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Espagne-Allemagne - Lorsque la Nationalmannschaft arrêtera de faire son cinéma...

Polo Breitner

Publié 18/11/2014 à 11:33 GMT+1

Seulement troisième de son groupe des Eliminatoires pour l’Euro 2016 après quatre journées, la Nationalmannschaft est entrée dans une profonde somnolence post-mondial brésilien. Et le réveil ne semble pas pour bientôt. Une situation qui pourrait se révéler dangereuse à la longue.

Polo et Joachim Low (Allemagne)

Crédit: Eurosport

La décompression est totale. Elle est logique après un succès planétaire, presque assumée par les autorités administratives du football germanique. Même les anciens grands champions, tels un Mario Basler ou un Fredi Bobic par exemple, la trouvent légitime. Depuis la quatrième étoile cousue sur le maillot, les sorties balle aux pieds du Nationalelf sont loin d’être glorieuses. Elles se sont conclues par deux victoires (l’Ecosse et Gibraltar), un nul (l’Irlande) et deux défaites (l’Argentine et la Pologne).
Indigne d’un Weltmeister me direz-vous. L’Allemagne a perdu de sa superbe et se comporte quelque-part comme un roi-fainéant, bien loin du statut que l’on voudrait lui voir assumer. Les raisons de ces fritures sur la ligne sont multiples. Les cadences infernales comme le calendrier pondu par l’UEFA lors de ces qualifications sont pointés du doigt.
Le Brésil a Neymar, l’Argentine a Messi, le Portugal a Ronaldo, l’Allemagne a une équipe
Cette phrase attribuée à Steven Gerrard montre une fois de plus que l’Angleterre n’a pas son pareil pour parler de ses adversaires. En bien ou en mal bien entendu. En tout cas, le capitaine emblématique du FC Liverpool s’inscrit dans la droite lignée d’un Gary Lineker et de sa célèbre diatribe ("le football est un jeu très simple. 22 joueurs courent après un ballon et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne").
Mais on peut aussi y déceler une autre signification : dans un football globalisé où la vision anglo-saxonne souhaite écraser la planète par son abrutissage systématique et son conformisme de  pensée, l’Allemagne reste "l’autre voie" mais aussi "l’autre voix". Un autre débat.
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Thomas Müller avec le maillot de l'Allemagne

Crédit: AFP

En tout cas, à l’heure des commémorations -aux vingt-cinq ans de la chute du Mur de Berlin- la capitale a honoré et célébré, en ce mois de novembre, ses champions avec la projection du film relatant les exploits des 23 joueurs présents au Brésil. Le titre "Die Mannschaft" (l’équipe) n’a rien d’exceptionnel et est dans la continuité de l’histoire officielle, du football germain depuis les fameux "11 Freunde" (les onze amis) de 1954. La victoire ne peut se fondre que dans un collectif, loin de la gloriole individuelle.
Cela n’a pas empêché le Bundestrainer Joachim Löw de demander à ses joueurs dès le 13 novembre, de revenir aux affaires courantes par un "le temps du tapis rouge est terminé". A-t-il été seulement entendu par ces joueurs ?
Une revanche contre l’Espagne ? Pour quoi faire, nous sommes champions du monde
Déjà éludons le débat plutôt que de faire semblant. L’opposition prestigieuse de mardi soir contre la Roja n’intéresse pas beaucoup de professionnels, lesquels doivent jongler avec un calendrier démentiel. La réforme qui a amené 24 pays à se qualifier pour l’Euro 2016 ne fait pas que des heureux, la durée des qualifications est trop longue. Toutes les grandes nations du football se plaignent. L’Allemagne aussi. Rencontrer Gibraltar ou se déplacer à Triffouillis les Oies…si on pouvait éviter à l’avenir.
La Nationalmannschaft se fiche complètement de ce match contre l’Espagne. Les "Weltmeister" vivent encore comme des coqs en pâte. Ils ont déjà subi une défaite "historique" en déplacement chez le voisin polonais (0-2) malgré une domination de tous les instants. Pourquoi s’alarmer de cette déconvenue à Varsovie d’ailleurs ? Les Allemands ont écrasé toute la rencontre contre des locaux, regroupés autour de leur portier Szczesny, excellent ce soir-là, ou courant après la balle. L’Aigle blanc s’est fait becqueter par son homologue noir durant quatre-vingt dix minutes. Les statistiques sont accablantes de vérité…reste le résultat et la finalité du ballon rond…franchir la ligne.
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Tony Kroos (Allemagne)

Crédit: AFP

Mais ce n’est pas tout. Les deux points perdus à domicile contre l’Irlande (1-1) avec l’égalisation de John O’Shea à la 94e minute, montrent que la Nationalmannschaft est encore dans une zone de confort. Les victoires contre l’Ecosse (2-1) et Gibraltar (4-0) n’ont apporté aucune réponse. L’Allemagne est au-dessus de ses adversaires, c’est indéniable. Mais a-t-elle envie de se faire mal ? D’être plus rigoureuse ? De sortir de ce coconnage où elle se sent si bien ?

Même les "surprises" de la sélection au mondial brésilien ne sont pas là 

Mardi soir, le meilleur gardien du monde Manuel Neuer sera absent, tout comme la défense centrale théorique, Hummels-Boateng. Le chantier des latéraux reste béant et rien ne peut affirmer qu’un Erik Durm sera titulaire à l’Euro 2016. Même si l’avenir lui appartient compte tenu de son jeune âge, 22 ans. Quant au relayeur de formation d’Hoffenheim, Sebastian Rudy, il peut continuer de dépanner au poste d’arrière-droit sans oublier de mentionner la "Doxa Thuram" dont le Bundestrainer est très friand avec le défenseur central Antonio Rüdiger décalé à tribord.
Au milieu, le successeur désigné de Lahm au rôle de capitaine, Bastian Schweinsteiger est toujours à l’infirmerie, Ilkay Gündogan est tout juste en reprise à Dortmund, tout comme le grand absent du tournoi 2014 au Brésil, son partenaire de club Marco Reus. Même les "surprises" de la sélection au mondial brésilien ne sont pas là : Christoph Kramer est aux soins. Mesut Özil en a encore pour plusieurs semaines afin de se rétablir et son rôle est encore à (re)définir. Quant à l’attaque…c’est morne plaine. Alors on continue les essais.
"Je ne peux pas être satisfait", déclarait le sélectionneur Joachim Löw au sortir de la prestation de son équipe contre Gibraltar. On peut le comprendre et on espère, seulement, que la vitrine du football allemand ne va pas perdre, au pays, toute la sympathie qui l’entoure. L’embourgeoisement est une valeur rarement compatible avec le sport de haut niveau.
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