombele et Giovani Lo Celso renforçant le milieu et Ryan Sessegnon le couloir gauche. Des apports qui offrent de nouvelles solutions et vont permettre de passer encore plus facilement d'un système à l'autre.
Spécialiste des changements tactiques en cours de match, avec ce que cela comporte de positif (capacité d'adaptation) et de négatif (mauvaise lecture initiale), le coach argentin a une nouvelle fois montré ses talents le week-end dernier. Inefficace face à la densité axiale d'Aston Villa, son équipe a abandonné le 4-4-2 losange à la pause pour passer en 4-4-2 à plat et ainsi mieux attaquer les côtés. Menée jusqu'à la 73e, mais finalement vainqueur 3-1, sa formation reste une curiosité permanente, aux permutations récurrentes et temps forts difficiles à contrer. Dans ce jeu où l'impact physique est prépondérant, la créativité de Lo Celso doit apporter de nouvelles solutions sur phase placée. Habitué au rythme très calme du Betis de Quique Setien, l'Argentin va cependant devoir prouver que ses pieds soyeux sont accompagnés d'un gros moteur. La saison dernière, Christian Eriksen, d'abord connu pour ses passes, courait ainsi 12,3 km par 90 minutes en moyenne. Personne ne faisait mieux en Premier League.
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Tanguy Ndombele a marqué pour Tottenham face à Aston Villa

Crédit: Getty Images

Espagne : Atlético de Madrid

Si la pré-saison veut dire quelque chose, alors les Colchoneros peuvent aborder la Liga avec ambition. Avec quatre victoires en cinq rencontres et dix-sept buts marqués, dont un retentissant 7-3 face au Real, l'Atlético prouve qu'il a déjà tourné la page Antoine Griezmann. L'importance du Français, difficilement quantifiable dans les chiffres tant il apportait en créativité à une équipe qui attaquait en petit nombre, sera vite relativisée si la recrue João Félix maintient le rythme affiché jusqu'ici. Le Portugais, attendu dans un rôle de deuxième attaquant axial derrière un pivot (Alvaro Morata ou Diego Costa), a prouvé qu'il était également capable d'être excellent au poste d'ailier droit, permettant ainsi d'aligner les deux Espagnols ensemble devant. Très bon pour faire vivre le jeu mais aussi efficace face au but, le teenager coche a priori toutes les cases.
Si personne n'imagine Diego Simeone devenir un apôtre du jeu offensif et de la prise de risque balle au pied, l'Argentin souhaite en tout cas faire évoluer son animation offensive. Une plus grande prise de risque qui pourrait notamment profiter à Thomas Lemar, déjà très en vue, et se traduire dans l'apport offensif des latéraux Kieran Trippier et Renan Lodi. Avec également les arrivées des défenseurs centraux Mario Hermoso et Felipe et des milieux Hector Herrera et Marcos Llorente, l'Atlético, qui a perdu Rodri, Diego Godin et Lucas Hernandez, vit l'intersaison la plus mouvementée de son histoire récente. Outre le choix du onze de départ, qui devrait régulièrement évoluer tant le niveau est homogène, il faudra donc surveiller la façon dont le traditionnel 4-4-2 du Cholo s'anime avec le ballon. Et voir si les déclarations d'intention de l'été survivront aux premiers buts concédés sur des contre-attaques adverses.
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Joao Felix, Atletico Madrid-Juventus

Crédit: Getty Images

Allemagne : RB Leizpig

Sans le vouloir, Julian Nagelsmann a souvent incarné un concept que les entraîneurs n'évoquent généralement qu'en off : perdre en ayant raison. C'est-à-dire mettre en place le meilleur plan de jeu possible, mais être battu par la qualité individuelle adverse. Une situation qu'il a notamment vécue en Ligue des champions, compétition où les limites de la défense d'Hoffenheim ont masqué la complexité de schémas offensifs animés par le milieu Florian Grillitsch et qui trouvaient sans cesse des relais entre les lignes. Désormais à Leipzig, le coach trentenaire (32 ans) va pouvoir tester ses principes avec un effectif de meilleure qualité.
Sous les ordres de Ralf Rangnick, l'un des membres les plus éminents de l'école souabe (Joachim Löw, Roger Schmidt, Thomas Tuchel…) qui a révolutionné le jeu allemand en systématisant un pressing très agressif, le RB a terminé sur le podium grâce d'abord à une excellente défense. Alors, si la science offensive du coach s'ajoute à la capacité de Dayot Upamecano et ses compères à bien défendre les transitions, le cocktail s'annonce explosif. Avec le recrutement de Hannes Wolf, le créateur de Salzbourg, Nagelsmann a complété un effectif très jeune et capable de casser tous les tests de VMA. Mais l'intégration de son système à trois défenseurs pourrait retarder le décollage d'une formation qui a débuté petitement ce week-end en battant seulement 3-2 Osnabrück (D2) en Coupe.
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Julian Nagelsmann, Training RB Leipzig

Crédit: Getty Images

Italie : Inter

Antonio Conte est-il capable de tous les miracles ? Le coach italien, dont le caractère peut poser souci sur la durée, apporte en tout cas toujours quelque chose lorsqu'il débarque dans un club. Cela tombe très bien car, au-delà de ses résultats en dents de scie, l'Inter reste sur une nouvelle saison sans saveur sur le plan du jeu. Entre les problèmes du club avec Mauro Icardi autour de la prolongation de son contrat, les performances décevantes d'Ivan Perisic et le style de vie de Radja Nainggolan, Luciano Spalletti n'a pas été aidé pour tirer vers le haut un groupe au niveau très hétéroclite. Le Belge parti, et les deux autres sur le point de le suivre, Conte va pouvoir repartir d'une feuille blanche.
Et c'est justement cela qui est aussi incertain qu'excitant, la venue de Diego Godin permettant au coach de pouvoir l'aligner dans une défense à trois aux côtés de Stefan de Vrij et Milan Skriniar dès qu'il sera remis d'une blessure musculaire. Avec le trop méconnu Samir Handanovic dans les buts, les Intéristes devraient avoir une base solide, qu'il faudra ensuite animer. C'est là que se trouve le principal chantier d'une formation qui a déjà répété des séquences automatisées depuis sa propre surface et pourra s'appuyer sur le volume de jeu des recrues Valentino Lazaro et Nicolo Barella. Avec Romelu Lukaku, dont le seul désir était de travailler avec Conte, elle possède un buteur un peu plus facile à insérer dans le collectif qu'Icardi. Encore faudra-t-il trouver comment l'alimenter en bons ballons.
Antonio Conte, lors de Valencia-Inter
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