Griezmann-Digne : deux bizuts, deux jeunots, deux trajectoires, un même "potentiel"

"Soyez gentils avec les jeunes", a lancé Didier Deschamps sur le ton de la boutade. Les p'tits jeunes, ce sont les deux nouveaux du groupe, Antoine Griezmann et Lucas Digne. Avec un double bizutage au programme dès lundi. La traditionnelle chanson, évidemment. Pas le moment le plus glorieux d'une carrière internationale, en général, mais un élément incompressible de la première journée du bizut bleu. Pour Digne, ce sera  Papaoutai de Stromae, alors que Griezmann chantera "en espagnol" et en "inventant des mots que personne ne comprendra". Avant ce double concerto, il y avait eu le passage obligé devant la presse. Mais le vrai grand test, le seul qui vaille, ce sera évidemment sur le terrain, mercredi. Ils le savent, il n'y aura pas 50 occasions de faire ses preuves pour composter son billet Paris-Rio.

Leur présence, en soi, est déjà un signal. La liste de Didier Deschamps n'est pas fermée. Et leur jeunesse n'est pas un handicap. Au contraire, même. La perspective de l'Euro 2016 pourrait pousser le sélectionneur à opter, en cas d'hésitation, pour l'élément le plus jeune. "Je recherche un équilibre entre l'expérience et la jeunesse, mais c'est vrai que l'Euro 2016, on ne doit pas le préparer au dernier moment", souffle DD. A niveau égal, la jeunesse aura sans doute l'avantage sur le vécu. "Mais il faudra que le niveau soit vraiment égal", prévient-il. La jeunesse pour la jeunesse non. Mais si elle fait sens, deux fois oui. Pour un Griezmann ou un Digne, c'est un message fort. A eux de se rendre, sinon indispensables, du moins suffisamment utiles pour faire pencher la balance du bon côté (Comment Guilavogui s'est fait une place en Bleus malgré une saison fantôme).

S'ils débarquent au même endroit au même moment avec le même objectif en tête, leur parcours récent n'est en rien comparable. Antoine Griezmann vit une saison faste à la Real Sociedad et affole les compteurs, quand Lucas Digne se contente de miettes dans le festin parisien. Le milieu offensif aurait peut-être été appelé plus tôt s'il n'avait pas été suspendu plus d'une année pour la fameuse virée nocturne chez les Espoirs en 2012. Cet avènement "tardif" doit aussi beaucoup à cette raison extra-sportive. "Il est dans une très bonne période, il marque beaucoup, son potentiel est très intéressant", juge Deschamps.

Potentiel. Le même mot est revenu dans la bouche du même Didier Deschamps à propos de Lucas Digne. Son faible temps de jeu n'est certes pas idéal, mais il pèse moins que ce que le joueur a "potentiellement " à offrir. Comme l'a affirmé avec force le patron des Bleus lundi, à cent jours du Mondial, la "forme du moment n'est plus prioritaire. Le potentiel est plus important." A Griezmann et Digne, comme à d'autres, mais peut-être plus encore qu'à d'autres, de laisser entrevoir face aux Pays-Bas ce que le sélectionneur perçoit chez eux. Titulaires ou pas, ils auront plus que probablement du temps de jeu, histoire de faire leurs preuves.

Pour autant, cette grande première, ils veulent la concevoir comme un moment heureux, pas comme un examen de passage. "Je ne me mets aucune pression, je suis juste heureux, serein, assure Antoine Griezmann. J'ai envie de profiter à fond de ce moment. Oui, peut-être que je vais jouer ma place à la Coupe du monde, mais je veux profiter." La bonne approche? Peut-être. Après tout, ils n'ont rien à perdre. Ce France - Pays-Bas, de leur point de vue, c'est une chance. La chance du débutant. Celle de prouver que leur potentiel est trop grand pour ne pas les emmener dans l'avion.